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La France publie deux listes de biocides et de pesticides susceptibles de contenir des perturbateurs endocriniens

 

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Epandage de pesticides dans le  Sud-Ouest, avril 2016. Photo archives AFP

Opération transparence pour le gouvernement qui vient de publier sur Internet deux listes de pesticides susceptibles de contenir des perturbateurs endocriniens (PE), "au nom de l’information du public", selon le ministère de la Transition écologique et solidaire. En France, la démarche est assez rare pour être saluée, en dépit des critiques formulée par les ONG après l'approbation par la France, le 4 juillet, des critères de définition européens de définition des substances ayant un effet sur le système hormonal. 

Deux listes de 1 600 produits biocides et pesticides

Présents dans les pesticides mais aussi de nombreux produits de la vie quotidienne (cosmétiques, peintures, jouets, contenants alimentaires etc), les perturbateurs endocriniens (PE) dérèglent les fonctions du système hormonal, nuisant à la santé et la reproduction des populations, y compris à de très faibles niveaux d’exposition. Mises en ligne le vendredi 14 juillet sur les sites des ministères de l’Écologie et de l’Agriculture, ces deux listes – non exhaustives – contiennent les noms d’environ un millier de biocides pour l’une (insecticides pour la maison, produits de protection du bois ou pour l’hygiène vétérinaire), et près de 600 phytosanitaires (fongicides, herbicides, insecticides) pour l’autre. 

L'acceptation par la  France des critères européens

Ces" listes de produits pesticides autorisés susceptibles de contenir des substances perturbatrices endocriniennes" ont été rendues publiques, "conformément aux engagements des ministres français de la Transition écologique et solidaire, de la Santé et de l’Agriculture" le 4 juillet. Ce jour-là, les États de l’UE – dont la France – s’étaient accordés pour définir les PE dans les pesticides. Un texte qualifié comme "insuffisant en l'état" par Nicolas Hulot qui le saluait toutefois aussi comme une avancée car devant permettre l’interdiction de nombreuses substances, mais critiqué par les ONG pour son manque d’ambition.

Générations Futures, notamment, regrette "l'insuffisance des critères adoptés", qui, selon son porte-parole François Veillerette, "ne garantiront pas un bon niveau de protection de la santé humaine et de l'environnement que les scientifiques et les citoyens attendent". L'ONG estime notamment que "les critères exigent un niveau de preuve très élevé, ce qui rend l'identification des substances comme des produits chimiques perturbateurs endocriniens  (EDC) très difficile et risque d'entraîner de longs retards". Par ailleurs, "l'exemption proposée pour l'identification de certains pesticides et biocides conçus pour agir par un mode d’action de perturbation endocrinienne" ne satisfait pas Générations Futures, car "elle compromet fortement l'objectif du droit européen d'éliminer l'utilisation des EDC dans les pesticides et les biocides".

Etre informé pour orienter ses choix d'achats

"On a gagné une bataille mais pas la guerre" contre les PE, avait alors commenté Nicolas Hulot en résumant la situation et en promettant toute une série de mesures au niveau national. Parmi ces promesses, la publication "des produits phytopharmaceutiques et biocides mis sur le marché français qui contiennent au moins une des substances identifiées par la Commission comme perturbateur endocrinien, afin que les citoyens, agriculteurs et professionnels puissent, en l’attente de l’entrée en vigueur concrète de l’exclusion européenne, orienter leurs choix d’achats". Promesse tenue donc, malgré deux bémols.

"Y voir plus clair"

Le ministère prévient: les substances étant le fruit d'une précédente étude d'impact de la PE, "Des substances sont donc susceptibles de ne plus figurer dans cette liste après analyse détaillée par les agences sanitaires européennes. A l’inverse, d’autres substances non identifiées à ce jour peuvent y être intégrées ultérieurement". Deuxième bémol :  Générations futures, comme d'autres ONG, "met en garde sur l’intérêt des listes publiées par le ministère de l’Ecologie". François Veillerette regrette que "les listes ne portent que sur des produits commerciaux" et attend du ministère qu'"il publie la liste des matières actives concernées pour qu'on y voit plus clair". 

Cathy Lafon 

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