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Carnet vert : les premiers lionceaux-éprouvettes sont nés en Afrique du Sud

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Victor et Isabel, les deux premiers lionceaux-éprouvettes nés au centre d'Ukutula, à Prétoria, en Afrique du Sud, le 29 septembre 2018. Photo AFP

Ils s'appellent Isabel et Victor. Même à les observer de près, rien ne distingue des autres ces deux lionceaux qui se mordillent en grognant joyeusement dans leur enclos de la banlieue de Pretoria, en Afrique du Sud. Pourtant, ces nouveaux-nés sont totalement uniques : ce sont les "tout premiers lionceaux conçus par insémination artificielle, les premiers au monde", ont annoncé fièrement leurs "parents", chercheurs à l’université de la capitale sud-africaine.

Les deux petits lionceaux-éprouvette, nés le 25 août 2018, se portent à merveille, assure Andre Ganswindt, le directeur de l’Institut de recherche sur les mammifères de Pretoria, en prédisant que l’heureux événement a concrétisé dix-huit mois d’essais scientifiques intensifs. Les scientifiques ont collecté le sperme d’un lion en bonne santé puis inséminé la lionne. Après avoir procédé à plusieurs tentatives, ça a marché. La tâche n’était pourtant pas aisée, car "travailler avec des animaux sauvages, surtout des carnivores, est un défi", explique l’une des chercheuses, Imke Luders. 

Renouveler l'espèce là où elle est menacée

La fécondation elle-même a été menée dans un laboratoire spécialisé d’Ukutula, dans la province sud-africaine du Nord-Ouest. Andre Ganswindt espère désormais répéter au plus vite la manipulation. "C’était une première, nous devons l’évaluer pour nous assurer que cette approche peut être reproduite avec succès et plus régulièrement", souligne-t-il. Si son efficacité est confirmée, cette technique pourrait être utilisée par d’autres équipes pour renouveler l’espèce à des endroits où elle est menacée, s’enthousiasme le chercheur.

43% de la population des lions a disparu en 20 ans

Car pour sauver les lions, il y a urgence. A l’échelle de la planète, la population du roi des animaux a chuté de 43% depuis vingt ans pour atteindre aujourd’hui quelque 20 000 spécimens, estime l’Union internationale pour la protection de la nature (UICN), qui a classé le prédateur dans la catégorie des espèces vulnérables. « La population des lions a diminué significativement, de même que celles de nombreux autres félins. Si nous ne faisons rien, ils risquent de disparaître », s’alarme Andre Gandswindt.

La fécondation in vitro, un outil pour préserver les espèces en danger ?

Avec la fécondation in vitro, les chercheurs pourraient épargner au moins temporairement le déplacement des animaux pour les faire s’accoupler et simplement acheminer le sperme auprès de femelles, comme cela se fait déjà pour les éléphants en captivité en Amérique du Nord ou en Europe, explique le chercheur. La naissance des premiers lionceaux par insémination artificielle dans le pays où ils vivent et non pas dans un zoo à l’étranger, montre aussi que la protection de la biodiversité en danger peut avoir plusieurs facettes, y compris les techniques d’aide à la reproduction.

Le douche froide des ONG environnementales

Les défenseurs de la faune eux sont beaucoup moins enthousiastes. "Si nous sommes favorables aux stratégies de protection in situ en cas de danger pour une espèce, nous ne soutenons pas les expériences d’insémination artificielle chez les lions"car elles alimentent une industrie basée sur la chasse, ont dénoncé une vingtaine d’ONG dans un courrier adressé aux chercheurs. Ce collectif s’est toutefois déclaré favorable à la fécondation in vitro pour d’autres espèces menacées comme les guépards.

"Totalement inutile"

Responsable de l’ONG Panthera pour l’Afrique australe, Paul Funston a lui jugé totalement inutile la « première » accomplie par les chercheurs de l’université de Pretoria. "En captivité, les lions se reproduisent très facilement, comme la plupart des félins d’ailleurs", note-t-il.  

"La population des lions sauvages en Afrique a reculé et reste confrontée à des défis comme la perte de son habitat et la chasse", acquiesce son collègue de Born Free, Mark Jones, "mais la difficulté à se reproduire ne fait certainement pas partie des problèmes qui menacent leur protection".

Cathy Lafon avec l'AFP

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