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Mobilité durable et pollution de l'air : selon Greenpeace, les grandes villes françaises ont toutes (plus ou moins) des progrès à faire

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En 2015, un père de famille emmène son enfant à l’école à Strasbourg, première ville cyclable de France. Photo archives AFP

Le secteur des transports avec le trafic automobile est le premier responsable de la pollution de l'air, troisième cause de la mortalité en France. Pour évaluer l'action des grandes villes françaises en matière de mobilité durable pour sortir du tout-voiture, Greenpeace a passé au crible les douze plus grandes agglomérations françaises : Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nice, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse. 

L'ONG a dévoilé ce mercredi 27 juin 2018 les résultats de son enquête menée avec l'appui du Réseau Action Climat et les points de vue et témoignages d’une vingtaine d’associations locales de promotion du vélo et d’usagers des transports en commun, selon des critères très précis. Greenpeace a évalué ces douze villes en prenant en compte les restrictions mises en place sur les voitures polluantes, le renforcement de l'offre des transports en commun, la création d'un réseau de vélo et les incitations au changement de comportements.

Ce panorama de la mobilité durable montre que très peu de villes se sont engagées sur une sortie des véhicules diesel et essence. Quant à l’action des responsables politiques, elle reste insuffisante en matière de développement des alternatives à la voiture, comme le vélo et les transports en commun. 

En tête du classement, Strasbourg, Paris, Nantes et Grenoble. En queue de peloton, Marseille et Nice. Dans la région, Bordeaux est jugée "trop timide".

Réalité contrastée

Si les douze villes étudiées ont toutes des efforts à faire pour sortir définitivement du tout-voiture, l'enquête de l'ONG fait toutefois apparaître une réalité contrastée.

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Strasbourg, maillot jaune

Sans surprise, tous critères confondus, la ville la plus vertueuse du pays est Strasbourg. Seul gros bémol : pour la mise en place d'une Zone à circulation restreinte (ZCR) permanente où les véhicules d’avant 1997 seraient interdits, la reine incontestée du vélo et des transports en commun n'en est restée qu'au stade du simple engagement. Par ailleurs, elle n'a pris aucun engagement en faveur d’une ville libérée des voitures diesel et essence.  

Paris, Nantes et Grenoble, dans la roue

Peu de villes ont affirmé leurs ambitions en matière de restrictions sur les véhicules polluants : seules Paris et Grenoble se démarquent. Elles doivent encore confirmer ces ambitions tout en poursuivant les efforts en matière de développement des alternatives comme le vélo et les transports en commun. Quant à Nantes, avec ses réseaux de vélo et de transports en commun solides, elle a de bonnes cartes en main pour assumer une sortie des véhicules polluants.

Toulouse, Bordeaux, Lyon, Lille, Rennes et Montpellier : au milieu du peloton

La plupart des grandes villes françaises doivent de toute urgence avancer sur les restrictions d’utilisation des véhicules polluants et sur le développement des alternatives. Toulouse, Bordeaux, Lyon, Lille, Rennes et Montpellier devraient passer à la vitesse supérieure.

Marseille et Nice à la traîne

Marseille et Nice font figure de lanterne rouge et n’en sont même pas au stade de l’engagement sur une sortie du tout-voiture.

Bordeaux, "trop timide"

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Bordeaux a dédié à titre expérimental un pont central de la ville, le pont de pierre, uniquement aux modes doux (marche/vélo) et aux transports en commun. Photo archives Sud Ouest / Laurent Theillet

Relativement bien classée en ce qui concerne les incitations à changer de comportement, l'agglomération récolte des notes insuffisantes sur tous les autres critères : mise en place d’un réseau express vélos, renforcement des transports en commun, restrictions sur les voitures polluantes.

  • Restrictions sur les voitures polluantes : Bordeaux Métropole étudie la possibilité de créer une ZCR (zone à circulation restreinte) où les véhicules d’avant 1997 seraient interdits. Mais cette zone n’existe pas encore, regrettent Greenpeace et le Réseau Action Climat. Lauréate parmi d’autres de l’appel à projets “villes respirables à 5 ans” lancé en 2015, Bordeaux s’était dans ce cadre engagée à étudier la mise en place d’une zone à circulation restreinte, expliquent les deux ONG. Une zone de protection de l’atmosphère a été mise en place en 2017 à l’échelle départementale (restrictions de circulation ponctuelles et en réaction à des pics de pollution). En revanche, pour ce qui concerne une zone à faibles émissions permanente, cela reste flou, et il n’y a pas d’ambition affichée en faveur d’une ville à terme libérée des véhicules diesel et essence.

  • Renforcement de l’offre de transports en commun : la volonté politique de la métropole bordelaise est insuffisante et/ou ses projet(s) ne répondent pas forcément aux enjeux prioritaires, estime l’association Fnaut Nouvelle Aquitaine. Après la période 2000-2010 où existait la volonté de limiter la place de la voiture et de développer les transports en commun et les modes doux, les années 2010-2018 montrent un immobilisme. La Fnaut pointe la pression des lobbys et la proximité des élections municipales qui, selon elle, bloquent le développement de projets indispensables, dont une meilleure utilisation des voies ferrées et gares existantes et d’une coopération avec la Région sur les TER. 

  • Mise en place d’un réseau express vélo : Bordeaux a affiché son ambition de mettre en place un réseau express vélo, un Réseau Express Vélo, mais l’association Vélo-Cité n'enregistre pas ou peu de progrès sur le terrain dans ce sens. La collectivité s'est juste contentée de surligner sur un plan des axes structurants existants. Toutefois, deux pistes cyclables structurantes ont été balisées et l'on peut voir des panneaux indicateurs sur diverses communes, reconnaît Vélo-Cité. 

  • Incitations au changement des comportements :  des mesures incitatives plutôt satisfaisantes et un engagement à poursuivre dans ce sens (4 étoiles), pour Vélo-Cité. Des mesures incitatives en place mais qui restent insuffisantes (2 étoiles), pour la Fnaut Nouvelle Aquitaine, plus sévère.

Outre un bon travail de communication et de concertation en faveur des déplacements à vélo, la métropole dispose d’un ambitieux plan vélo réactualisé en 2017 et doté d’un budget qui affiche l’objectif d’une part modale vélo de 15 % dans la métropole.  Plusieurs mesures vont dans le bon sens, comme la prime à l’achat d’un vélo électrique, l'organisation de dimanches sans voiture, la mise en place des maisons du vélo, des systèmes de prêts gratuits de vélos aux habitants et de nombreux arceaux de stationnement. Enfin, note Vélo-Cité, à Bordeaux, de manière expérimentale à ce stade, un pont central, le pont de pierre, a été dédié uniquement aux modes doux (marche/vélo) et aux transports en commun, ce qui est très prometteur. En revanche, la piste cyclable d’un autre pont structurant, le pont François Mitterrand, doit être prochainement supprimée. Selon l'association, il existe donc encore des contradictions. 

Pour sa part, la Fnaut pointe un immobilisme de mise. Seules subsistent les initiatives lancées par le passé, comme un (seul) dimanche par mois sans voitures, tacle l'association, en détaillant : les zones 30 demandées par les associations sont refusées, le développement du stationnement payant est bloqué par les riverains, la zone à circulation restreinte est renvoyée à plus tard sous pression du lobby auto, et pas de volonté d’améliorer rapidement l’accessibilité des arrêts de bus et les cheminements piétons.

Bordeaux doit mouiller le maillot

Loin d'être reléguée avec les lanternes rouges de ce classement, Bordeaux Métropole a encore de gros coups de pédale à donner et doit mouiller le maillot si elle veut prendre un jour la tête des villes en course pour sortir du tout-voiture afin d'améliorer la qualité de l'air du pays et de protéger la santé de ses habitants. La bonne nouvelle, c'est que la capitale de la Nouvelle-Aquitaine a aujourd'hui plein d'atouts dans son jeu pour y parvenir. A condition, selon Greenpeace, de changer de toute urgence de braquet pour développer les alternatives à la voiture individuelle et restreindre la circulation des véhicules les plus polluants, diesel et essence. 

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Pour consulter l’analyse complète de Greenpeace, en collaboration avec le Réseau Action Climat et une vingtaine d’associations locales : cliquer ICI 
  • Pour consulter les résultats, pour Bordeaux, de l’enquête réalisée en 2017 par la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) et qui a permis de recueillir le ressenti des usagers sur la cyclabilité de leur ville : cliquer ICI

►A LIRE

►LIRE AUSSI

  • Les articles de Ma Planète sur la pollution de l'air : cliquer ICI
  • Les articles de Ma Planète sur le vélo : cliquer ICI
  • Les articles de Ma Planète sur les transport en commun : cliquer ICI 

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