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Pollution au CO2 : la France veut repousser la fin des centrales à charbon

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Et une promesse écolo non tenue de plus. Le chef de l'Etat, François Hollande avait annoncée solennellement à la conférence environnementale d'avril dernier, l'instauration par la loi de finances rectificative de fin 2016, d'un prix plancher du carbone pour la production électrique au charbon, afin d'anticiper une future réforme du marché européen du CO2. Cette promesse avait été confirmée en juillet par la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal.

Elle n'est plus d'actualité. Le gouvernement français trouve plus judicieux d'"étaler dans le temps la fin programmée des centrales à charbon" pour tenir compte de "diverses contraintes sociales et juridiques".

Exit l'instauration de la "taxe charbon"

L'idée présidentielle était d'instaurer un prix plancher d'environ 30 euros la tonne de CO2 émis par les centrales au charbon, condamnant à brève échéance les cinq dernières unités de ce type en France. Jugée trop "difficile et compliquée", la mise en oeuvre de ce prix plancher du carbone pour réduire les émissions de CO2 dans la production d'électricité n'est plus à l'ordre du jour et le gouvernement n'ira pas, dans le cadre des discussions budgétaires en cours, au bout des annonces faites dans la foulée de la COP21.

émissions co2,centrales thermiques charbon,projet de loi,transition énergétiqueLa CGT au créneau

Lors du débat sur le projet de loi de finances 2017, dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, a reconnu que la "taxe charbon" mettait en jeu "plus d'un millier d'emplois" et suscitait une vive émotion dans les bassins concernés. La CGT, notamment, est montée au créneau, comme elle sait aussi le faire pour l'industrie nucléaire. Après avoir mobilisé jeudi ses salariés du secteur de l'électricité thermique contre cette "taxe carbone", dont il exige l'abandon, le syndicat a annoncé un "meeting national de lutte" à la centrale de Gardanne (Bouches-du-Rhône), le 27 octobre prochain.

Risques sur l'approvisionnement en électricité cet hiver ?

Outre "l'émoi considérable dans le pays, au moins dans quelques régions" et "les mouvements sociaux importants face à l'inquiétude que provoquent ces dispositions", Christian Eckert a aussi invoqué des "contraintes juridiques importantes" au niveau européen, ainsi que des problèmes constitutionnels au niveau national et d'indemnisation". Leur élaboration interviendrait en outre en plein débat sur les risques de rupture de charge électrique cet hiver, en raison notamment de l'arrêt de cinq nouveaux réacteurs nucléaires, exigé par l'ASN ce mardi. Des risques de pénuries qui inquiètent les marchés de l'électricité, et Ségolène Royal, mais qui n'empêchent pas (officiellement) EDF de dormir. Le quotidien "Le Parisien" révélait ce matin que la ministre de l'Environnement avait demandé dans un courrier en date du 10 octobre, à l'électricien de "maîtriser la situation". Courrier auquel Jean-Bernard Levy a adressé une réponse rassurante, le 14 octobre, mettant en avant la "mobilisation", la "diligence" et le "professionnalisme" de ses équipes.

La fin des centrales à charbon en 2023 ?

Christian Eckert a fait valoir que la programmation pluriannuelle de l'énergie, prévue par la loi de transition énergétique d'août 2015 et censée être publiée la semaine prochaine, prévoyait "de toute façon à terme, au plus tard en 2023, de mettre fin à ces centrales" au charbon. "On peut même aller plus vite", a-t-il ajouté. "Nous avons engagé des discussions, d'ailleurs, pour envisager avec les entreprises en question des échéances plus courtes."

Le syndrome des "bonnets rouges" frappe encore un quinquennat, placé sous le signe du renoncement et du court-termisme. Une fois de plus, au pays organisateur de la COP21, la lutte contre les émissions de CO2 et la pollution de l'air devront attendre. Pourtant, selon l'Ademe, grâce aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique, la France pourrait atteindre en 2050, 100% d'énergies propres sans nucléaire. Et pourtant, le réchauffement climatique, lui, n'attend pas. Quand à savoir s'il y aura de l'électricité à Noël, prière de s'adresser à la grenouille : au pays du 76,3% nucléaire, on croise les doigts pour que la météo soit douce et favorable. 

Cathy Lafon avec l'AFP

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