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Plan climat : ambitieuse, la France vise la neutralité carbone d'ici à 2050

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Edouard Philippe et Nicolas Hulot visent pour la  France la neutralité carbone d'ici à 2050. Photo AFP

Faste semaine: pour l'écologie et le climat, le quinquennat d'Emmanuel Macron démarre en fanfare. Et dans la plus parfaite harmonie entre le chef de son gouvernement, Edouard Philippe, et son ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. En témoignent la concordance entre les grandes lignes annoncées par le premier devant l'Assemblée nationale, mardi 4 juillet, et le contenu du vaste plan climat dévoilé par le second, ce jeudi 6 juillet. "Make our planet great again" n'est plus un slogan, mais un plan d'action. Revue de détail.

Neutralité carbone en 2050

plan climat,nicolas hulot,transport,automobile,diesel,essence« Ceux qui tournent le dos à l'accord de Paris (...) montrent qu'ils ont peur du futur », a entamé vaillamment Edouard Philippe dans son discours de politique générale le mardi 4 juillet, devant l'Assemblée nationale, en abordant le chapitre des défis que la France doit relever pour préparer l'avenir. Au premier rang desquels, pour préserver le climat, la transition écologique et énergétique. « Nous voulons arriver à la neutralité carbone d'ici à 2050 » , a-t-il annoncé tout aussi vaillamment, surprenant ainsi bon nombre d'écologistes (même s'ils ne l'avoueront pas tous), pas vraiment habitués à ce que les ambitions du pays en matière d'écologie soient revues à la hausse par le gouvernement.  

Des ambitions revues à la hausse

Le cap fixé par le premier ministre reprend donc celui porté par Nicolas Hulot le ministre de la Transition écologique et solidaire. Signe positif pour les défenseurs de l'environnement, la France va au-delà du cap fixé par la loi de transition énergétique de 2015 et celui de l'Accord de Paris qui prévoit d'atteindre cette neutralité carbone « au cours de la deuxième moitié du siècle » . La neutralité carbone ne signifie pas que la France aura cessé toute émission de CO2 en 2050, mais elle implique que  le niveau des émissions de gaz à effet de serre ne soit pas plus élevé que les émissions captées (forêts,...). Bref, que l'Hexagone compensera tout ce qu'il en reste, comme d'autres pays où les grandes villes du monde, à l'instar de Paris, qui s'y sont engagés avant elle. Ce nouvel objectif est plus ambitieux que les projets initiaux qui visaient jusqu'ici à diviser par quatre les émissions françaises entre 1990 et 2050, avec une baisse de 40% en 2030.

50 milliards d'euros en cinq ans

Parmi les moyens d'y parvenir, Edouard Philippe a annoncé avec clarté plusieurs mesures clés. Il avait notamment souligné que le plan d'investissements de 50 milliards d'euros en cinq ans promis par Emmanuel Macron concernerait, entre autres, la transition écologique. « La montée en puissance de la fiscalité carbone sera accélérée », a-t-il affirmé, faisant allusion à la contribution climat-énergie créée fin 2013, qui a consisté à introduire dès 2014 une « composante carbone » dans les diverses taxes portant sur les carburants. Initialement de 7 euros la tonne de CO2, le montant de cette contribution est passé à 22 euros en 2016, pour un produit fiscal attendu de près de 4 milliards d'euros.  

Pesticides et perturbateurs endocriniens aussi

Édouard Philippe, qui a également déclaré mardi, vouloir « préparer notre pays et la planète à (une) nouvelle ère » , a confirmé plusieurs promesses du candidat Macron: la « convergence entre la fiscalité du diesel et de l'essence avant la fin de la mandature » , la fin des nouveaux permis d'exploration d'hydrocarbures, et donc du pétrole et des gaz de schiste,  le recyclage de « 100 % des plastiques » d'ici à 2025, la « suppression des passoires thermiques » dans le bâti et les logements dans les dix prochaines années, qui pèse lourdement sur la facture des ménages les plus modestes, ou encore une transformation en profondeur de l'agriculture à travers les États généraux de l'alimentation qui doivent se tenir à partir de la mi-juillet. Le premier ministre a aussi affirmé que le gouvernement ne ferait pas "l'autruche" sur "la question sensible des pesticides et des perturbateurs endocriniens". 

Réduire l''empreinte carbone de la France" et mettre fin à la déforestation en 2030

plan climat,nicolas hulot,transport,automobile,diesel,essenceLe cap général ayant été fixé par le premier ministre, Nicolas Hulot a présenté ce jeudi les leviers d'action de la stratégie du pays, via son vaste plan climat interministériel, "1 planète, 1 plan". Six grands thèmes, 23 axes, "en cohérence avec l'accord de Paris et les financements prévus", "allant de l'international au quotidien des Français" pour réduire l'empreinte carbone de la France.  Objectif : "atteindre la neutralité carbone d'ici 2050", a redit le ministre de l'Ecologie. À cette date, la France ne devra pas produire plus de CO2 que ses forêts ne pourront en absorber. A ce titre, Nicolas Hulot entend également mettre fin à la "déforestation importée" en France : en clair, tous les produits (à l'instar de l'huile de palme) responsables de déforestation n'auront plus le droit de cité sur le sol français. Il se fixe ainsi comme objectif de participer à "diviser par deux la déforestation en 2020 et y mettre fin en 2030".

La fin des énergies fossiles en 2040

Nicolas Hulot a donné plus de détails sur le développement des énergies renouvelables et la baisse de la part du nucléaire dans la production électrique hexagonale, des points clés de la transition énergétique que le premier ministre n'a pas abordé dans son discours, et sur lesquels les attentes de la société civile et des ONG sont grandes. Pour les  énergies renouvelables, le ministre espère qu'elles atteindront 32% de la production totale d'énergie d'ici à 2030.  Enfin, le ministre l'a répété jeudi : la part du nucléaire devra être réduite à 50% de la production de l'électricité en France d'ici 2025, conformément à la loi de Transition énergétique votée en 2015.

Mais cela ne devra pas être compensé par une hausse de la production de carbone. Le gouvernement "veut aider les français à produire et consommer leur propre électricité". Au début de l'automne, une loi sera adoptée pour interdire tout nouveau permis d'exploitation de pétrole et de gaz en France, qui proposera une interdiction de la production d'électricité au charbon d'ici cinq ans, en 2022. Objectif : d'ici à 2040, les énergies fossiles ne devront plus être exploitées en France du tout. Le prix payé par les entreprises pour chaque tonne de carbone produite devra, lui, comme prévu, dépasser les 100 euros d'ici 2030. 

Fin des véhicules polluants en 2040 et éradication des passoires thermiques dans les logements en 2040

plan climat,nicolas hulot,transport,automobile,diesel,essenceLe ministre de la Transition énergétique a également annoncé que le gouvernement proposerait une prime de transition pour remplacer une voiture diesel d’avant 1997 ou à essence d’avant 2001 par un véhicule plus propre, neuf ou d’occasion. Objectif : permettre aux ménages modestes dont les véhicules polluants se voient aujourd'hui interdire l'accès en centre ville, d'acheter un véhicule aux normes Crit'Air. Nicolas Hulot fixe par ailleurs à 2040 la fin de la vente des véhicules diesel et essence en France, et à 2027 l'éradication des passoires thermiques dans le logement: sur ce dernier point, "quatre milliards d'euros seront investis dans la lutte contre la précarité énergétique".

Etats généraux de l'alimentation

Enfin, le ministre a par ailleurs confirmé son engagement de mettre en place des états généraux de l'alimentation à partir de ce mois de juillet, avec le ministère de l'Agriculture. Préservation des sols, développement du bio, pesticides, salaire des agriculteurs... Autant de thèmes qui devraient être abordés à partir du 17 juillet pour des conclusions rendues à l'automne. 

"La transition énergétique est irréversible"

Côté ONG, on est plutôt content. S'ils ont fait savoir qu'ils se mobiliseraient "pour faire en sorte qu’ils aboutissent à des réformes concrètes et ambitieuses", la FNH, le Réseau Action Climat (RAC) et le WWF, notamment, ont plutôt bien accueilli le plan climat de Nicolas Hulot. En revanche,  les associations regrettent que celui-ci passe sous silence la nécessaire fermeture de réacteurs nucléaires, indispensable à l'atteinte des objectifs de la loi de Transition énergétique pour laisser la place aux énergies renouvelables. Et, "plus grave encore", pour le RAC, que "quelques sujets majeurs soient absents ou insuffisamment couverts par la feuille de route du gouvernement et tout particulièrement la taxe sur les transactions financières (TTF) et la réforme de la politique commerciale européenne".  

Dans un communiqué, le WWF, salue toutefois "la traduction progressive par la France de l’ambition de l’Accord de Paris qui engage les États vers un avenir bien en-dessous de 2°C et appelle à une transformation profonde de nos modes de production et de consommation." Pour Pascal Canfin, son directeur, "ce plan climat démontre que les pays ne peuvent plus tergiverser : la transition énergétique est irréversible et les perdants seront ceux qui ne sauront prendre le train en marche."

Irréversible

Les annonces de Nicolas Hulot vont-elles se concrétiser? Aura-t-il l'appui d'Emmanuel Macron ? Aura-t-il les moyens financiers pour mener à bien ce plan ? On peut toujours mégoter et s'interroger à loisir. On aimerait aussi plus de précisions sur le nucléaire. Mais dans l'ensemble, formulées par un militant écolo qui les porte depuis longtemps, les mesures du plan climat tricolore sont fortes et appropriées à la lutte contre le changement climatique. Porteuses d'espoir, elles marquent aussi le caractère irréversible de la transition énergétique et solidaire dans laquelle le pays s'engage, qui lui permettra de rejoindre les pays plus avancées qu'elle vers le "zéro carbone" (les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, le Danemark et même, c'est en cours, l'Inde). 

La France se positionne en outre clairement aujourd'hui pour devenir un des pays leaders dans le monde pour les solutions aux crises écologiques auxquelles nous sommes confrontés, et qui pèsent sur l'avenir même de l'humanité. On ne peut que s'en réjouir.

Cathy Lafon

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