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Surcoût des fruits et légumes bio: l'UFC dénonce les tarifs prohibitifs de la grande distribution

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En grande-surface, Les fruits et légumes bio restent en moyenne 79% plus chers que leurs équivalents en agriculture conventionnelle. Photo AFP

"Le bio, c'est bien beau et on voudrait bien n'acheter que ça, mais c'est cher !" La plainte récurrente des consommateurs qui font attention à leur porte-monnaie est bel et bien fondée. Une étude publiée par l’UFC-Que Choisir le 28 août dernier, vient de le dénoncer : dans la grande distribution, fruits et légumes bio restent en moyenne 79% plus chers que leurs équivalents en agriculture conventionnelle, des tarifs prohibitifs pour les plus modestes et qui proviennent en grande partie de « sur-marges » pratiquées par les distributeurs.

L'étude menée par l’association de consommateurs entre mai 2016 et mai 2017, sur 1 541 magasins, montre que le prix du panier annuel en fruits et légumes bio revient pour un ménage français en moyenne à 660 euros, contre 368 euros pour le conventionnel. Près du double.  La raison de ce surcoût : les "sur-marges" pratiquées par les grande surfaces. « Si les coûts de production sont plus élevés en bio (rendements plus faibles, main d’oeuvre relativement plus importante …), ceci n’explique qu’à peine la moitié du surcoût pour les consommateurs » dont « 46% provient en réalité des sur-marges réalisées sur le bio par les grandes surfaces », indique l’UFC dans un communiqué.

Poireaux, pommes et tomates en tête

Ainsi, sur la consommation annuelle de fruits et légumes d’un ménage, la grande distribution réalise 304 euros de marge brute – différence entre le prix de vente et le prix d’achat – sur le bio, contre 169 euros pour le conventionnel. Cet écart varie fortement d’un produit à l’autre, de +191% pour les poireaux à -36% pour le chou-fleur. Pour les pommes et les tomates, deux produits  c’est respectivement 163% et 145% de marges qui sont facturées en plus au consommateur, note l’UFC ! Pas vraiment une paille, surtout quand on sait que ces deux produits parmi les plus consommés par les Français, sont en outre ceux qui sont les plus contaminés par les pesticides, dans l'agriculture conventionnelle. Et donc figurent en tête des intentions d'achats des consommateurs en quête d'une alimentation plus saine.

Le producteur bio lésé

On s'en doutait un peu, vu la politique de la grande distribution, ce n'est pas le producteur bio qui bénéficie du surcoût. « Au global, la stratégie de marge de la grande distribution – à la justification économique obscure – aboutit à renchérir de 135 euros le panier bio annuel d’un ménage. Autrement dit, seulement la moitié du surcoût du bio payé par le consommateur va à la production, le reste étant capté par la grande distribution en sur-marges », dénonce l’association. 

Le bio, vache à lait de la  grande distribution

L'étude de l'UFC, à l'heure où le marché du bio, en plein boom, suscite bien des appétits, tombe à pic. En 2016, les Français, soucieux de l'impact du contenu de leur assiette sur leur santé, mais aussi sur l’environnement, ont dépensé 7 milliards d’euros pour manger bio. Un montant en croissance de 20 %. Or les grandes enseignes, premier canal de distribution, en contrôlent 42 %... De là à dire que le bio est la vache à lait de la grande distribution, au détriment des agriculteurs et des consommateurs, il n'y a qu'un pas...

La  grande distribution, vent debout

Vent debout, la grande distribution, Lidl et Système U en tête, a démenti l'étude de l'UFC. La Fédération du commerce et de la distribution (FCD), dans un communiqué de presse, a fait savoir dans un communiqué de presse, le 29 août, qu’elle condamnait  « totalement ce genre d’étude approximative ». Selon, la FCD, si l’on raisonne en proportion, le taux de marge brute sur les fruits et légumes bio est en moyenne équivalent à celui du conventionnel : 46 % du prix global du panier.

Frein rédhibitoire

Le problème, c'est que ces différences de prix et de marges constituent « un frein rédhibitoire » l’accès au bio pour de nombreux ménages, condamnés de fait à la malbouffe, indique l’UFC, qui réclame à l’Observatoire des prix et des marges de « faire toute la transparence sur les marges » réalisées sur le bio. Cet accès restreint au bio est par ailleurs renforcée par la difficulté de trouver une offre suffisamment fournie en magasin. Ainsi, dans 43% des grandes surfaces, il apparaît impossible de trouver à la fois des pommes et des tomates bio. Par ailleurs, les rayons bio semblent moins régulièrement approvisionnés que leurs versions conventionnelles, note l’association, qui a relevé des casiers de tomates bio vides ou presque vides dans près d’un quart des magasins qu’elle a visités. 

Modes de consommation alternatifs

Pour se nourrir en bio avec un budget raisonnable, il existe toutefois bien des modes de consommation alternatifs à l'achat en grande-surface où la majeure partie des consommateurs font leurs emplettes. Les marchés, sur lesquels ont peut trouver en vente directe fruits et légumes bio de saison, en vrac, et bien moins cher que dans les grandes surfaces. Les Amap sont un autre moyen de s'approvisionner bio et local, à des prix intéressants. Enfin, mieux vaut réduire sa consommation de viande et apprendre à privilégier le vrac, les produits de saison et à rayer de sa liste les plats cuisinés, y compris dans les magasins spécialisés en bio. Au consommateur aussi de changer son alimentation et de de faire jouer la concurrence : il est illusoire de vouloir convertir un panier conventionnel en panier bio !

Cathy Lafon

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