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Présidentielle 2017 et nucléaire : les propositions des 5 principaux candidats au banc d'essai

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Le prochain président de la République héritera du dossier de la fermeture de la centrale de Fessenheim. Photo archive AFP

La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim fera donc partie des promesses non tenues durant son quinquennat par François Hollande, après avoir alimenté un long feuilleton "hollandien" émaillé de couacs gouvernementaux en tous genres.

Pour mémoire, lors de la campagne électorale de 2012, le candidat socialiste avait fixé à 2016 l'arrêt définitif de la plus vieille centrale de l'Hexagone (40 ans cette année) - jugée dangereuse car trop vieille et située sur une faille sismique - soit un an avant la fin de son mandat. Eminemment emblématique pour les écologistes, les anti-nucléaires et les associations de défense de l'environnement, la mesure ne tombait pas du ciel mais s'inscrivait dans le cadre  de l'objectif de réduction de 75% à 50% de l'électricité nucléaire dans le mix énergétique tricolore également promis par François Hollande. La loi de transition énergétique votée en 2015 a bel et bien consacré cet objectif d'ici à 2015, mais sans graver dans le marbre la fermeture de Fessenheim.

Mi-chèvre mi-chou

La saga du bras de fer entre l'Etat et EDF, hostile à la  fermeture et qui aura résisté jusqu'à la dernière minute pour maintenir la centrale en fonctionnement, n'a pas vraiment trouvé son épilogue, et son dernier épisode qui s'est joué ce jeudi 6 avril, riche en annonces contradictoires, n'a surtout pas "entériné" le" caractère irréversible" de la fermeture, contrairement à ce que veut laisser entendre la réaction à chaud de Ségolène Royal, la ministre de l'Environnement.

Le conseil d'administration de l'électricien, dont l'Etat est actionnaire à plus de 83%, a pris la nième (et dernière ?) décision mi-chèvre mi-chou, d'un quinquennat qui n'aura pas été avare en la matière : le CA a refusé de voter la demande d’abrogation de l’autorisation de l’exploitation de la plus vieille centrale nucléaire française, tout en adoptant une motion donnant mandat au patron d’EDF de "demander la fermeture le moment venu". A savoir lors du lancement de l’EPR en construction à Flamanville, dont la production doit se substituer à celle des deux réacteurs alsacien. Soit fin 2018, si tout va bien pour l’EPR.

Un point qui est loin d'être acquis, au vu des déboires et des retards à répétition (a moins 6 ans) pris par le chantier de Flamanville, dont les dérapages financiers ont en outre contribué à plonger la filière nucléaire, Areva et EDF en tête, dans le rouge.  Autrement dit, si l'on s'en tient à cette motion, si l'EPR ne peut entrer en fonctionnement, Fessenheim ne fermera jamais. Ce qui, on s'en doute, est loin de satisfaire les écologistes et de surtout de permettre au pays de réduire concrètement la voilure sur sa production d'électricité nucléaire comme la loi le prévoit.

Quoi qu 'il en soit, le décret de la fermeture de Fessenheim ne sera pas signé d'ici à la fin de la mandature et le dossier se retrouvera donc en bonne place sur le bureau du (de la) prochain(e) locataire de l'Elysée. D'autant que la décision d'arrêter les deux réacteurs ne fera que lancer une très longue procédure avant que l'ASN ne donne son feu vert au démantèlement. Qui lui-même durera des décennies, si tant est qu'il soit jamais achevé un jour.

Que prévoient les candidats à l'Elysée concernant le nucléaire et Fessenheim ?

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Sortir du nucléaire ou y rester ? Pour l'avenir du pays, le choix politique ne dépendra pas seulement de la facture qui, dans les deux cas, sera salée. Aussi, l'une des tâches les plus importantes et les plus ardues du (de la) prochain(e) président(e) de la République consistera-t-elle justement à définir la stratégie énergétique de l'Hexagone et donc à trancher sur le nucléaire. Sur les cinq principaux candidats à l'élection présidentielle, deux d'entre eux ont annoncé qu'ils annuleront la fermeture de Fessenheim s'ils arrivent à l'Elysée, les trois autres assurent qu'ils poursuivront la procédure pour la fermer. Au delà de cette seule mesure (non pas anecdotique mais emblématique d'une future politique énergétique), si tous les candidats se disent peu ou prou favorables au développement des énergies vertes, ils ont bel et bien des divergences notoires sur le nucléaire. Revue de détail.

1. François Fillon (Les Républicains) : ne fermera pas Fessenheim.

Le candidat de la droite et du centre est certainement le plus pronucléaire des cinq principaux candidats à l’Élysée. Hostile à la réduction à 50 % du nucléaire d’ici 2025, qu'il remettra en question s'il est élu, il veut allonger la durée d’exploitation des 58 réacteurs de quarante à soixante-dix ans si EDF obtient le feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), développer des réacteurs de petite et moyenne puissance, soutenir les études sur les réacteurs de quatrième génération, tout en développant toutefois la filière industrielle des énergies renouvelables.

2.Benoît Hamon (Parti socialiste) : fermera Fessenheim.

Le candidat socialiste, à qui s’est rallié l’écologiste Yannick Jadot, veut sortir des énergies fossiles, diminuer la part d’électricité nucléaire à 50 % en 2025, fermer en priorité les centrales âgées de plus de 40 ans, qu’il juge les plus dangereuses, et sortir du nucléaire en développant économies énergétiques et énergies vertes. Il prévoit de fermer le dernier réacteur aux alentours de 2050, et donc de sortir définitivement du nucléaire à cet horizon.

3. Marine Le Pen (Front national) : ne fermera pas Fessenheim.

La candidate de l'extrême droite est favorable au nucléaire, selon elle, un élément important de l’indépendance énergétique du pays. Elle veut poursuivre l’EPR de Flamanville, rénover les centrales et prolonger leur vie, mais aussi sortir des énergies fossiles et développer les énergies vertes françaises. A l’exception notoire de l’éolien.

4.Emmanuel Macron (En marche !) : fermera Fessenheim.

Sur la lancée de la loi de transition énergétique de 2015, le candidat ne propose pas la sortie du nucléaire, mais veut réduire sa part à 50 % d’ici 2025 pour doubler les capacités des énergies renouvelables (32 % en 2030), en sortant des énergies fossiles. Il attendra l’avis de l’ASN pour se prononcer sur les autres réacteurs, comme pour l’EPR en construction à Flamanville (Manche).

5. Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) : fermera " immédiatement " Fessenheim.

Le candidat de "la gauche de la gauche" veut une sortie totale du nucléaire et le passage progressif à 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2050. Il prévoit d’arrêter l’EPR de Flamanville et d’abandonner Cigeo, le projet d’enfouissement profond des déchets nucléaires à Bure (Meuse). Et bien sûr de sortir des énergies fossiles.

Cathy Lafon

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