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Route à énergie positive : dans le Doubs, les déchets ménagers chauffent la chaussée pour la déneiger

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La ville de Pontarlier a installé 3500 m² de chaussée dégivrante aux abords d'un lycée. Photo Eurovia.

La "route à énergie positive" dévoilée en octobre 2017 par Eurovia, filiale de Vinci, a décroché la palme "verte" au salon des maires, ce mercredi 22 novembre.Baptisé 

Développé par la ville de Pontarlier (Doubs) dans le cadre de la rénovation globale de la place Becquere, ce projet baptisé Power Road a reçu le trophée "infrastructures et croissance verte". Remis par la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP), ce prix qui récompense une innovation mise en œuvre par une collectivité pour réussir sa transition écologique, valorise aussi la région Sud-Ouest. 

Le centre de recherche d'Eurovia qui a travaillé sur ce projet sur tous ses aspects scientifiques, est en effet implanté à Mérignac, près de Bordeaux. Depuis 2013, une trentaine de personnes accompagnent ainsi depuis la Gironde le développement de Power Road pour toute la partie recherche et tests, concernant la mobilité "bas-carbone", le développement des énergies renouvelables et l'amélioration du cadre de vie.

La "route à énergie positive", c'est quoi ? 

Fini les routes passives de grand-papa ! Aujourd'hui, sachez le, intelligentes, vos routes sont aussi capables de rendre des services énergétiques. Après la route "solaire" Wattway, de Colas (groupe Bouygues), Power Road est la deuxième proposition issue de l’appel à projets de l’Etat lancé en 2015, pour la route du futur. La "route à énergie positive" d'Eurovia capte la chaleur du soleil pour la stocker puis la restituer, afin de déneiger sa propre surface ou de chauffer les bâtiments alentours. Soutenu par le Programme Investissements d’Avenir (PIA) de l’Ademe (Agence de l’environnement et la maîtrise de l’énergie), ce concept avant-gardiste ajoute une nouvelle fonction à la route d'antan : la production d’énergie solaire thermique. Le système marche dans les deux sens. L'hiver, il peut déneiger et dé-verglacer les voiries ou les pistes d’aéroports, en réduisant les interventions de salage. A l'inverse, en été, le captage de chaleur en surface permet de refroidir le bitume et ainsi contribuer à résorber les îlots de chaleur urbain. Astucieux non ? Et tout bénéf' pour la planète.

Comment ça marche et combien ça coûte ? 

route positive eurovia.jpgTechniquement, "la route à énergie positive", pour l’essentiel, fonctionne avec des tubes de polymère recyclables, placés dans la couche de liaison – à moins d’une dizaine de centimètres de profondeur –, dans lesquels circule un fluide caloporteur. C’est ce liquide qui capte l’énergie solaire thermique, ensuite prise en charge par des pompes à chaleur, ou stockée, par exemple, dans un champ de sondes géothermiques verticales placées à proximité de l’infrastructure. Elle permet ainsi d’alimenter des bâtiments voisins - logements, bureaux ou industries - en chauffage ou production d’eau chaude. L’hiver, lorsque la route est gelée ou enneigée, une pompe récupère la chaleur située dans le sous-sol pour la faire remonter dans les tubes situés sous la route et ainsi réchauffer la chaussée.

Au lieu des rayons solaires, la "route thermique" peut aussi carburer grâce à la combustion des déchets ménagers. C'est le cas à Pontarlier, dans le Doubs (un département réputé pour ses hivers particulièrement rigoureux) où la société Vermot TP, filiale d’Eurovia, a mis en œuvre en août 2017, un démonstrateur grandeur nature. L'objectif de cette chaussée révolutionaire chauffante de 3 500 m2 ? Déneiger et dégivrer le parking de 4 400 m2 du lycée Xavier Marmier, le quai de bus et certains trottoirs en période hivernale, en utlisant l'énergie produite par la combustion des déchets ménagers de l’unité de valorisation énergétique des déchets locale de Valopôle. Le coût de l'installation est évalué à 540 521 euros. Du même ordre de grandeur que pour tout investissement routier classique, estime Eurovia.

La "route à énergie positive" partout, c'est pour quand ?

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En 1960, un  essai de route chauffante avait déjà été tenté en Allemagne, à Gelsenkirchen, sur une quinzaine de mètres.  Photo archives AFP

Depuis juillet 2017, Eurovia teste aussi ce système sur les 500 m2 de la voie d’accès au parking poids lourds du péage de Saint-Arnoult, dans les Yvelines. Un projet qui permet de chauffer le rez-de-chaussée d’un bâtiment d’accueil sur le site.

"A l’horizon 2019, nous aurons testé toutes les applications possibles de Power Road, ce qui nous permettra de régler le dimensionnement thermique du dispositif au plus près des besoins de nos clients", précisait Ivan Drouadaine, ingénieur Eurovia, sur le site Internet du Moniteur, le 10 octobre 2017. Selon lui, plusieurs gestionnaires routiers se seraient déjà montrés intéressés par cette "route thermique". Le démonstrateur mis en place à Pontarlier, lui,"doit permettre de définir les protocoles de raccordement à un réseau de chaleur et de mesurer et optimiser le bilan énergétique sur ce mode de fonctionnement…". Les promoteurs du projet espèrent également améliorer la sécurité des usagers, du site, lycéens, personnels et visiteurs. En générant des économies d'énergie. C'est déjà formidable. 

Mais la route du futur tracée par Eurovia peut aller beaucoup plus loin. En équipant 4 kilomètres de chaussée, on peut assurer le chauffage d’un écoquartier de 75 000 m2, qui requiert 3 MWh/an : "la route à énergie positive" devrait aussi intéresser les aménageurs urbains, et pas seulement pour l'équipement des pistes cyclables.

Cathy Lafon

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