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Biodiversité : pour les abeilles et les apiculteurs, c'est l'alarme

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Une abeille en train de butiner. Photo archives AFP

Dans les ruches, c'est l'hécatombe. Le phénomène n'est pas nouveau mais prend de l'ampleur, devenant alarmant. Les colonies disparaissent par milliers dans le pays. Confrontés à une mortalité des abeilles sans précédents depuis plus d'une vingtaine d'années, les apiculteurs qui ne cessent de tirer la sonnette d'alarme, se sont mobilisés jeudi dernier, le 7 juin, pour organiser des actions chocs dans plusieurs villes de l'Hexagone, dont Paris et La Rochelle, pour alerter les autorités et sensibiliser l'opinion publique. A Paris, ils ont reçu la visite surprise et le soutien affiché de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, qui s'est engagé à trouver des solutions.

 

Catastrophe écologique

Il est en effet plus que temps de réagir. Certes, la chute brutale des populations d'abeilles risque nous priver de ce miel si précieux qui fait nos délices. Mais surtout, elle peut entraîner une véritable catastrophe écologique. La contribution des abeilles à la vie de l'homme et à la nature est essentielle : la pollinisation des plantes s'opère grâce au travail infatigable des petites ouvrières des champs. Un travail estimé à 143 milliards d'euros par an, selon une étude de BBC Earth. Selon les scientifiques, sept plantes sur dix se reproduisent sur Terre grâce aux abeilles, dont le travail permet de fournir 30% de notre alimentation.  Un monde sans abeilles serait aussi un monde sans fruits et légumes... Impossible à imaginer.

Un état des lieux alarmant 

Dans les années 1990, les apiculteurs enregistraient dans leurs ruches une mortalité de 3 à 5%. Depuis plusieurs années, les professionnels subissent des pertes moyennes de 30% de leurs cheptels en hiver, selon l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf). « Aujourd’hui, on a franchi un cap supplémentaire », avec des taux de mortalité pouvant grimper à 40, 50 voire 80%, indique Gilles Lanio, président de l’Unaf.  Du jamais vu.

Mais d'où vient la surmortalité des abeilles ?

Pesticides "tueurs d'abeilles"...  

La faute à quoi et/ou à qui ? Ce sont les activités humaines qui sont responsables de la disparition des abeilles. Dans le collimateur des apiculteurs, premiers au banc des accusés, les pesticides chimiques. A l'instar de ces fameux insecticides néonicotinoïdes, interdits depuis cette année par l'Europe, identifiés comme cause principale de la mortalité dans les ruches. Ils sont utilisés par les agriculteurs pour combattre les insectes dans les champs, avec comme dommage collatéral de désorienter les butineuses, chargées de récoler le nectar sur les fleurs avant de le rapporter à la ruche. Le hic, c'est que des dérogations existent dans certaines cultures... Autant dire que l'interdiction ne sert pas à grand chose.  Aussi, l'UNAF insiste-t-elle pour le retrait de toutes les autorisations sans exception de l'utilisation de ces phytosanitaires "tueurs d'abeilles".

... réchauffement climatique et frelon asiatique

Le réchauffement climatique planétaire, provoqué par nos émissions de gaz à effet de serre, avec les bouleversements climatiques qu'il provoque, a aussi des conséquences catastrophiques sur la reproduction de l'insecte et sur son activité. De même les changements dans les cultures : les abeilles peuvent se retrouver en manque des plantes qu'elles apprécient tout particulièrement, comme la luzerne, le sainfouin ou le trèfle blanc qui désertent de plus en plus les champs. Enfin, le frelon asiatique, redoutable prédateur introduit accidentellement en France par l'homme en 2003, dans des poteries provenant de Chine, vient compléter le trio de tête des principaux tueurs d'abeilles. 

Un recensement pour un état des lieux national

Au soir de la mobilisation des apiculteurs pour réclamer des aides exceptionnelles et un environnement plus favorable aux pollinisatrices, le ministère de l’Agriculture a annoncé jeudi dernier que la France allait lancer un état des lieux national précis des mortalités d’abeilles.  Ce recensement permettra « d’expertiser les dispositifs d’accompagnement les plus adaptés » a souligné le ministère, où une délégation d’apiculteurs a été reçue dans la journée par le cabinet de Stéphane Travert. Par ailleurs, fin 2017, le ministère avait mis en place en Bretagne et dans les Pays de Loire un dispositif permettant aux apiculteurs de déclarer leurs pertes, qui va être étendu au niveau national.

La Nouvelle-Aquitaine aux côtés des apiculteurs 

Depuis cet hiver, la Dordogne elle aussi connait une situation de mortalité des ruches sans précédent, ainsi qu'un affaiblissement du monde des insectes. La filière départementale apicole est en difficulté, notamment les jeunes professionnels. Ce mercredi 13 juin, Alain Rousset, président du Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine, Jean-Pierre Raynaud, vice-président en charge de l'agriculture et Nicolas Thierry, vice-président en charge de l'environnement et de la biodiversité, visiteront aux côtés des professionnels une exploitation d'apiculteur à Grignols, afin de réaffirmer le soutien de la Région aux apiculteurs. Le 18 juin prochain, la Nouvelle-Aquitaine qui veut mettre en oeuvre un véritable plan régional en faveur de la biodiversité et de sa filière apicole, présentera le premier chapitre du rapport d'Ecobiose (comité scientifique interdisciplinaire) sur la biodiversité, à Cap Sciences, à Bordeaux. 

Une chose est sûre : à l'aune de la menace que représente pour l'avenir de l'humanité une éventuelle extinction des abeilles, étant donné le rôle primordial que jouent les abeilles sur Terre depuis 80 millions d'années, il y a urgence à se mobiliser pour protéger ces sentinelles de l'environnement. A tous les niveaux.

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Lancé en janvier 2017, Ecobiose, comité scientifique régional coordonné par Vincent Bretagnolle, écologue de renom et notamment directeur de recherche CNRS au Centre d'Études Biologiques de Chizé, rassemble environ 150 scientifiques de Nouvelle-Aquitaine, spécialistes de diverses disciplines de l'écologie, de l'économie ou de la gestion des territoires. Ils sont invités à synthétiser les travaux selon leur domaine d'expertise concernant les socio-écosystèmes agricoles, viticoles, forestiers, côtiers, aquatiques ou urbains. Le lundi 18 juin prochain à Cap Sciences (Bordeaux) Ecobiose présentera ses premiers travaux axés sur la biodiversité en territoires de plaine et grandes cultures. Cliquer ICI 

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