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Ours brun dans les Pyrénées : stop ou encore ?

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Un ours dans le Parc animalier des Angles, en 2012, sur le site du Pla del Mir, doté de 37 hectares de forêt. Photo archives Sud Ouest / Fabien Cottereau

agriculture de montagne,élevage,polémique,ours,protection,réintroduction,plan ours,gouvernement,pays de l'ours adet,cap oursAlors que les premiers signes d'activité des ours pyrénéens pour l'année 2017 viennent d'être repérés en Catalogne, dans le Val d'Aran (photo ci-contre, sur le site du Conseil général d'Aran), c'est le mercredi 8 mars que s'achève la consultation du public lancée le 15 février 2017, à propos du futur "Plan Ours" tricolore. Hasard du calendrier politique, la date coïncide avec celle de la Journée internationale de la femme qui fête cette année son 40e anniversaire.

N'y voyons pas malice et revenons à nos ours, sur le programme de conservation desquels les citoyens sont appelés à exprimer leur avis, et ce, pour les dix années qui viennent. Ce qui n'est pas rien à l'échelle de la survie d'une espèce en danger d'extinction sur le territoire national.

La réintroduction de nouveaux spécimens en question

La vraie question sous-jacente, celle qui oppose les associations de protection de l'ursidé et les anti-ours dans le cadre de l'avenir de la valorisation de la biodiversité pyrénéenne, est la suivante : alors que l'on ne compte toujours qu'une trentaine d'ours bruns à l'état sauvage dans les Pyrénées, faut-il en introduire de nouveaux, ou pas ?

Les clés du débat

On s'en doute, les anti-ours, hostiles à tout nouveau lâcher, veillent au grain et font régulièrement valoir que l'ours, redoutable prédateur, attaque les troupeaux, si bien qu'une partie des éleveurs de montagne baissent les bras, renonçant à exercer leur métier. Pour eux, pas de cohabitation humaine possible avec les ours. Donc pas de réintroduction supplémentaire.

alain reynes.jpg"Depuis 1850, personne n'a été tué dans les Pyrénées", plaide de son côté Alain Reynes (photo ci-contre). Le directeur de l'association Pays-de-l'Ours-Adet, assure qu'en dépit de sa taille imposante, l'ours est un petit prédateur qui se nourrit à 80% de végétaux et fuit la compagnie des hommes, et que "la part de l'ours dans la mort du bétail l'été dans les Pyrénées, c'est moins de 1%". En revanche, souligne-t-il, l'ours qui fait partie intégrante de l'identité des Pyrénées, contribue fortement au rayonnement de l'image des Pyrénées et au développement des activités économiques de cette zone, notamment via l'écotourisme.

Pour les défenseurs de l'ursidé, donc, il n'y a pas photo. Il manque au projet de nouveau Plan Ours l'essentiel : introduire d'urgence des ourses dans les Pyrénées occidentales pour empêcher la disparition rapide de l'espèce, et dans les Pyrénées centrales, pour prévenir la consanguinité.

De fait, si quelques spécimens ont déjà été réintroduits, trois en 1996 et 1997, cinq en 2006 et un en 2016, toutes les études, dont celle des scientifiques du Muséum National d’Histoire Naturelle, en 2013, concluent que le seul moyen de sauver l'ours sauvage dans les Pyrénées est d'en lâcher quelques nouveaux. Notamment dans les Pyrénées occidentales, où il ne reste que deux mâles et deux femelles, et où Yvon Le Maho, le chercheur au CNRS qui présidait le groupe d'experts, préconise un lâcher rapide et simultané d'au moins quatre femelles.

"Le Ministère de l'Ecologie propose … de ne rien faire"

Pourtant, déplorent les association réunies dans le collectif Cap Ours, alors que "la population y est favorable, la région concernée, la Nouvelle Aquitaine, y est favorable, les élus locaux y sont favorables, des bergers y sont favorables, même le Comité de Massif des Pyrénées, réputé jusque là défavorable, ne s'y oppose plus depuis le vote du 1er juillet 2016, après des années d'études et de concertation, le Ministère de l'Ecologie propose … de ne rien faire." Le fameux plan Ours proposé par le gouvernement "oublie" en effet ce volet pourtant objectivement primordial dans la stratégie globale de gestion de l'ours d'ici à 2027 soumise à l'avis du grand public. De son côté, en janvier le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) a rendu un avis défavorable au plan Ours, qui soumet toute réintroduction supplémentaire au seul avis des autorités locales, ce qui fait, selon l'organisme, fait courir le risque qu'aucun nouveau lâcher se concrétise jamais dans les Pyrénées françaises.

"Madame la ministre : pas de plan ours sans ours !"

La trentaine d'associations réunies dans la coordination Cap Ours (de Pays-de-l'Ours-Adet au WWF, en passant par à la Sepanso ou encore France Nature environnement) appelle donc toutes les personnes attachées à la protection de la biodiversité à exiger un "vrai Plan Ours" lors de la consultation publique qui s'achève ce mercredi sur le site de la DREAL Occitanie. "Madame la ministre : pas de plan ours sans ours !" s'indignent les défenseurs de l'ours brun, en rappelant que rien n'a été fait depuis 2009, date à laquelle le dernier plan Ours s'est achevé, et en soulignant que la population des ours ne pourrait en aucun cas se développer par elle-même. Les pro-ours estiment par ailleurs que la Commission européenne pourrait relancer la procédure d'infraction européenne contre la France, mise en demeure en 2012, pour manquement à son obligation de protection de l'ours brun et sa volonté délibérée de laisser disparaître l'ours brun des Pyrénées occidentales. 

Cathy Lafon

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