Bouteille plastique : pour accroître la collecte des déchets, la consigne, c'est la consigne !
Mal classée en Europe pour le recyclage des déchets plastiques, la France a l'obligation de progresser. Photo archives AFP
C'était il y a 50 ans, un demi-siècle donc, avant l'ère du tout-plastique. Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. A l'époque, quand on faisait ses courses, on achetait ses provision au poids et en vrac, emballées dans des poches en papier ou dans du papier journal, et on rapportait par la même occasion chez l'épicier les bouteilles en verre de vin, de limonade ou de bière consignées, en échange de quelques centimes.
Vintage, "la consigne" tricolore d'antan, une pratique en vigueur dans dix pays européens dont l'Allemagne, utile pour réduire les déchets et améliorer le tri, pourrait bien redevenir à la mode dans l'Hexagone. Le gouvernement en fait une mesure-phare de sa future feuille de route de l'économie circulaire. Elle concernerait les bouteilles plastique, les piles et les canettes en métal.
Lanterne rouge de l'Europe sur la réduction des déchets
Lanterne rouge de l'Europe sur la réduction des déchets, leur collecte, leur recyclage et leur réemploi, la France vise à réduire de moitié la mise en décharge d'ici à 2025 et à recycler 100% des plastiques. Pour arriver à recueillir l'ensemble des produits recyclables, le gouvernement souhaite "explorer d'autres modèles de collecte" que ceux en usage aujourd'hui dans le pays. Et en ce qui concerne le plastique, il y a du boulot. Alors que la France a pour objectif de recycler 100% des plastiques, le taux de collecte se situe en effet actuellement à 56 %, selon les chiffres cités par le ministère de la Transition écologique. La collecte est toutefois très inférieure à la moyenne en zone urbaine, où elle atteint péniblement 10%... Un énorme problème écologique, quand on sait qu'au niveau mondial, des millions de tonnes de plastique rejoignent chaque année l'environnement marin, provocant des dégâts immenses.
Mettre en place un système de consigne pour «augmenter l'envie de trier ses déchets »
Pour y remédier et améliorer la gestion du cycle de vie des produits, de leur conception jusqu'à leur traitement lorsqu'ils deviennent déchets, une feuille de route sur l'économie circulaire a été lancée en octobre 2017 par le gouvernement. Pilotée par la secrétaire d'Etat à la Transition écologique, Brune Poirson, elle est attendue pour fin mars. L'idée de mettre en place une consigne sur certains emballages a émergé lors d'une première phase de consultation publique en vue de l'élaboration cette fameuse feuille de route Elle figure désormais noir sur blanc parmi les pistes envisagées par le gouvernement afin d'améliorer la collecte des déchets en France, a indiqué ce mardi le ministère de la Transition écologique. Le dispositif de consigne, qui consiste à associer un emballage à une caution que le consommateur paye à l'achat du produit et récupère sous forme monétaire ou de bon d'achat lorsqu'il le restitue, pourrait s'appliquer aux bouteilles en plastique, aux canettes et aux piles. Les emballages en verre ne seraient pas concernés le dispositif, leur taux de collecte étant déjà "élevé" (86%).
Comment ça pourrait marcher ?
La consigne ? Un système finalement vieux comme le monde... Ou presque. Et qui, en tout cas, a fait ses preuves dans dix autres pays européens dont l'Allemagne, dont la France peut s'inspirer. En Europe, 140 millions d'habitants payent 10 à 25 centimes d'euro à l'achat de chaque bouteille pleine, remboursés à la restitution du contenant vide. Avec un taux de retour plus que satisfaisant, puisqu'il dépasse les 80% voire les 90% en Allemagne, où la consigne varie de 8 à 25 centimes selon le type de contenant, jetable ou réutilisable, et le matériau utilisé.
En France, l'éventuel dispositif de consigne pourrait s'articuler avec le système de collecte actuel des plastiques du bac jaune ou vert, selon les collectivités locales, et les multiples acteurs privés qui expérimentent depuis cinq ans des kiosques de collecte sur des parkings d'hypers ou supermarchés. A titre d'exemple, on compte aujourd'hui dans l'Hexagone une centaine de kiosques Reco de Suez et cinquante-deux d'Auchan allié à la marque d'eau minérale Cristaline. En échange de chaque bouteille plastique déposée, le client de la grande surface reçoit un bon d'achat de 1 à 2 centimes d'euros. A dépenser, cela va de soi, dans le magasin partenaire...
Les clients rendraient les bouteilles plastiques ou en métal dans des machines situées dans différents lieux (commerces, lieux publics, entreprises). L'idée serait d'avoir "le plus de points de collecte possible", des acteurs privés et publics pouvant assurer leur gestion, précise le ministère. Des grandes villes comme Paris et Marseille ont notamment déjà manifesté leur intérêt pour expérimenter le dispositif, avant qu'il ne soit déployé partout en France, en cas de résultat positif.
Téléphones portables et équipements électroniques
D'autres pistes en vue de l'élaboration de la feuille de route sur l'économie circulaire seront présentées en fin de semaine et début de semaine prochaine. Par ailleurs, le gouvernement réfléchit également à la mise en place d'un dispositif de reprise incitatif pour les téléphones portables et les équipements électroniques. La consultation publique sur Internet sur la collecte s'achèvera fin février. Une fois ses arbitrages effectués, le gouvernement dévoilera fin mars son document final. Avant de passer à la suite : comment mieux produire en favorisant l'écoconception et les matériaux recyclables e comment consommer durable en développant le réemploi.
Un gros boulot en perspective, d'autant que la France s'interdit d'interdire la mise en décharge, dénominateur de tous les pays d'Europe performants dans le recyclage et la réutilisation des emballages.
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