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Sainte-Catherine : entrez dans les secrets de la vie amoureuse et sexuelle des arbres

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Les arbres, qui ont appris à se reproduire sans bouger, sont de sacrés séducteurs. Photo archives AFP

arbres,livre,critique,botanique,sylvicultureSamedi 25 novembre, c'est le jour de la fête des Catherine ! C'est aussi le moment idéal pour planter un arbre, si l'on en croit le vieux dicton bien connu des paysans et des jardiniers, amateurs ou non : "A la Sainte-Catherine, tout bois prend racine".  L'occasion pour Ma Planète de lever le voile sur les secrets de la reproduction des arbres, racontés dans le beau livre des botanistes Francis Hallé et Fredéric Hendoux : "Les arbres amoureux, ou comment se reproduire sans bouger". Un ouvrage magnifiquement illustré par les images zen et design de Stéphane Hette, à mettre, pourquoi pas, au pied du sapin pour les fêtes de Noël... Ou à offrir à votre Catherine préférée.

L'intelligence des arbres

En perçant une partie du mystère des hôtes de nos jardins, parcs, bois et forêts, "La vie des arbres", un livre vendu à 1 million d'exemplaires en six mois et suivi du film "L'intelligence des arbres", tourné au coeur des forêts, a rendu célèbre son auteur, le forestier allemand Peter Wohlleben. Il nous a aussi révélé l'insoupçonnable. Grâce à ce best-seller mondial dont la version pour enfants, "Ecoute les arbres parler", vient de paraître en France, on sait désormais que nos amis les arbres sont des êtres intelligents, qui s'entraident et souffrent comme les autres êtres vivants.

S'ils n'ont ni bouches ni oreilles, ils parlent aussi. Ou plutôt, ils communiquent entre eux, électriquement et chimiquement, par l'intermédiaire des hyphes, ces petits filaments blancs que l'on trouve dans le sol, et qui pour certains évoquent le réseau Internet. Pour prévenir leurs congénères qu'un danger les menace, ils sont capables d'envoyer des messages d'alerte. Les arbres émettent des bouquets de composés organiques volatils (COV) qui portés par le vent, préviennent d'autres plantes  : "Attention, un insecte prédateur, un champignon nocif !"  Les scientifiques qui les étudient ont constaté que parfois, certains végétaux prévenus du danger, rendaient leurs feuilles indigestes aux herbivores. Ce n'est pas tout. Selon des chercheurs de l'Inra, certains arbres ont même le don de "voir" leurs congénères dans la forêt. Ils peuvent détecter une partie du spectre lumineux des arbres voisins, grâce à plusieurs types de pigments répartis sur leur surface et qui renvoient ou absorbent certaines couleurs. 

L'immense générosité des arbres

Les arbres, décidément bourrés de qualités, sont également généreux envers les hommes : ils respirent et surtout, nous permettent de respirer, grâce à la photosynthèse. En utilisant le dioxyde de carbone et l'énergie du soleil, ils libèrent de l'oxygène, un mécanisme qui enrichit l'atmosphère d'oxygène, sans laquelle nous ne pourrions vivre sur terre. Ils nous soignent aussi, comme le frêne, aux propriétés anti-inflammatoires, l'eucalyptus qui traite les infections des voies pulmonaires, le giroflier, dont le clou de girofle apaise les douleurs musculaire ou dentaires, ou encore le pin maritime qui produit la célèbre essence de térébenthine officinale, utilisée en médecine comme expectorant, antiseptique urinaire et pulmonaire sous la forme de sirop ou de comprimés. Enfin, cerise sur le gâteau: des études montrent que vivre au milieu ou à proximité d'arbres est bon pour le moral. Des personnes dont les fenêtres donnent sur un espace vert ont moins de risques de se suicider. Les employés qui, au bureau, ont vue sur un parc arboré, sont 10% plus productifs.

Des "arbres-mères qui allaitent leurs enfants"

Pour se reproduire, les arbres sèment dans la forêt des graines autour d'eux pour assurer leur descendance.  Ca, ce n'est pas un scoop. Mais ils ont appris à le faire sans se déplacer : leurs racines grandissent et s'étendent, permettant à leurs rejetons de pousser. Les arbres nourrissent leurs enfants au travers des champignons mycorhiziens qui poussent sous la surface du tapis forestier et entretiennent des relations étroites avec leurs racines, créant des échanges d'une plante à l'autre. Le Dr Suzanne Simard, professeur d'écologie forestière à l'université de la Colombie-Britannique, parle même d'"arbres-mères qui allaitent leurs enfants"...

arbres,livre,critique,botaniqueDans l'intimité de vingt arbres

La reproduction sexuée des arbres, comme celle des plantes à fleurs, est basée sur la pollinisation. Mais dans le secret des frondaisons, leurs fleurs hautes en couleur utilisent les stratagèmes les plus divers et les plus étonnants ... C'est ce que nous fait découvrir le beau livre du botaniste Frédéric Hendoux et du photographe Stéphane Hette, introduit par Francis Hallé, botaniste de réputation internationale et spécialiste des arbres et forêts tropicales. Cette plongée dans l'intimité de vingt spécimens végétaux vient compléter l'incroyable leçon de vie que nous donnent les arbres. Sous l'écorce, ces surdoués de la nature ont aussi une vie amoureuse intense.  En matière de séduction, du noisetier à la clématite des haies en passant par le frêne, le charme, le merisier, le chêne pédonculé ou encore le pin sylvestre, les arbres, sexués, en font des tonnes. Leurs bourgeons, fleurs et chatons content fleurette, à dix, vingt ou trente mètres de haut, avant qu'ils ne confient leurs précieux pollens au vent, ce transporteur infatigable... Mais aussi aux insectes, bourdons, etc. Et pour faire l'amour, leur imagination n'a pas de limites.

Pour le pin, l'amour dure deux ans

arbres,livre,critique,botaniqueL'aulne glutineux, lui, fait l'amour avec une bactérie. Le frêne invente le troisième sexe: il présente des fleurs mâles qui ne produisent que du pollen, et des fleurs femelles qui ne portent que des ovaires, mais aussi certaines fleurs qui sont hermaphrodites, produisant sans vergogne pollen fertiles et ovules féconds... La sexualité du saule blanc, capable de s'enraciner à partir de n'importe quel endroit du tronc ou des rameaux, est débordante : Salix (c'est son nom savant), laisse le vent transporter son pollen mais aussi les insectes. Un double système baptisé ambophilie, pour un arbre particulièrement volage. Le saule blanc se croise aussi très facilement d'une espèce à l'autre. Sans surprise, le pin sylvestre a aussi choisi le vent comme mode de transport pour son pollen. Eole n'étant pas toujours très fiable, le pin est tellement méfiant qu'il produit son pollen en grande abondance. C'est ce qui explique qu'en période de pic de pollinisation, on observe des "pluies de soufre", allusion au jaune des grains disséminés par le vent, tellement l'air en est saturé. Mais surtout, alors que pour la plupart des plantes à fleur le processus de fécondation a lieu rapidement, chez le pin, il dure... deux ans !

Vous l'avez deviné : une fois refermé ce livre, vous ne regarderez plus jamais un arbre de la même façon...  Et surtout, vous n'oublierez plus jamais de souhaiter leur fête aux Catherine.

Cathy Lafon

►A LIRE 

  • "Les arbre amoureux : ou comment se reproduire sans bouger". Francis Hallé, Stéphane Hette, Frédéric Hendoux. Editions La Salamandre, en partenariat avec le Muséum national d'histoire naturelle. 39 euros.

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