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Didier Guillaume, le nouveau ministre de l'Agriculture, sera-t-il écolo-compatible ?

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Ce mardi 16 octobre 2018, Didier Guillaume a succédé à Stéphane Travert au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. Photo AFP

Didier Guillaume est loin d'être un novice. A 59 ans, ce Drômois nommé ce mardi ministre de l’Agriculture et de l'Alimentation a un CV bien rempli. Ancien directeur de campagne de Manuel Valls et ancien président du groupe socialiste au Sénat, Didier Guillaume est aussi et surtout un élu rural qui sait de quoi il parle. Il succède à Stéphane Travert. Pas vraiment écolo-compatible, ce dernier paie ses oppositions répétées avec le ministère de la Transition écologique, qui ont beaucoup compté dans la regrettable démission de Nicolas Hulot. On peut donc voir dans cette nomination un geste d'apaisement en direction des écologistes. Didier Guillaume parviendra-t-il pour autant à faire la synthèse entre agriculture et environnement ? C'est une autre paire de manches.

La bénédiction de la FNSEA...

Selon son entourage, ce proche de Manuel Valls rêvait depuis longtemps d'être ministre de l’Agriculture. Conseiller politique [de 1998 à 2002] de Jean Glavany au ministère de l’Agriculture, Didier Guillaume était déjà prêt à prendre ce portefeuille sous la présidence de François Hollande, où il était rapporteur du projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt et bien connu du monde agricole. La FNSEA, premier syndicat agricole conventionnel, se félicite d'ailleurs dans un communiqué de cette nomination  :"Élu rural et familier du monde agricole, nous l'appelons à inscrire sa mission sous le signe de l’action et du pragmatisme".

... le bon point de la FNE...

"Didier Guillaume .../... a beaucoup promu l’agriculture biologique dans sa région et nous attendons qu’il le fasse tout autant au niveau du ministère."

Didier Guillaume peut en effet mettre en avant son ancrage local, dans la Drôme, département qu’il a présidé d’avril 2004 à avril 2015. L’agriculture y occupe une place très importante et il fut longtemps le premier département bio de France. Un bon point pour le nouveau ministre de l'Agriculture, souligné dans "20 Minutes" par Michel Dubromel, président de la Fédération nationale de l’environnement  (FNE) : "Didier Guillaume n’est pas pour rien dans cette première place, estime-t-il. Il a beaucoup promu l’agriculture biologique dans sa région et nous attendons qu’il le fasse tout autant au niveau du ministère.""Nous espérons que Didier Guillaume aura notamment le courage d’appliquer totalement la séparation le conseil et la vente des produits phytosanitaires", ajoute le patron de la FNE.

... et l'"a priori" favorable de la Confédération paysanne

Même son de cloche de la part de la Confédération paysanne, dont le porte-parole, Laurent Pinatel, "salue cette nomination". Le syndicat qui défend une agriculture paysanne et ses travailleurs a un "a priori" plutôt favorable sur cette nomination, et attend du nouveau ministre qu'il "porte l'ambition insufflée par les Etats généraux de l'alimentation en faveur du revenu paysan et de la transition agricole et environnementale." La Confédération paysanne rappelle l'importance des dossiers qui attendent le nouveau ministre de l'Agriculture. Dont la fin de la loi Agriculture et Alimentation qui a dores et déjà été votée et qui déçoit beaucoup, en l’état actuel, les associations environnementales. Mais pour laquelle il reste quelques ordonnances à prendre qui pourraient sauver les meubles. Et puis, il y aussi l'énorme dossier de la politique agricole commune, avec la gestion de la PAC actuelle et la préparation de la nouvelle PAC qui doit arriver en 2021.

Remettre l’agriculture sur le chemin de la transition écologique

On le voit, les attentes du monde agricole et du monde environnemental sont fortes et nombreuses. Après l'échec de Stéphane Travert à travailler en bonne intelligence avec le ministère de la Transition écologique, les défenseurs de l'environnement comme les agriculteurs engagés dans la transition agricole et écologique espèrent avant tout que les deux ministères retrouvent des rapports normaux et que Didier Guillaume remette l’agriculture sur le chemin de la transition écologique. Car elle s'en est quelque peu écarté avec son prédécesseur, dont le passage au gouvernement reste marqué par ses rapports conflictuels avec Nicolas Hulot. Sur le dossier emblématique du glyphosate comme sur celui du projet de loi Agriculture et alimentation.

La Fédération des Parcs naturels régionaux de France salue aussi la nomination de Didier Guillaume, mais aussi celle de Franck Riester, nouveau ministre de la Culture. Deux personnalités "fortement impliquées dans la défense et la promotion des Parcs naturels régionaux notamment sur leurs territoires" note la
 Fédération qui "appelle de ses voeux une mobilisation véritablement interministérielle pour que la transition écologique devienne enfin une réalité". Tout comme la Fédération Nationale Entrepreneurs des Territoires (FNEDT), l’organisation professionnelle qui rassemble les entrepreneurs de travaux agricoles, forestiers et ruraux.

Le gros hic, pour Didier Guillaume, sera que sur la grande majorité des dossiers qui l'attendent, la FNSEA n'a pas vraiment le même point de vue que la Confédération paysanne et les défenseurs de l'environnement... Son entourage politique dit aussi de lui qu'il sait faire consensus. Essentielle dans son nouveau poste, cette qualité politique risque d'être très vite mise à rude épreuve. A suivre.

Cathy Lafon

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