Éolien en mer: les industriels s'inquiètent des incertitudes qui pèsent sur la filière
Le projet de parc au large de Saint-Brieuc prévoit l'installation de 62 à 83 éoliennes, dépassant les 200 mètres de haut. Photo archives AFP
Des industriels ont déploré les incertitudes qui freinent le développement de la filière française de l’éolien en mer, dans une tribune publiée le 25 mars 2018 par "Le Monde". "L’incertitude qui pèse sur les permis liés aux futurs parcs éoliens français, pourtant attribués dès 2012, paralyse aujourd’hui toute la filière", soulignent les représentants de GE Renewable Energy, Eiffage, Louis Dreyfus Armateurs, STX France et Bouygues Travaux Publics, signataires du texte, contre la volonté du gouvernement de renégocier les prix des marchés conclus il y a cinq à sept ans, au risque de retarder les chantiers.
Le Sénat a rejeté en bloc, le 15 mars dernier, un amendement controversé du gouvernement qui aurait permis de renégocier les tarifs de l’électricité qui sera produite par six parcs éoliens en Manche et en Atlantique. « On a besoin de stabilité et de régulation, on ne peut pas se permettre des à-coups quand on passe d’un gouvernement à un autre », a souligné auprès de l’AFP Jérôme Pécresse, PDG de GE Renewable Energy, qui travaille sur trois projets attribués à EDF. « On attend maintenant le démarrage d’un premier projet pour assurer la pérennité de la charge industrielle dans nos usines, chez nos sous-traitants et le maintien des compétences », a-t-il ajouté.
En France, il faut « dix ans » pour concrétiser les projets de parcs éoliens
Le démarrage de ces projets, dont certains ont été contestés en justice, reste toutefois soumis à des autorisations réglementaires. Alors que « cinq à sept ans » suffisent pour que des projets de parcs éoliens se concrétisent dans d’autres pays européens comme l’Allemagne et le Danemark, il faut « dix années » en France, relèvent les signataires de la tribune publiée sur le site Internet du « Monde ». « Ce véritable parcours du combattant, marqué par les recours administratifs et les reports divers, se révèle dangereux à très court terme, pour l’ensemble de notre écosystème industriel », écrivent-ils.
Le net retard de l'Hexagone
Un premier appel d’offres avait attribué en 2012 à EDF trois parcs éoliens à Courseulles-sur-mer (Calvados), Fécamp (Saine-Maritime) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), et un quatrième parc à l’Espagnol Iberdrola à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Un deuxième appel d’offres avait été remporté en mai 2014 par un consortium mené par Engie (ex-GDF Suez) pour la construction de deux parcs éoliens, l’un au large du Tréport (Seine-Maritime), l’autre près des îles d’Yeu et de Noirmoutier (Vendée). Le 16 mars, la Cour administrative de Nantes a examiné de nouveaux recours dirigés contre trois des premiers projets parcs d'éoliennes en mer : au large de Fécamp, de Saint-Brieuc, et des plages du Débarquement en Normandie.
Ces différents parcs devraient entrer en service au mieux en 2021 ou 2022. La France accuse un net retard dans le domaine des énergies marines renouvelables, par rapport à l’Europe du nord. « On attend maintenant le démarrage d’un premier projet pour assurer la pérennité de la charge industrielle dans nos usines, chez nos sous-traitants et le maintien des compétences », souligne Jérôme Pécresse. A suivre.
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