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Agriculture : l'agroécologie pourrait nourrir la planète et la sauver du réchauffement climatique

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L'écrivain et agriculteur Pierre Rabhi, chantre de la "sobriété heureuse" et pionnier en France de l'agroécologie et de l'agriculture bio,dans le jardin de sa Ferme de Montchamp près de Berrias-et-Casteljau, le 29 mars 2011. Photo archives AFP

L'agroécologie pourrait être la solution pour nourrir tout le monde sur la planète, tout en préservant cette dernière du réchauffement climatique. Telle est en tout cas la position de l'ONU qui encourage l’agroécologie. L'organisation internationale voit dans cette méthode d'agriculture un tournant historique et la solution aux crises écologique et climatique, après plusieurs décennies d'une « révolution verte » basée sur l’agriculture intensive qui, loin d'avoir tenu ses promesses en matière de sécurité alimentaire, se retrouve désormais au banc des accusés, en raison de ses conséquences néfastes pour l'environnement et la santé humaine.

« Nous avons besoin de promouvoir des systèmes alimentaires durables (…) et de préserver l’environnement : l’agroécologie peut aider à y parvenir », a ainsi déclaré, le 4 avril 2018, le directeur-général de l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) José Graziano da Silva, en ouverture du deuxième Symposium international de la FAO sur l’agroécologie à Rome.

L'agriculture intensive et les pesticides et engrais chimiques n'ont pas éradiqué la faim dans le monde

« Les sols, les forêts, l’eau, la qualité de l’air et la biodiversité continuent de se dégrader alors que cette augmentation de la production à tout prix n’a pas éradiqué la faim dans le monde ». José Graziano da Silva

Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, le développement de l’agriculture basé sur l’utilisation massive d’engrais et de ressources chimiques (pesticides, herbicides, fongicides..) destinés à augmenter les rendements pour parvenir à assurer la sécurité alimentaire de la planète a eu un prix élevé pour l’environnement, a-t-il souligné. « Les sols, les forêts, l’eau, la qualité de l’air et la biodiversité continuent de se dégrader alors que cette augmentation de la production à tout prix n’a pas éradiqué la faim dans le monde », a-t-il admis.

L’ancien ministre français de l’Agriculture Stéphane Le Foll, invité d’honneur de la session d’ouverture du symposium pour son soutien actif à l’agroécologie depuis 2012, a pour sa part appelé à une « révolution doublement verte, qui s’appuie sur la nature ». « La FAO a été le lieu de la première révolution verte, elle doit être le lieu d’une révolution doublement verte » a-t-il dit.

 L’agroécologie tourne le dos aux engrais synthétiques

En partant des connaissances de chaque agriculteur sur ses parcelles, alliées aux derniers développements scientifiques, en faisant appel à de meilleurs soins du sol pour qu’il soit plus fertile et stocke plus de carbone, ainsi qu’à une biodiversité des espèces plantées et à la polyculture, l’agroécologie tourne le dos aux engrais synthétiques. Elle essaie également de réduire la dépendance à une mécanisation à outrance qui alourdit les charges financières des agriculteurs. « Nous devons nous écarter du système de monoculture tel qu’il a dominé le siècle précédent », a souligné le président du Fida (Fonds international de développement agricole) Gilbert Houngbo, une autre agence onusienne chargée de soutenir l’agriculture dans les pays en voie de développement.

 Une trentaine de pays veulent faciliter le développement de l'agroécologie

Une trentaine de pays à ce jour, dont la plupart des pays latino-américains, la Corée du Sud, la Chine, la Côte d’Ivoire, ainsi que l’Autriche, l’Allemagne, le Danemark, la France, la Suisse et l’Italie, ont adopté un cadre législatif ou réglementaire pour faciliter le développement de l’agroécologie.  Selon Gilbert Houngbo, « beaucoup reste à faire » pour convaincre une majorité d’agriculteurs conventionnels que le système est viable et rentable.

L'exemple de l'Inde

L'Inde illustre bien à la fois l’enthousiasme et l’ampleur de la révolution à accomplir. « Nous avons décidé que 80% des 6 millions d’agriculteurs de l’Etat devraient passer à l’agroécologie d’ici 2024 »,  explique Kumar Vijay Kumar, conseiller pour les questions agricoles du gouvernement de l’Etat d’Andhra Pradesh, dans le sud-est de l’Inde. « La révolution verte [l'agriculture intensive, NDLR] était basée sur des principes faux, avec une dépendance continue aux intrants, or nos paysans ne gagnent rien, (…) et pire, nous avons eu des vagues de suicide de paysans en Inde » ajoute-t-il. « Nous voulons que la production alimentaire augmente chez des paysans heureux », résume-t-il, en se disant enchanté lui-même de voir arriver de plus en plus de jeunes diplômés qui « reviennent » à la terre, « avec de bonnes idées ». Mais le chemin reste long : en 2017, l’Andhra Pradesh comptait environ 40 000 agriculteurs travaillant selon les principes de l’agroécologie, 163 000 en 2018, un chiffre qui devrait passer à 300 000 en 2019. Encore bien loin du but.  

Adopter des politiques visionnaires pour l'agroécologie 

Le Symposium, qui réunit plusieurs centaines de délégués venus du monde entier, s'est terminé le jeudi 5 avril par une « déclaration finale » qui sera portée à l’examen du comité de l’agriculture (de l’ONU) en septembre. En marge de l'événement, le Conseil pour l'avenir du monde (WFC), aux côtés de la FAO et de l'IFOAM-Organics International, a lancé le Prix des futures politiques pour 2018 qui récompensera les politiques visionnaires destinées à créer un environnement propice pour la pratique de l'agroécologie. Les vainqueurs seront connus lors d'une cérémonie qui se tiendra la FAO, à Rome, plus tard cette année.  A suivre.

Cathy Lafon avec l'AFP

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