Avec le réchauffement climatique, les légumes vont devenir plus rares
Plante la plus cultivée au monde, le maïs subira les conséquences du réchauffement climatique. Photo archives AFP
Si le réchauffement climatique se poursuit à son rythme actuel, avec une hausse de température de 4° C à la fin du siècle, en 2100, préviennent les chercheurs, les légumes pourraient devenir plus rares partout dans le monde, à moins que de nouvelles formes de culture soient mises en place et que l’on cultive des variétés de légumes plus résistantes.
Selon une étude menée par des chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine et publiée dans la revue de l’Académie américaine des sciences (PNAS) le 11 juin 2018, la production mondiale de légumes baissera de 31,5 % en moyenne.
Un tiers des récoltes mondiales de légumes en moins
"Les fruits et légumes sont des éléments essentiels d’une alimentation saine, équilibrée et durable et les directives nutritionnelles recommandent systématiquement aux gens d’incorporer plus de ces produits dans leur alimentation. Notre nouvelle analyse suggère cependant que ce conseil est en conflit avec les impacts potentiels des changements environnementaux qui diminueront la disponibilité de ces importantes cultures, à moins que des mesures ne soient prises". Pauline Scheelbeek, scientifique co-auteure de l’étude
Un air plus chaud et des ressources amoindries en eau expliqueraient cette réduction de près d’un tiers des récoltes de légumes, qui sont cruciaux à une alimentation saine. L’Europe du Sud et de larges pans de l’Afrique et de l’Asie du Sud pourraient être particulièrement affectés.
174 études passés au crible
Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont passé au crible quelque 174 études examinant l’impact de l’environnement sur les récoltes et les contenus nutritifs de légumes depuis 1975. « Nous avons compilé pour la première fois toutes les preuves disponibles de l’impact du dérèglement climatique sur les récoltes et la qualité des légumes et légumineuses », a résumé un des auteurs, Alan Dangour, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. « Notre analyse suggère que si nous continuons comme si de rien n’était, le dérèglement climatique réduira considérablement la disponibilité globale de ces aliments importants », a-t-il ajouté.
Le maïs en danger
Une seconde étude publiée dans PNAS se penche par ailleurs sur le maïs, la plante la plus cultivée au monde. La vaste majorité du maïs exporté provient des Etats-Unis, du Brésil, d’Argentine et d’Ukraine. Avec une hausse de température de 4 degrés Celsius d’ici la fin du siècle, il y a « 86% de chances (…) pour que les quatre grands exportateurs de maïs connaissent une mauvaise année de façon simultanée », indique l’étude.
Sécurité alimentaire
« Nous avons conclu qu’alors que la planète se réchauffe, il devient de plus en plus probable pour différents pays de faire simultanément face à des pertes de récoltes majeures, ce qui a d’importantes implications pour les prix des aliments et la sécurité alimentaire », a mis en garde l’auteure principale, Michelle Tigchelaar, de l’Université de Washington (UW).
Conclusion de ce groupe de chercheurs: il faut agir d’urgence, y compris en soutenant une agriculture qui résiste mieux aux changements climatiques et cela doit être une priorité des gouvernements à travers le monde.
Cathy Lafon avec l'AFP
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