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Pollution : l'Anses surveille les pesticides présents dans l'air ambiant

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La contamination de l’air par les pesticides est une composante de la pollution atmosphérique moins documentée que d’autres milieux. Un manque que veut combler l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Photo AFP

Quand on y songe, notre bol d'air quotidien est vraiment peu ragoûtant... Présents en résidus dans ce que nous mangeons et buvons, les pesticides, utilisés dans certains produits de consommation courante par les particuliers dans leurs maisons ou leurs jardins, comme par les collectivités, et épandus par l'agriculture, l'arboriculture et la viticulture, se retrouvent aussi dans l'atmosphère.  Les agences régionales de la qualité de l'air en France sont d'ailleurs chargées de les surveiller depuis plus de 15 ans. Dans l'air que nous respirons, ils viennent en effet s'ajouter, entre autres, aux fameuses particules fines... Avec quelles conséquences ? Aucune, jusqu'à présent. Car, aussi surprenant que cela puisse paraître, il n'existe pas de norme sanitaire relative à la concentration des pesticides dans l'air, comme c'est le cas pour  l'eau.  

En attendant d'éventuelles normes émises un jour par l'OMS, en France, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) surveille les substances chimiques liées aux phytosanitaires, pour "permettre in fine, d'évaluer l'exposition chronique de la population générale et les risques sanitaires associés". 

La surveillance des pesticides dans l'air en Nouvelle-Aquitaine

Dans la région, c'est Atmo Nouvelle-Aquitaine qui fait le job. Dans le rapport qu'elle a publié en janvier 2017, sur Internet,  "La surveillance des pesticides en région Nouvelle-Aquitaine : synthèse des mesures réalisées dans l'atmosphère de 2007-2015", l'agence a montré qu'une vingtaine de molécules de pesticides différentes sont présentes partout et toute l'année dans la région, autant en ville qu'en campagne. Leur présence fluctuant en fonction des saisons. Certaines d'entre elles, pourtant interdites depuis plusieurs années, sont encore détectées lors des mesures. C'est le cas du lindane (insecticide interdit en agriculture depuis 1998), de la terbuthylazine (herbicide interdit depuis octobre 2003 et depuis juillet 2004 sur la vigne), du tolylfluanide (fongicide interdit depuis juillet 2007) et de la trifluraline (herbicide interdit depuis 2009), peut-on lire dans le document d'Atmo, graphique à l'appui.

Parmi les herbicides autorisés les plus couramment détectés, l'agence régionale liste la pendiméthaline (traitement pour les grandes cultures, détecté en moyenne à 70%) et parmi les fongicides, le chlorothalonil et le folpel (utilisation notamment en viticulture), à 50% sur les neuf dernières années de prélèvement.

Les résultats de l'étude d'Atmo ont rejoint ceux qui ont été collectés par les différentes associations agrées de surveillance de la qualité de l'air (AASQA) pour alimenter une base nationale, afin de nourrir les réflexions menées au niveau régional et national dans le cadre du plan Ecophyto ou du Plan National Santé Environnement. 

90 substances chimiques dans l'air à surveiller pour évaluer l'exposition et les risques

A la demande des ministères en charge de l'agriculture, de l'écologie, de la santé et du travail, l'Anses a publié le 19 octobre 2017 les résultats de son expertise scientifique, prémices de la mise en place d'un dispositif national de surveillance des pesticides dans l'air ambiant. Une expertise qui s'est appuyée justement sur les fameuses données en pesticides  présents dans l'air ambiant détectées par les AASQA, collectées depuis plus de dix ans en plusieurs points du territoire mais qui en l'absence de réglementation spécifique demeurent partielles et hétérogènes.

L'Agence nationale a ainsi établi une liste de 90 substances à surveiller en priorité dans l'air ambiant en fonction de leur potentiel de présence dans l’air et de leur potentiel de danger, et émis des recommandations sur la stratégie d'échantillonnage et les modalités de prélèvement et d'analyse. Cette liste devra être complétée ultérieurement au regard du risque pour les écosystèmes et prise en considération pour mieux renseigner l’exposition humaine aux pesticides dans les environnements intérieurs.

Le terme « pesticide », tel qu’il a été pris en compte par l'Anses, recouvre un grand nombre de substances chimiques entrant dans la composition des produits phytopharmaceutiques ainsi que de certains biocides, médicaments vétérinaires et antiparasitaires à usage humain. Comme les relevés d'Atmo l'ont montré, certaines substances interdites d'utilisation peuvent en outre ne plus être utilisées, mais rester présentes dans l’environnement du fait de leur biopersistance.

Campagne exploratoire... et retour d'expérience

L'Anses souligne par ailleurs la nécessité de définir un protocole harmonisé de mesures des pesticides dans l’air ambiant applicable au territoire métropolitain et aux départements et régions d’outre-mer. Pour cela, elle préconise une campagne exploratoire qu'elle financera en partie, dont le protocole sera défini par le Laboratoire central de surveillance de la qualité de l'air (LCSQA), en lien avec plusieurs AASQA, sur la base de tests métrologiques qui sont déjà en cours. A son issue, les experts recommandent la réalisation d'un retour d'expérience destinée à définir la stratégie de surveillance nationale à mettre en œuvre. Ce retour d'expérience portera sur le choix des molécules prioritaires, les situations d'exposition à prendre en compte, ainsi que sur les critères de classification et de sélection des sites.

"Cette surveillance doit permettre in fine, d'évaluer l'exposition chronique de la population générale et les risques sanitaires associés", explique l'Agence. Ces données, ajoute-t-elle, permettront d'informer la population et de prendre le cas échéant des mesures adaptées visant à réduire les expositions. Elles seront également utilisées dans le cadre du dispositif de phytopharmacovigilance, dont l'Anses a la charge et qui a pour objectif de surveiller les effets indésirables des produits phytopharmaceutiques disponibles sur le marché.

Outre cette surveillance nationale, l'Anses recommande la mise en place de campagnes de mesure ponctuelles locales, visant à évaluer l'exposition des populations à proximité des zones les plus impactées par les pesticides : zones agricoles, silos mais aussi gares, aéroports et zones industrielles. 

Cathy Lafon 

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