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Selon le WWF, "le déficit écologique" de la France met la planète au bord de la faillite

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L'agriculture intensive notamment creuse le déficit écologique de la  France et met en péril l'écosystème Terre. Photo AFP

Bonne élève sur le plan économique, la France réduit son déficit financier. Il n'en va pas de même pour son déficit écologique : le pays continue le à creuser, inexorablement. Si le monde entier vivait comme les Français, dès ce 5 mai 2018, nous aurions déjà consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an, alerte un rapport du WWF France publié le vendredi 4 mai 2018, et réalisé en partenariat avec l’institut de recherche Global Footprint Network.

Le document place l’Hexagone parmi les dix pays au monde qui atteignent le plus tôt ce seuil au cours de l'année.  Si l’empreinte écologique française est l’une des plus importantes, on retrouve le Qatar en tête du classement : ce pays, lui, est entré en déficit le 9 février dernier. Mais l'inquiétant pour notre pays, est qu'il régresse sur l’indicateur depuis 2015, après une période d’amélioration entamée en 2008, alors même qu'il s'est fixé pour objectif la transition écologique, afin de diminuer son empreinte écologique.

 "Déficit écologique", ça veut dire quoi ? 

En clair, si toute l’humanité émettait autant de carbone, se déplaçait, se nourrissait et consommait autant de terres et de terrains bâtis que nous, elle aurait aujourd’hui besoin de l’équivalent de 2,9 planètes Terre pour subvenir à ses besoins. Un résultat bien au-dessus de la moyenne mondiale qui se situe autour de 1,7 Terre. Voilà pourquoi, ce samedi 5 mai 2018, Jour du dépassement écologique de la France, la France est en "déficit écologique", comme l'explique cette vidéo réalisée par France Info.

Si la planète était une entreprise, elle serait au bord de la faillite

Un déficit que nous continuons de creuser d’année en année, en empruntant des ressources naturelles à la Terre, aux autres pays et aux générations futures. "Alors que chacun sait qu’il n’est pas soutenable pour un ménage ou pour une entreprise de vivre à crédit, c’est pourtant exactement ce que nous sommes en train de faire avec la planète", souligne le WWF. Et le constat est sans appel : si la planète était une entreprise, elle serait au bord de la faillite. Déforestation, chute des stocks de poissons, sécheresses, manque d’eau, érosion des sols, perte de la biodiversité et changement climatique : l’érosion du capital naturel de la Terre et ses conséquences, en sont la preuve.

Jour du dépassement mondial... et français

Tous les ans, le WWF travaille avec le Global Footprint Network pour alerter sur les impacts de nos modes de production et de consommation sur la planète, en calculant le "jour du dépassement écologique mondial", à partir duquel l’empreinte écologique de l’humanité – émissions de carbone, utilisation de terres agricoles, de prairies, de forêts et de milieux aquatiques, ou encore artificialisation des sols – excède la biocapacité de la planète, c’est-à-dire sa capacité annuelle à absorber les gaz à effet de serre d’origine anthropique et à reconstituer ses réserves.  Au niveau mondial,  en 2017, c'était le 2 août. Il tombera peut-être plus tôt encore cette année. 

En attendant d'en savoir plus, pour la première fois cette année, le WWF France a choisi de mettre l’accent sur le "jour du dépassement français" pour "envoyer un signal fort, à un moment politique clef où plusieurs lois et décisions sont attendues dans les domaines de l’alimentation, des mobilités, de l’énergie, de la biodiversité ou encore de la lutte contre la déforestation importée et pourraient permettre à la France de réduire son empreinte écologique".

Revoir nos modes de production et de consommation

Depuis 2015, année de la Cop 21 et du sommet du climat de Paris, la date du Jour du dépassement de la France a recommencé à se dégrader. Signe, selon l'ONG, que la transition écologique n’est pas assez ambitieuse et qu’il est urgent de mettre en place une stratégie de désendettement écologique.  Alors que deux tiers de l’empreinte écologique des Français sont dus à leur alimentation, leurs déplacements et la consommation d’énergie de leur logement, il est essentiel d’agir sur ces leviers et revoir nos modes de production et consommation.

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"Une question de volonté politique"

"Alors que le déficit financier de la France s’est réduit en 2017, le déficit écologique, lui, s’est au contraire aggravé. Le paradoxe est spectaculaire : dans le pays qui a vu naître l’Accord de Paris sur le climat, l’empreinte écologique se dégrade depuis 2015", regrette Pascal Canfin, le directeur général du WWF France. Pourtant, souligne-t-il, il n'y a pas de fatalité à la crise et au déficit écologiques de la France : comme dans d'autres domaines, financiers et économiques, on peut faire autrement, et redresser la situation, par des politiques publiques appropriées. "C’est une question de volonté politique. Emmanuel Macron a fait de la bonne gestion financière un élément clé de son quinquennat. En fera-t-il autant de la bonne gestion écologique ?”, s'interroge Pascal Canfin.

Les solutions existent 

Si la transition écologique repose naturellement sur l’action et les décisions à venir du gouvernement dans ces domaines, "les citoyens, les entreprises et les collectivités ont aussi leur rôle à jouer dans cette transition vers des modes de vies plus durables", rappelle le directeur du WWF. La bonne nouvelle, c'est que des solutions existent pour produire et consommer différemment. Des signaux encourageants nous montrent qu’en France, ce changement est déjà à l’œuvre et qu’il est possible d’inverser la tendance. 

En matière de climat, d’énergie et de mobilités, détaille-t-il, les Français sont prêts à agir aussi à leur niveau, en particulier à travers le tri sélectif des déchets (93% des Français), l’approvisionnement en énergies renouvelables (88% des Français) et le recours à des modes de transport plus durables tels que le vélo, la marche à pied ou les transports en commun (82% des Français). 

Autre exemple cité par Pascal Canfin : l'alimentation. 70% des Français ont déjà adopté des habitudes de consommation plus durables et sont prêts à aller plus loin, l’agriculture responsable gagne du terrain (+17% des surfaces en agriculture biologique en 2016) et 60% des établissements de restauration collective proposent des plats bio (2016), rappelle l'ONG.  Il est possible de réduire cette dette écologique.

L'épuisement des ressources naturelles menace notre stabilité économique

Face à un tel constat, conclut le rapport du WWF, une chose est sûre :"Il est inacceptable de continuer à ignorer les limites de la planète, en opposant le développement économique à la protection de l’environnement, car l’épuisement des ressources naturelles menace notre stabilité économique et la survie de l’humanité elle-même". Le WWF en profite donc pour interpeller le gouvernement, en l'enjoignant notamment de ne pas autoriser le projet minier Montagne d'Or. L'implantation d'une mine industrielle en plein cœur de la forêt amazonienne guyanaise conduirait au déboisement de l’équivalent de 2 161 terrains de foot. "Symbole de l'incohérence de la France en la matière", relève l'ONG, un tel projet ne ferait en effet que creuser encore davantage la dette écologique du pays.

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Pour lire le rapport « L’autre déficit de la France » : cliquer ICI
  • Pour consulter les calculs développés par le Global Footprint Network : cliquer ICI 
    Les données seront actualisées pour l’année 2018 dès le mois de juin sur ce même lien. 

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  • Les articles de Ma Planète sur le WWF : cliquer ICI 

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