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Développement durable : en France, le livre "vert" est à inventer

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Cette année, 10 millions de manuels scolaires sont périmés. Photo AFP

C'est la rentrée, scolaire et littéraire. Les bousculades du mois de septembre dans les librairies sont plutôt réjouissantes, car elles sont un bon signe pour la promotion du livre et de la lecture, toujours à soutenir. En revanche, quand on passe à la caisse avec ses bouquins sous le bras, on n'a pas vraiment conscience de contribuer au réchauffement climatique, à la déforestation ou à la destruction de l'emploi dans l'Hexagone.  Et pourtant... 

En France, le livre est loin d'être vert. Une « filière durable du livre », de la fabrication du papier aux pratiques commerciales des distributeurs et des éditeurs, est même carrément à inventer, affirme un rapport publié le 12 septembre, qui traque les coûts sociaux et environnementaux de l’édition française. Pas par mauvaise volonté, mais plutôt par ignorance. Autant dire qu'il va falloir faire de la pédagogie... et qu'il y a urgence.

Sévère, le rapport, réalisé par le Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic), détaille les multiples points noirs du secteur de l’édition d’un point de vue écologique: destruction de 20 à 25% de la production annuelle de livres édités dans l’Hexagone, délocalisation de l’impression, pâte à papier issue de forêts exploitées non durablement, gaspillage de papier lors de l’impression, faible utilisation de papier recyclé.

La systématisation des labels

« Un des points marquants de l’étude est l’ignorance, de la part des professionnels comme des citoyens, des impacts liés à la consommation de livres, en partie en raison de l’absence de traçabilité de la matière première, le papier». Rapport Basic

L’utilisation plus systématique de labels certifiant les plantations de bois ou de papier recyclé (seulement 10% du papier impression-écriture en 2013) sont des pistes d’amélioration. Mais « aucune alternative ne peut à elle seule mettre fin aux impacts constatés » et il est jugé « urgent » de s’attaquer à la surproduction, de favoriser l’amélioration du recyclage du papier et la relocalisation des étapes de fabrication, estime ce rapport.

Un quart de la production annuelle des livres au pilon

La mise au « pilon » d’environ un quart de la production annuelle de livres, soit quelque 142 millions d’ouvrages, véritable gabegie, est la conséquence de la rentabilité à court terme exigée aujourd’hui par les grands groupes d’édition, déplorent aussi les auteurs. Cette rentabilité conduit à renouveler constamment l’offre et à rechercher un « effet de masse » avec une présence dans un grand nombre de points de vente. L’impression sur des presses numériques peut contribuer toutefois à réduire le « pilon » en permettant une réimpression rapide et à un coût faible et en générant aussi moins de papier gâché lors de l’impression. 

Le double lourd impact, social et carbone, de la délocalisation de l'impression

Dernière mauvaise pratique du secteur et non des moindres, outre son impact social (une perte de 10 000 emplois en 5 ans, entre 2009 et 2014), la délocalisation de l’impression, qui concerne 25 à 40% des titres vendus en France, est critiquée, car elle est source de davantage d’émissions de gaz à effet de serre induites par le transport. D'autant que lorsque l’impression est réalisée en France, elle est majoritairement (52%) faite à partir de pâte à papier achetée à l’autre bout du monde, notamment au Brésil (49% de la pâte à papier importée en France en 2015). Ce qui a déjà contribué, en amont, à polluer l'atmosphère et nourrit le réchauffement climatique en cours. 

Une seconde vie pour les manuels scolaires

Des solutions et des initiatives pour réduire le gaspillage et faire de la pédagogie existent dores et déjà dans l'Hexagone. A titre d'exemple, en 2016, une opération d’envergure pour collecter les 11 millions de manuels de collège qui seront remplacés en septembre avec l’entrée en vigueur de nouveaux programmes, a été lancée par les éditions Belin et Veolia, géant français de la gestion de l’eau, de l’énergie, et des déchets. Baptisée « Écogeste Collèges 2016 », l'opération avait choisi de s’associer avec les principaux des 6 800 collèges métropolitains, qui pouvaient s’inscrire sur la plate-forme Web dédiée au projet sur le site de l’éditeur. 

La première édition d’« Écogeste collèges » avait été un franc succès : pas moins de 1 475 000 manuels scolaires obsolètes avaient été collectés. Cette année, le changement des programmes en langues, sciences de la vie et de la terre et physique-chimie de la 5ème à la 3ème, permettront à Veolia et les Editions Belin de collecter jusqu’à 10 millions de livres périmés ; une fois recyclés, ils pourraient permettre de fabriquer 16 millions de cahiers de 96 pages grand format. Les bénéfices de l’opération seront reversés à l’UNICEF pour financer des actions en faveur de l’enfance et de l’éducation (en 2016, les bénéfices ont permis de fabriquer 17 000 cahiers d’exercices). 

Bref, pour "verdir" le livre, on sait ce qu'il faut faire : y a plus qu'à !

Cathy Lafon avec l'AFP

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