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Lions, ours, loups, rhinocéros, éléphants... 101 espèces en danger sur la planète

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Najin, une des deux dernières femelles rhinocéros blancs du Nord, le 5 décembre 2016 avec un de ses gardiens de la réserve d'Ol Pejeta. Photo archives AFP

La première occupation des scientifiques sera-t-elle bientôt d'écrire des nécrologies pour les espèces ou les sous-espèces de la « mégafaune », au fur et à mesure qu’elles disparaissent de la planète ? Sudan, le dernier mâle rhinocéros blanc du Nord, est mort le 20 mars dernier à l’âge de 45 ans dans un zoo au Kenya, ne laissant plus en vie que deux femelles de cette sous-espèce, alors qu’il restait encore au moins 700 de ses congénères dans la nature au moment de sa naissance, en 1973. Un décès synonyme de l’extinction de cet animal, à moins que les scientifiques qui ont prélevé son matériel génétique parviennent à développer des techniques de fécondation in vitro afin de concevoir des « bébés rhinocéros éprouvettes » qui seraient implantés dans une mère porteuse d’une autre sous-espèce.

Loin d'être un cas isolé, le sort funeste du rhinocéros blanc du Nord symbolise la chute dramatique de la biodiversité sur la planète.

Fauves, ours, loups, mais aussi bisons, zèbres, rhinocéros, éléphants, girafes, hippopotames, grands singes... Sudan fait en effet partie de ces 101 espèces de grands herbivores et carnivores terrestres dont l'existence est aujourd'hui en danger. Certaines sont déjà condamnées à l’extinction.  L’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) estime que les trois-cinquièmes de la « mégafaune » terrestre, soit les animaux carnivores d’au moins 15 kilos et les grands herbivores de plus de 100 kilos, sont aujourd'hui menacées de disparition. Plus d'une dizaine de ces espèces emblématiques émargent, elles, dans la catégorie « en danger critique » ou « éteinte à l’état sauvage ».

D'ordinaires plus mesurés, les scientifiques ne mâchent plus leurs mots. Pour les uns, l’antilope Addax du Sahara est « vouée à l’extinction ». Pour d’autres, le gorille de l’Est, aussi chassé pour sa viande, « n’est qu’à un pas » de la disparition, comme les orang-outangs de Bornéo et Sumatra. Des animaux fascinants encore suffisamment nombreux pour attirer des millions de touristes en Afrique chaque année sont aussi en déclin. Les populations de lions, rhinocéros et guépards ont ainsi chuté de plus de 90% au cours du siècle dernier. Le nombre de girafes, désormais classées « vulnérables », a baissé de 40% en 30 ans quant aux ours polaires, 30% d'entre eux risquent de disparaître d’ici le milieu du XXIe siècle.

Le début d'une nouvelle « extinction de masse »

« Il est très possible que nous voyions ces géants s’éteindre dans la nature pendant notre vie, sous nos yeux ». Inger Andersen, directrice de l’IUCN 

La Terre a connu jusqu’à présent cinq extinctions de masse, la dernière en date, celle des dinosaures, remontant à 66 millions d’années. Aujourd’hui, la mégafaune est victime de risques multiples liées à l’expansion humaine, de la perte de son habitat au braconnage, en passant par les conflits avec l’élevage, et par exemple, pour l’ours polaire, le changement climatique. Et le contexte plus large n’est pas encourageant. Les scientifiques sont d’accord pour dire qu’une nouvelle « extinction de masse » a commencé, qui voit des espèces de toutes sortes et de toutes tailles disparaître 100 fois plus vite que la normale. 

« Le syndrome de la savane silencieuse »

« La première menace à laquelle fait face la faune d’Afrique est que nous la mangeons ». Paul Funston, directeur du programme lions de l’ONG Panthera.

A titre d'exemple, en Afrique, la « megafaune » est menacée, car on la mange. Une situation décrite dans certaines zones comme « le syndrome de la savane silencieuse ». « Certaines zones protégées ont l’air totalement intactes, les bois, les oiseaux, les abeilles, tout est là. Mais les grands mammifères ont disparu, parce qu’ils ont été mangés », poursuit Funston, notant l’augmentation de la population humaine sur le continent. 

Malgré ce constat lugubre, les défenseurs de l’environnement ne perdent pas espoir et ont permis à certaines espèces de se reprendre du poil de la bête. Mais ils doivent aussi être réalistes, souligne Michael Knight, qui dirige le groupe de l’IUCN chargé des rhinocéros africains. « L’Afrique ne correspond plus au rêve de paysages ouverts où courent des animaux sauvages », insistent-ils. Et dans 50 ans, « les défis vont être dix, ou peut-être cinquante fois, plus difficiles ». Pour Paul Funston, la solution viendra d’investissements stratégiques dans des parcs nationaux, alors que des études montrent un lien entre les sommes investies au km2 et les taux de survie des espèces protégées.

Pour éviter le pire, plus de 15 000 scientifiques on signé en décembre un appel sans précédent pour sauver la planète, mettant notamment en garde l’humanité contre la disparition de ces animaux mythiques qui peuplent aussi notre imaginaire. Seront-ils entendus ? 

Cathy Lafon avec l'AFP

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  • Le rhinocéros blanc du Nord doit en premier lieu son extinction au braconnage, en raison notamment des prétendues vertus médicinales attribuées à sa corne en Asie, en particulier en Chine et au Vietnam. L’espèce a été d’autant plus décimée par le braconnage dans les années 70 et 80 que ses territoires traditionnels – Centrafrique, Tchad, République démocratique du Congo, actuel Soudan du Sud – étaient en proie aux conflits, et donc largement des zones de non-droit propices aux activités criminelles. La dernière population sauvage de la sous-espèce comprenait entre 20 et 30 individus en RDC et elle a disparu dans les combats à la fin des années 90 et au début des années 2000. En 2008, le rhinocéros blanc du Nord était déjà considéré comme éteint à l’état sauvage.

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