Pollution de l'air et mobilité : Paris à la traîne des villes européennes modèles
Selon Greenpeace, Paris peut et doit faire mieux en matière de pollution de l'air. Photo AFP
Greenpeace a dévoilé le 21 mai son classement de la mobilité dans treize grandes villes européennes. Au classement général de ce Top 13 de la mobilité et de la pollution de l'air, Paris se classe septième. Un résultat médiocre. La capitale, dont les rues ne sont pas encore assez sûres pour les usagers non motorisés, notamment les cyclistes, pointe l'ONG, a encore beaucoup d’efforts à faire pour réduire la place de la voiture, développer l’utilisation du vélo au quotidien et devenir plus respirable.
Sans surprise, en tête de ce classement commandé par l'ONG, trônent trois villes du nord de l'Europe. Copenhague et Amsterdam et Oslo, première, deuxième et troisième du classement, ont, elles, mis les besoins des piétons et des cyclistes au centre de leur planification urbaine, au profit de la qualité de l’air et de la sécurité. Londres, Moscou et Rome, les plus mauvaises élèves, ferment la marche. En revanche, lot de consolation, la capitale française brille pour la qualité de ses transports publics, selon l'étude. Dans ce registre, l'ONG la place en deuxième position, juste après Zurich, en Suisse.
L’étude réalisée à l'initiative de l'organisation de protection de l'environnement par l’Institut allemand Wuppertal pour le climat et l'énergie combine 21 indicateurs pour comparer 12 capitales et une grande ville, dans 13 pays européens. Les indicateurs, tous issus de données publiques, sont regroupés autour de cinq catégories : transports publics, sécurité des cyclistes et des piétons, mobilités actives, qualité de l’air, restrictions à l’usage de la voiture et incitations aux mobilités durables.
3% des déplacements effectués en vélo
A Paris, seuls 3% des déplacements sont effectués en vélo. Un chiffre dramatiquement bas, quand on sait que la proportion atteint 29% à Copenhague et même 32% à Amsterdam, souligne Greenpeace. Sans surprise non plus, la capitale se retrouve en queue de peloton pour la sécurité de ses cyclistes : sécurité et utilisation du vélo vont de pair, comme le montrent les exemples d'Amsterdam et de Copenhague. Si l'on veut vraiment développer l’usage du vélo, il faut notamment des infrastructures cyclables sécurisées, séparées et respectées. A Paris, on les cherche encore trop souvent.
Avant-dernière pour la pollution de l'air
Paris "doit avancer très concrètement vers l'objectif qu'elle s'est fixé d'une ville libérée de la voiture individuelle". Sarah Fayolle, de Greenpeace
Mais c'est sur la qualité de l'air que Paris, douzième de ce classement avant Moscou, est la plus mauvaise. Une triste situation, qui vaut à Paris, avec 11 autres grandes villes françaises, d'avoir été renvoyée la semaine dernière devant la Cour de justice de l'Union européenne pour non-respect des normes de qualité de l'air. Selon une étude de Santé Publique France publiée en 2016, la pollution atmosphérique est responsable de 48 000 décès prématurés par an en France, ce qui en fait la troisième cause de mortalité derrière le tabac et l’alcool, rappelle l'ONG.
La faute à l'Europe ?
Sous le coup de cette condamnation pour non-respect des normes européennes de qualité de l’air, Paris a annoncé le 17 mai, avec Bruxelles et Madrid, vouloir intenter une action contre la Commission européenne, lui reprochant d’avoir cédé aux lobbies automobiles... "Permis de polluer", "régression de la législation européenne en matière d'environnement", "trahison de l'accord de Paris"... tels sont les arguments qu'elles ont fait valoir devant la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), qui devra se prononcer sur leur recevabilité. Ces trois villes tentent d'introduire un recours conjoint contre le règlement européen n°2016/646 portant sur les émissions d'azote des véhicules diesel, qu'elles entendent faire annuler. Cette défense juridique pour le moins étrange sur le fond ne saurait masquer l'incapacité de Paris, comme ses homologues pointées du doigt par Bruxelles, à réduire drastiquement la part de la voiture dans les transports en ville. Et à faire adhérer à cet objectif leurs habitants. Sans réglementation européenne dans ce domaine, aussi insuffisante soit-elle, on peut se demander où en serait la pollution atmosphérique et quel serait l'état de la circulation routière en Europe et plus spécifiquement dans l'Hexagone...
Combattre l'omniprésence de la voiture dans les villes françaises
L’omniprésence de la voiture dans les villes françaises est, en effet, en grande partie responsable de cette catastrophe sanitaire. "C’est la santé des habitants de nos villes, en particulier des plus jeunes et des plus vulnérables, qui est en jeu ! Sans des décisions courageuses et des mesures fortes pour réduire la place des voitures en ville, la pollution de l’air continuera à rendre nos villes irrespirables”, estime Sarah Fayolle de Greenpeace. Et là, ce n'est pas l'Europe qui est en cause, mais bel et bien la gestion par l'Etat et les villes de l'Hexagone de ce sujet sensible. Outre son impact néfaste sur la santé des habitants, le secteur des transports, plus gros émetteur de gaz à effet de serre en France, joue également un rôle majeur dans le changement climatique.
Certaines villes mal placées dans l’étude, notamment Rome, Paris et Londres, ont annoncé diverses mesures pour développer une "mobilité durable", faisant la part belle aux transports en commun et aux déplacements à vélos. Cette étude se veut une première tentative d’appréhender les performances des villes en ce domaine à un niveau européen, explique l’ONG. D’autres pourraient suivre dans l’avenir, incorporant d’autres villes.
►PLUS D'INFO
- Pour lire la synthèse du rapport "Mobilité et pollution de l’air. Classement de 13 grandes villes européennes" : cliquer ICI. Pour lire le rapport complet en anglais “Living. Moving. Breathing" : cliquer ICI
►LIRE AUSSI
- Les articles de Ma Planète sur la pollution de l'air : cliquer ICI
- Les articles de Ma Planète sur les transports : cliquer ICI