Pollution de l'air : Berlin devra interdire son centre-ville aux véhicules diesels les plus polluants
Le tribunal de Berlin a exigé ce mardi 9 octobre 2018 que la capitale interdise la plupart des véhicules diesel sur plusieurs de ses axes. Un nouveau coup porté à une technologie tombée en disgrâce, car ultra-polluante. Photo AFP
Ce mardi 9 octobre, saisie par une une ONG environnementale, Deutsche Umwelthilfe (DUH), la justice allemande a tranché : les véhicules diesel de normes Euro 5 ou inférieures seront interdits dans certaines rues de Berlin, à partir du 1er avril 2019. Au total, 15 km sont concernés. La décision concerne les véhicules dont les émissions d'oxyde d'azote (NOx) excèdent les dernières limites autorisées, soit jusqu'à 200 000 automobiles, selon des estimations de la presse allemande, même si des exceptions seront faites pour raisons professionnelles notamment.
Une victoire pour l'association de protection de l'environnement et pour tous les écologistes berlinois
"C'est une belle journée pour l'air que nous respirons", s'est réjoui Jürgen Resch, le président de la DUH, cité par l'agence de presse allemande DPA. L'association qui exigeait initialement une interdiction plus généralisée, voudrait contraindre Berlin à appliquer les normes maximales de pollution de l'air exigées par le gouvernement allemand : 40mg/m3 annuel d'oxyde d'azote (NOx), contre les 49mg actuels mesurés dans l'air berlinois.
Le diesel en ligne de mire
Le diesel, émet moins de Co2 que l'essence mais plus de particules d'oxyde d'azote (NOx), mises en causes dans des maladies respiratoires ou cardiovasculaires. La DUH réclame l'interdiction des véhicules diesel répondant aux normes Euro 1 à Euro 4 d'ici la fin de l'année et des véhicules diesel aux normes Euro 5 d'ici septembre 2019. Ces normes européennes ont été instaurées au début des années 1990 sur les véhicules neufs pour contraindre les constructeurs automobiles à produire des véhicules de plus en plus propres. On en est actuellement aux normes Euro 6.
L'affaire Volkswagen
Outre-Rhin, pays roi du diesel avec la France, la question de ces véhicules ultrapolluants se pose avec force depuis que le géant Volkswagen a reconnu en septembre 2015 avoir faussé les tests d'émissions de ses moteurs diesel. Il est apparu depuis que les véhicules diesel de plusieurs constructeurs dépassaient eux aussi les limites d'émissions polluantes.
Leipzig, Francfort, Hambourg...
En février dernier, le tribunal administratif fédéral de Leipzig avait jugé que les grandes villes allemandes avaient le droit d'interdire la circulation des voitures diesel polluantes. Une interdiction de ce type doit entrer en vigueur en février 2019 à Francfort. La ville-Etat de Hambourg a d'ores et déjà interdit aux modèles diesel ne respectant pas les normes Euro 6 de circuler sur certains axes. Autant d'interdiction qui sont la bête noire de la très puissante industrie automobile allemande et du gouvernement d'Angela Merkel, qui s'échine à les empêcher depuis un an afin de préserver ce secteur stratégique économique qui emploie 800 000 personnes et dont les ventes sont en chute libre depuis que l'affaire Volkswagen.
Rome, Bruxelles, Oslo
"Le diesel et l'essence n’ont plus leur place dans les centres-villes modernes", Greenpeace, le 9 octobre 2018.
La décision berlinoise vient s'ajouter à une longue liste de mesures prises par d'autres villes européennes pour éloigner les vieux diesels des artères centrales, comme à Madrid, Rome et Bruxelles. Si les gouvernements tardent parfois à agir, les villes européennes bataillent, entres péages, vignettes, malus, journées sans voiture et créations de zones de faibles émissions, pour chasser les moteurs diesel et se remettre dans les clous en ce qui concerne la qualité de l'air et le risque que font peser sur la santé publique les émissions toxiques des vieux diesels.
L'Europe veut une réduction de 40 % des émissions de CO2 des voitures
Par ailleurs, l'UE a décidé de reprendre la main aussi sur la question des seuils d'émissions de CO2. La Commission a ainsi lancé en septembre 2017, dans le cadre de son paquet "Mobilité propre", un objectif commun de réduction des émissions de CO2, de 30% d'ici 2030, avec un objectif intermédiaire de -15% en 2025. Le 3 octobre, le Parlement européen a estimé que les véhicules légers neufs devaient réduire leurs émissions de CO2 de 40% d’ici 2030. Cet objectif de diminution moyenne d’émissions de gaz à effet de serre est valable tant pour les voitures particulières que pour les camionnettes et doit se mesurer par rapport à 2021. Une étape intermédiaire a été fixée, avec une réduction de 20% d’ici 2025.
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