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Présidentielle 2017 : alors, Macron, écolo ? Ou pas ?

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Pascal Canfin (WWF) et Emmanuel Macron, candidat d'En Marche ! Photo WWF.

Ca y est c'est fait ! Emmanuel Macron, le candidat d'En marche ! qui  fait le buzz dans les sondages et qui déchire dans les meetings, mais dont ses détracteurs disent qu'"il n'a pas de programme", en a justement livré une première partie, ce jeudi 9 février 2017. Elle concerne l'environnement. Il est vrai que sur le sujet, la concurrence est rude : à gauche, en 2017, tout le monde fait assaut d'écologie. De Benoît Hamon (PS), à Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) en passant bien sûr par le Vert Yannick Jadot, qui dit se réjouir de voir ses  concurrents politiques s'emparer du bébé vert, mais qui peine toujours à réunir ses 500 signatures.

"Premières belles annonces"

Ce jeudi, Emmanuel Macron était donc le premier candidat à la présidentielle à passer sur le gril des questions de Pascal Canfin, son ex-collègue au gouvernement et patron de l'organisation environnementale  WWF, durant un entretien d'une heure filmé sur Facebook. Alors, Macron, écolo ou pas ? Le candidat d'En marche ! a reconnu que son projet écologique avait mis du temps "à émerger", mais qu'il était maintenant "sur la table" et qu'il aurait "un plan ambitieux d'investissement dont l'un des piliers sera l'écologie". L'environnement n'est pas une case "à cocher" mais "un élément de cohérence" a t-il dit de son projet global.

"Premières belles annonces"

"Un plan ambitieux d'investissement dont l'un des piliers sera l'écologie"

Voici point par point les grandes lignes de ses positions sur les questions environnementales qui attendent le prochain président de la République au tournant. Suivies en direct sur twitter avec le mot clé #PandaLive, elles ont été qualifiées par Matthieu Orphelin de WWF de "premières belles annonces". Mais elles ont été fraîchement accueillies par Yannick Jadot, le candidat d'EELV.

Transition énergétique, forte baisse du nucléaire (mais pas d'abandon) et développement des énergies renouvelables

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"Je garderai le cap de la loi de transition énergétique parce que je pense qu'il est bon"

Emmanuel Macron s'est engagé à tenir les engagements de la loi de transition énergétique en matière de réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité et à ne plus donner de permis d'exploitation des hydrocarbures. "Je garderai le cap de la loi de transition énergétique parce que je pense qu'il est bon", a-t-il déclaré. Cette loi, adoptée pendant l'actuel quinquennat, prévoit notamment la réduction à 50% au lieu d'environ 75% aujourd'hui de la part du nucléaire dans la production électrique française à l'horizon 2025. "Tout n'est pas à jeter (dans le nucléaire). Et en même temps on a un problème de dépendance parce que ce n'est pas bon d'avoir 75% de notre énergie électrique qui dépend du nucléaire", a dit l'ex-ministre, qui a aussi invoqué des raisons de sûreté et de coût mais qui considère que le nucléaire permet d'avoir un "mix décarboné. "Est-ce que le 50% en 2025 est atteignable ? Je ne sais pas vous le dire aujourd'hui mais je veux me mettre dans cette trajectoire", a-t-il ajouté.

Décidé à fermer la centrale de Fessenheim -comme l'avait promis,mais sans le faire, François Hollande d'ici à la fin de son quinquennat- avant de se prononcer sur un calendrier de fermeture des centrales, il préfère toutefois attendre l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et la mise en route de l'EPR de Flamanville.

30 milliards d'euros pour les énergies renouvelables

Il s'est aussi engagé à tenir l'objectif de 32% pour la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique d'ici 2030. Un dossier sur lequel le candidat est plus "moderne" que sur le nucléaire, avec un programme qui serait financé par 30 milliards d'euros d'investissements privés dans le cadre d'appels d'offres lancés durant le futur quinquennat, pour une capacité totale de 26 000 MW.

Contre les gaz de schiste et les fossiles

Le candidat d'En Marche ! a promis un "plan ambitieux" d'investissement et une "vraie stratégie" de sortie des énergies fossiles, pour être "cohérent" avec l'accord de Paris sur le climat, et pris l'engagement de fermer les dernières centrales à charbon française, avec "des mesures d'accompagnement pour l'emploi local", s'il est élu en mai prochain. Il a déclaré qu'il ne donnerait plus de permis d'exploitation d'hydrocarbures (gaz ou pétrole) notamment pour des forages pétroliers au large de la Guyane ou pour des recherches de gaz de schiste dans l'Hexagone .

Un médiateur pour Notre-Dame-des-Landes

politique,élection  présidentielle 2017,emmanuel macron,programme,wwf,pascal canfinSur l'épineux dossier de l'aéroport ultra-controversé de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, l'ex-collègue de Ségolène Royal au gouvernement, est sur la ligne de la ministre de l'Environnement. Il penche pour l'étude d'une modernisation de l'aéroport actuel et veut "une dernière fois, regarder les choses" en termes "économiques, environnementaux, d'empreinte carbone, de capacité à développer" sans "écarter" le résultat de la consultation publique de l'an dernier, qui a débouché sur un avis favorable au projet. S'il est élu, Emmanuel Macron s'engage à nommer dans les six mois  "un médiateur" pour qu'on mettre en parallèle le projet du nouvel aéroport de  Nantes-Atlantique et l'actuel aéroport qui pourrait être modernisé. Il s'est par ailleurs déclaré opposé à toute  évacuation des opposants au nouvel aéroport. Dans un communiqué à l'AFP, Bruno Retailleau, le filloniste président du Conseil régional des Pays-de-la-Loire, l'a qualifié de "prince de l'ambiguïté" sur le sujet.

Stop au diesel

S'il est élu, Emmanuel Macron poursuivra la stratégie de sortie du diesel amorcée sous le quinquennat Hollande pour aboutir à la convergence de la fiscalité entre essence et gasoil. Il juge utile également d'aider aussi davantage les particuliers à acheter un véhicule propre (électrique, hybride) en échange d'un vieux diesel. Et ce avec une prime supplémentaire à la conversion de "1.000 euros",  valable pour "l'achat d'un véhicule neuf ou d'occasion". Mais le candidat n'est pas favorable à une interdiction du diesel en 2025, qu'il juge "pas réaliste".

5 milliards d'euros pour le changement de modèle agricole

politique,élection  présidentielle 2017,emmanuel macron,programme,wwf,pascal canfinC'est sur l'agriculture que le fondateur d'En marche! est le plus ambitieux. Il souhaite maintenir l'interdiction des pesticides néonicotinoïdes en 2020 et soutenir "la transformation" et "la montée en gamme" du modèle agricole avec un plan de 5 milliards d'euros sur cinq ans. Macron veut aussi une grande conférence de l'alimentation,  pour une agriculture et une alimentation durables, et tenir le cap de 50% de bio et de circuits courts dans toute la restauration collective d'ici 2022.

Et aussi...

Emmanuel Macron refuse les OGM. S'il devient le nouveau locataire de l'Elysée, le candidat veut aussi faire du ministère de l'Écologie un ministère d'État et de maintenir le principe de précaution, que François Fillon veut enterrer. Sur le sujet du bien-être animal, il compte moderniser les abattoirs et interdire à l'horizon 2025 la commercialisation d'oeufs issus de l'élevage en batteries. Enfin, le fondateur d'En Marche ! qui veut sanctuariser le budget de l'Agence française pour la biodiversité, souhaite aider à la rénovation énergétique de 500 000 logements par an, grâce notamment à des aides directes.

"C'est pas les discours, ce sont les actes qui comptent"

politique,élection  présidentielle 2017,emmanuel macron,programme,wwf,pascal canfinCôté réactions, comme on pouvait s'y attendre, elles sont très fraîches du côté d'Europe Ecologie-Les Verts, le parti "marqueur" de l'écologie politique. Macron plaît beaucoup moins que Hamon à Yannick Jadot, qui a reproché ce jeudi sur "France Info" au candidat d'En Marche ! de ne "jamais avoir parlé d'écologie, d'avoir défendu l'EPR, le diesel et le tout-camion". En concluant, à juste titre : "C'est pas les discours, ce sont les actes qui comptent".

Macron, le "converti"

Soit. Il est vrai qu'Emmanuel Macron, loin d'être un écolo de la première heure, fait figure plutôt de "converti", après avoir opéré quelques  revirements acrobatiques, notamment sur Notre-Dame-des-Landes. Mais n'en est-il pas de même d'Hamon et de Mélenchon ? Le problème de Macron, dans la stratégie des Verts, est peut-être surtout qu'il reste ferme sur sa ligne de refus des tractations et petits arrangements entre appareils politiques et entre "amis", jugeant qu'il faut "en finir avec ces vieilles pratiques" qui de fait, privent de leur vote des citoyens en les éloignant de plus en plus de la chose politique.

Faire de la politique autrement ?

Sur ce thème, terreau ô combien fertile du Front national, il serait d'ailleurs utile de faire un parallèle entre les ascensions respectives de Macron et de Marine Le Pen. Et peut-être, d'y dénicher l'une des raisons pour lesquelles le candidat d'En marche !, selon les derniers sondages sur les intentions de vote des Français, sortirait gagnant, avec la candidate de l'extrême-droite, du premier tour de la présidentielle de 2017. Une situation qui, bien évidemment, n'augure en rien du résultat du scrutin du mois de mai prochain (d'ici là tout peut arriver) mais révèle sans doute le profond désir des Français d'une autre façon de faire de la politique.

Apparemment insensibles (aveugles ?) à ces réalités, Cécile Duflot et ses partisans choisissent de voir en Benoît Hamon, issu de l'appareil du Parti socialiste, un nouveau "porte-parole" de l'écologie... Quant à Jadot, poussé par l'ex-patronne des Verts, pourtant sèchement mise à la porte d'EELV par les participants à la primaire écolo, mais qui revient par la fenêtre Hamon en tentant de conserver la 6e circonscription de Paris, il envisage de plus en plus un ralliement au candidat officiel du PS. Qui serait donc (re)devenu le meilleur ami de l'écologie.

Une option qui reste toutefois à valider et qui devrait être soumise à l'approbation des 17 000 votants à la primaire qui a désigné Jadot en novembre 2016. Ainsi en a décidé hier le bureau exécutif d'EELV. Selon "Le Parisien" daté du vendredi 10 février 2017, "un premier vote par Internet devrait avoir lieu en début de semaine prochaine concernant le principe même de la discussion avec l'équipe Hamon", en réalité officieusement en cours depuis des semaines. Puis, en cas d'accord, une seconde consultation sera organisée fin février... à neuf semaines du premier tour du scrutin présidentiel, le 27 avril. Voilà qui ne facilitera pas l'émergence dans la campagne électorale du parti de l'écologie politique, qui a pourtant été le premier à désigner son champion pour la présidentielle et sera le dernier à valider ses candidats aux élections législatives. A suivre.

Cathy Lafon

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