Des insecticides reconnus comme perturbateurs endocriniens par une étude scientifique
On trouve des pyrethrinoïdes dans certains traitements et shampoings anti-poux. Photo archives AFP
Le glyphosate, présent dans l'insecticide Roundup, est loin d'être la seule molécule chimique dont les dangers potentiels pour la santé humaine suscitent l'inquiétude. L'exposition aux insecticides de la famille des pesticides pyrethrinoïdes de synthèse, qui représentent 30 % environ des usages d’insecticides dans le monde, dans l'agriculture comme dans les usages domestiques, provoquerait des troubles hormonaux chez les jeunes garçons et serait la cause d'une puberté précoce.Telles sont les conclusions d'une nouvelle étude scientifique de la société savante internationale d’endocrinologie (The Endocrine Society), rendue publique le 1er avril 2017 à Orlando (Etats-Unis), par le Docteur Jing Liu, professeur associé à l’Université Zhejiang de Hangzhou en Chine.
"Maturité sexuelle précoce chez les garçons"
Difficile d'éviter au quotidien les pyrétrhinoïdes, présents dans l'air, l'eau, le sol et les aliments. Cette classe de pesticides est en effet fréquemment utilisée dans l'agriculture, pour les cultures et l'élevage, mais également, dans la vie courante, pour les traitements et shampoings anti-poux ainsi que pour les sprays anti-moustiques. Jusqu'à présent, leur toxicité avait été prouvée sur le système nerveux et cognitif, notamment chez l'enfant. Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont montré que l’exposition de 463 garçons chinois, âgés de 9 à 16 ans, à des insecticides de la famille des pyrethrinoïdes de synthèse, augmentait la production d’hormones Lutéinisante (LH) et l'hormone folliculo-stimulante (FSH) qui vont stimuler la production de testostérone, accélérant ainsi la puberté chez ces garçons.
Risque de cancer, troubles du comportement, hypertension, diabète, problèmes cardiaques
Une augmentation de 10% de 3-PBA, un métabolite des pyrétrinoïdes présent dans les urines des participants, qui augmente la probabilité de développement précoce des organes génitaux chez les garçons, a été associée à une augmentation de 4 % des taux de LH et FSH. Les auteurs de l'étude déclarent qu’ils reconnaissent "les pyréthroïdes comme un nouveau contributeur environnemental à la tendance observée vers une maturité sexuelle précoce chez les garçons". Une découverte inquiétante, car une puberté précoce est associée à un risque de cancer des testicules chez les garçons ou du sein chez les filles à l'âge adulte, des troubles du comportement, de l'hypertension, du diabète ou encore des problèmes cardiaques.
"Retirer ces perturbateurs endocriniens du marché"
Ces découvertes, réagit François Veillerette, porte parole de Générations Futures, sont un nouvel argument pour "retirer ces perturbateurs endocriniens du marché","au regard de la large utilisation de ces insecticides pyrethrinoïdes, aussi bien en agriculture que dans les insecticides ménagers". Deux études conduites en 2011 par l'ONG sur l'exposition aux pesticides et perturbateurs endocriniens, les enquêtes EXPPERT 3 et EXPPERT 6, ont montré que l’organisme des enfants français est contaminé par ces pyréthrinoïdes tout comme leurs domiciles.
"Il est maintenant urgent de mettre en place des critères scientifiques en Europe qui permettront demain de retirer ces pesticides perturbateurs endocriniens du marché européen. C’est ce que nous demandons encore une fois à la Commission européenne de faire", conclut-il.
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- Malgré la relance du plan Ecophyto au printemps 3026, qui a repoussé à 2025 l'objectif de réduire de 50% l'usage des pesticides en France d'ici à 2025, le pays qui vient d'interdire depuis le 1er janvier 2017 leur usage dans les espaces verts publics, est toujours le deuxième pays consommateur de pesticides en Europe et le quatrième au monde. Pour l’agriculture conventionnelle (non bio), qui consomme 90% des 62 000 tonnes des pesticides pulvérisés chaque année dans les champs français, seuls les néonicotinoïdes (Gaucho ou Cruiser) pour la plupart des semences enrobées, seront interdits en 2018. Les jardiniers amateurs passeront au bio en 2019.
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