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Eco-Emballages : en 25 ans, nos ordures sont devenues des déchets qui valent de l’or

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Au centre de tri d’emballages recyclables de la Communauté de communes de l’île d’Oléron (Charente-Maritime). Photo Archives Sud Ouest

Il y a 25 ans à peine, en France, nos poubelles débordaient... On jetait tout et n’importe quoi en vrac, des épluchures des légumes aux emballages plastiques et les bouteilles de verre, en passant par les vieilles chaussures et les jouets cassés. Ca c’était avant la naissance, en 1992, d’Eco-Emballages et de l’idée du tri sélectif par les citoyens. Désormais valorisée, une partie de nos déchets sert aujourd'hui à fabriquer de nouveaux emballages ou encore de nouveaux objets de consommation. Cette bonne pratique est le fruit d'une longue histoire, racontée par Philippe-Loïc Jacob, président de la société Eco-Emballage depuis 10 ans, dans le livre "Green is the new gold", publié ce mois-ci aux éditions du Cherche-Midi. 

Poubelle, l'inventeur de la poubelle et le précurseur du tri des déchets

Le saviez-vous ? L’invention de la poubelle, n’est pas si vieille. Elle remonte à la fin du XIXe siècle. Le 24 novembre 1883, le tout nouveau préfet de la Seine, Eugène Poubelle, signait un arrêté qui obligeant les propriétaires parisiens à fournir à chacun de leurs locataires un récipient muni d'un couvercle pour accueillir les déchets ménagers. Parallèlement, le préfet impose aussi le ramassage des ordures. Avant-gardiste, ce préfet écolo avant l’heure, avait même prévu la collecte sélective : trois boîtes était obligatoires, une pour les matières putrescibles, une pour les papiers et les chiffons, et une pour le verre, la faïence et les coquilles d'huîtres…  

Une date-clé dans l'histoire de l'hygiène publique. Cependant, comme pour tout grand changement de mode de vie, fut-il bénéfique pour la santé et l'environnement, à l'époque, l'arrêté Poubelle est d'emblée rejeté. Le préfet doit faire front à une campagne de presse hostile relayant une vaste levée de boucliers de la part de la population parisienne. En tête, les chiffonniers, quelque 40 000 à Paris, qui voient dans le préfet Poubelle le fossoyeur de leur métier. L'arrêté suscite aussi la colère des propriétaires, qui payent de nouvelles charges, et des concierges, obligées d'accomplir des tâches supplémentaires... Bref, tout le monde est contre. Pourtant, pour une fois, le bon sens triomphera et l'essentiel des décisions du préfet finira par être appliqué. L'exemple de Paris fera peu à peu tache d’huile en province. Devenu nom commun, le mot "poubelle" est entré en 1890 dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle. 

La fin de l'emballage consigné signe l'emballement de la production des déchets

Au tout début des années 1970, la fin de l’achat en vrac dans les épiceries et de l’emballage consigné - qui perdure encore dans certains pays dont l’Allemagne, et permet de récupérer pour un nouvel usage notamment les bouteilles en verre (de vin, de bière et de lait) - passe pour le nec plus ultra du "modernisme". En réalité, avec le passage de la bouteille consignée en verre à la bouteille en plastique, l’Hexagone entre dans l’ère douteuse du tout-jetable et s’engage sur un chemin qui s'avérera mortifère pour la planète et la santé humaine, celui de l'inflation de la pollution par les plastiques.

1992 : la naissance d'Eco-Emballages

Il faudra attendre un siècle après l'arrêté Poubelle, pour que l'idée du tri sélectif par les citoyens resurgisse. Portée par Jean-Louis Beffa, aujourd'hui président d’honneur de Saint-Gobain, elle débouche au tout début des années 1990 sur la création, en 1992, d’une organisation innovante dont il est co-fondateur. Eco-Emballages (des mots "écologie" et "emballages"), allait développer un geste citoyen destiné à réduire les coûts de gestion des déchets (verre, plastique, carton, papier...) en développant de nouvelles modalités de traitement, moyennant le paiement par les industriels d’une petite taxe supplémentaire. 

68% des emballages tricolores recyclés... seulement

Loin d'être l'une des meilleurs élèves en Europe en matière d'environnement, la France a encore bien des progrès à faire également pour ses déchets.  En 2014, seuls 23% de l'ensemble des déchets plastiques étaient recyclés, après le tri. Parmi les restants, 60% étaient encore incinérés ou enfouis avec les autres déchets ménagers. Fin 2017, l'Hexagone recycle en partenariat avec les collectivités locales près de 70% de l'ensemble de ses emballages ménagers contre 18% il y a 25 ans. Mais ce taux de recyclage plafonne toutefois depuis 2014, à un rythme incompatible avec l'objectif de 75 % du Grenelle de l'environnement. 

Pilier de l'économie circulaire

Au premier rang des acteurs de cette évolution vertueuse malgré ses insuffisances, Eco-Emballage est devenue une instance de dialogue et de négociation entre les 50 000 entreprises qui produisent les emballages, la grande distribution qui les utilisent, les 36 000 communes qui organisent la collecte et le tri, l'ensemble des citoyens et les multiples associations et ONG qui veillent au fonctionnement et au renforcement de l’ensemble de la chaîne. Fonctionnant sur le modèle d’une entreprise à but non lucratif, elle est aussi un pilier de l’économie circulaire.  

emballages,tri,déchets,économie  circulaire,recyclage,eco-emballage,ecofolio,citeo,histoire"Le tri, premier acte citoyen devant le vote"

Fruit d’"une aventure humaine partagée et visionnaire", en 25 ans, la réussite d'Eco-Emballage" a instauré le geste de tri, devenu aujourd’hui "le premier acte citoyen des Français devant le vote", assure Philippe-Loïc Jacob dans son livre. Mais si nombre de nos déchets (acier, aluminium, papier, carton, verre, plastique…), triés, sont recyclés pour fabriquer de nouveaux produits, à l’instar des bouteilles plastiques, réinjectées sous forme de granules pour servir à la fabrication de tissus (les fameux polaires), de rembourrage pour les coussins (douze bouteilles d’un litre et demi pour obtenir un coussin), ou encore de stylos-bille (une bouteille pour un stylo-bille), le combat de leur valorisation est loin d’être fini. Et encore moins gagné.

L'enjeu du réchauffement climatique

D'autant que la lutte contre le réchauffement climatique a rajouté ces dernières années une pression supplémentaire sur les industriels mais aussi les consommateurs et la société civile. Pour réduire nos émissions de CO2, il faut non seulement recycler les déchets, mais aussi agir en amont, produire moins d’emballages, plastiques notamment, afin de réduire drastiquement le volume des déchets à traiter - sachant qu’on ne pourra vraisemblablement pas tous les supprimer radicalement à la source - et s’engager à fond dans l’économie circulaire. Pour vous faire une petite idée de l’énormité de l’enjeu pour l’’environnement, sachez que les 3,3 millions de tonnes d’emballages recyclées en  France en 2016 équivalent à 2 millions de tonnes de CO2 évitées… Et que l’éco-conception a permis d'éviter la production de quelque 106 000 tonnes d’emballages entre 2007 et 2012...

Un système "gagnant-gagnant"

C'est précisément pour augmenter la performance du dispositif collecte-tri-recyclage, en répondant à l'un des défis majeurs écologiques de ce début du XXIe siècle, qu'Eco-Emballage s’est rapproché d’Ecofolio, spécialisée elle dans le papier. Le mariage a donné naissance en septembre 2017 à Citeo. Une nouvelle aventure qui se veut gagnante-gagnante à 100 % : porteuse de solutions innovantes aux problèmes écologiques de la planète liés à la (sur)consommation, l’économie du tri et du recyclage est aussi créatrice d’emplois durables. 

Cathy Lafon 

►A LIRE

  • "Green is the new gold : il y a de l'or dans nos poubelles", de Philippe-Loïc Jacob, éditions Cherche-Midi, 192 pages, 19 euros.

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  • Les articles de Ma Planète sur le recyclage des déchets : cliquer ICI
  • Les articles de Ma Planète sur Eco-Emballages : cliquer ICI
  • Les articles de Ma Planète sur Ecofolio : cliquer ICI

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