Sur les trace de l'ours dans les Pyrénées : "le théâtre de boulevard" de Cannellito, Rodri et Néré nous font "du théâtre de boulevard"!
Cannelito est bien vivant, mais où est-il précisément ? Photo DR
Vous vous rappelez, la bonne nouvelle dont Ma Planète s'était fait l'écho, le 13 octobre dernier à propos de l'ours Cannellito ? Des analyses génétiques effectuées sur des poils d'ours prélevées dans les Pyrénées, confirmaient que le fils de l'ourse Cannelle, l'un des derniers ours de souche pyrénéenne qui avait disparu depuis des mois et dont on craignait qu'il ne fut mort, est bien vivant.
Un ours photographié par un appareil automatique le 15 août dernier à Estaing, dans le val d’Azun (65), au-dessus de Lourdes, semblait correspondre à son gabarit. Pour en avoir le coeur net, des poils de l'animal qui avaient été collectés sur son passage ont été analysés pour voir si le profil génétique confirmait l’hypothèse. Si la génétique a parlé, confirmant que Cannellito était bien passé par là, Alain Reynes, le président de l'association Pays de l'ours-Adet nous apporte de passionnantes précisions.
Contrairement à ce que l'on pouvait déduire de cette découverte, l'ours photographié à Estaing n'était a priori pas Cannellito, mais Rodri, un jeune mâle né en Pyrénées centrales. De son côté, Cannellito a été identifié au printemps en vallées d'Aure et du Louron (65), et à Luchon (31), où Néré a également été identifié, à 10 jours d'intervalle de Cannellito, en juin. "Etonnant !, s'amuse le défenseur du plantigrade pyrénéen. Ainsi, tandis que les mâles habituellement à l'ouest faisaient une incursion au centre du massif, un autre, venant du centre est allé faire un tour à l'ouest ... On dirait du théâtre de boulevard ..." Ou le ballet bien réglé de danseurs de l'Opéra.
Bref, vous l'avez compris, pour suivre nos ours, aussi peu nombreux soient-ils, ça se complique... "La génétique, explique Alain Reynes, ne nous permet de connaître que partiellement et a posteriori les déplacements de chacun". "Bien malin qui peut dire à cette heure où ils sont allés depuis et où ils sont aujourd'hui. Les résultats d'analyse des échantillons du second semestre nous en apprendront peut être un peu plus", ajoute Alain Reynes. Inutile de dire que nous comptons sur lui pour nous le faire savoir.
"L'Ours, Pyrénées et Monts cantabriques", un livre à lire et à offrir
Tiens, tant qu'on y est, profitons en pour partager une autre info qui va passionner les amoureux des Pyrénées et de la nature. Gérard Caussimon, président du Fonds d'intervention écopastoral (FIEP) et Roberto Hartasanchez, son homologue espagnol, président du Fonds pour la protection des animaux sauvages (FAPAS) des Asturies, viennent de publier un ouvrage commun : "L'Ours, Pyrénées et Monts cantabriques". Pour celles et ceux qui ont du mal avec la géographie, sachez que la cordillère cantabrique longe le golfe de Gascogne et s'étend sur 480 km dans la continuité montagneuse des Pyrénées, depuis le Pays basque jusqu'aux Pics d'Europe et aux massifs galiciens à l'ouest.
Revenons à nos ours et au livre qui leur est dédié : cette somme (196 pages) richement illustrées de photos justement prises en déclenchement automatique, constitue une première du genre et permet de comparer deux démographies ursines. Celles et ceux qui suivent l'histoire des ours de loin seront étonnés d'y apprendre que 200 ours vivent aujourd'hui dans les monts cantabriques, où l'on en comptait seulement une soixantaine dans les années 1990, contre moins de 40 sur tout le massif pyrénéen franco-espagnol.
Sans surprise, pour celles et ceux qui sont informés des multiples rebondissements de la "guerre de l'ours" à la française, l'explication vient de la politique du développement du tourisme de la nature en montagne, menée chez nos voisins espagnols dès les années 80, qui ont su concilier l'extension de la population du plantigrade avec le pastoralisme. Au final, les données présentées par les deux naturalistes, interrogent aussi sur la place que nous laissons à la faune sauvage et à la nature que nous voulons pour demain, à l'heure où, les scientifiques nous le disent, la biodiversité s'effondre de façon alarmante. Une belle idée de cadeau de Noël.
►A LIRE
- "L'ours, Pyrénées et Mont cantabriques", coédité par le FIEO et le Fapas. 196 pages, 30 euros. En vente directe en français et en espagnol au siège du Fiep, 1, rue Boyrie, à Pau. Pour commander par Internet : cliquer ICI
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