Le livre vert du dimanche. "L'illusion nucléaire : la face cachée de la bombe atomique"
La première rencontre entre un président américain en exercice, Donald Trump, et le leader de la Corée du Nord Kim Jong-un, s'est tenu cette semaine, avec au menu l'épineuse question de la dénucléarisation du pays du dictateur coréen. Un sommet historique pour la paix en Asie, à l'heure où l'opinion internationale s’émeut, à juste titre, de l'utilisation d’armes chimiques en Syrie.
Pourtant, selon Paul Quilès (ancien ministre de la Défense de François Mitterrand), Jean-Marie Collin (consultant et expert de la dissuasion et de la non-prolifération nucléaires) et Michel Drain (chercheur et ancien administrateur des services de l’Assemblée nationale), près de soixante-treize ans après Hiroshima et alors que de plus en plus de voix de la société civile jugent la théorie de la dissuasion nucléaire obsolète, et plaidant pour un abandon de l’arme nucléaire, on continue, notamment en France, à fermer les yeux sur le danger des armes atomiques.
Vingt-deux récits pour déconstruire l'illusion nucléaire
Comment cela est-il possible et pourquoi un tel aveuglement, voire un tel déni collectif, s'interrogent les co-auteurs de l'essai : "L'illusion nucléaire : la face cachée de la bombe atomique"? À partir de vingt-deux récits, l'ouvrage décrypte les mythes entourant l'armement nucléaire qui se prétend dissuasif et protecteur, et dénonce des méthodes qui, selon ses auteurs, n’ont rien à envier aux techniques classiques de la propagande : déformation ou dissimulation de la vérité, sous-estimation de certaines données, accidents gardés secrets, opacité budgétaire...
Risques vitaux pour l'humanité
L’enjeu est pourtant de taille si l’on considère les risques vitaux que représentent les armes nucléaires pour l’humanité tout entière. Malgré tout, alors qu’une course aux armements semble s’engager au niveau mondial, près d'un demi-siècle après la mort du général de Gaulle et malgré la fin de la guerre froide, le débat national et international sur la pertinence d’un arsenal nucléaire n’a toujours pas eu lieu. Au contraire, il reste occulté par le prestige et la force de dissuasion qu’on lui associe pour les États qui en sont détenteurs, pointent Paul Quilès, Jean-Marie Collin et Michel Drain. Ces trois personnalités de poids, experts internationaux reconnus, n'ont vraiment rien de militants antinucléaires échevelés. Ils prônent pourtant, avec ardeur et conviction, le désarmement nucléaire.
Un essai précis, ultra-documenté et pertinent, qui veut réveiller les consciences en montrant que le maintien d’une politique de dissuasion nucléaire n'est aujourd'hui qu'une affirmation non démontrée, et ne signifie rien d’autre que l’acceptation du risque d’un suicide collectif.
►A LIRE
- "L'illusion nucléaire : la face cachée de la bombe atomique". Paul Quilès, Jean-Marie Collin et Michel Drain. Livre en partenariat de diffusion avec Initiatives pour le désarmement nucléaire (IDN). 176 pages. 20 euros. En librairie depuis le 17 mai 2018.
►PLUS D'INFO
- La communauté internationale qui a rapidement pris conscience des risques de l'armement nucléaire, y a répondu dès 1968 avec le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), puis avec les accords SALT I en 1972 et SALT II en 1979 négociés entre les États-Unis et l'URSS. Ces traités visant à instaurer un statu-quo pour l'un, et à limiter le nombre d'armes nucléaires détenus par Américains et Russes pour l'autre s'inscrivent pleinement dans la logique de la dissuasion nucléaire.
- Paul Quilès a été ministre à plusieurs reprises et notamment ministre de la Défense. À l’Assemblée nationale, il a été président de la commission de la Défense. Il a été responsable national du Parti socialiste, chargé des questions de stratégie et de défense et a créé l’association "Arrêtez la Bombe" (ALB. Il est actuellement maire de Cordes-sur-Ciel et président d’Initiatives pour le désarmement nucléaire (IDN). Jean-Marie Collin est expert sur les questions de sécurité internationale et de désarmement, notamment dans les domaines de la dissuasion et de la non-prolifération nucléaires. Michel Drain a été administrateur des services de l’Assemblée nationale où il a notamment été chargé d’assister les rapporteurs spéciaux du budget de la Défense.
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