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Pollution de l'air : pourquoi 92% des habitants de la planète suffoquent

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Pollution de l'air en Chine, Pékin, place Tian'anmen. Photo archives AFP

Ce n'est pas un scoop. La conclusion du nouveau rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la pollution de l'air, publié ce mardi, ne fait qu'enfoncer le clou. Transport automobile, combustion des déchets, pollution industrielle, chauffage, épandages de pesticides... ces dernières années, les études s'accumulent, montrant que l'atmosphère de la planète est saturée de polluants chimiques et de particules fines.Tout aussi régulièrement, les scientifiques alertent sur la situation sanitaire inquiétante d'une grande majorité de Terriens qui, notamment dans les mégalopoles, respirent un air de plus en plus pollués.

Mais l'énormité du chiffre qui vient d'être divulgué choque : 92% des habitants du globe, soit la quasi totalité des êtres humains, sont désormais exposés à un niveau de pollution supérieur aux limites sanitaires fixées par l'OMS. Pourquoi ? Et quelles sont les solutions possibles pour améliorer la qualité de l'air ? Le point.

De 3 millions à  5,5 millions de morts par an dans le monde

La Chine et l’Inde comptent pour 55% des décès provoqués par la pollution de l’air, avec 1,6 million de victimes en Chine et 1,4 million en Inde, en 2013.

pollution de l'air,chiffres,rapport,omsParmi les régions les plus touchées au monde, les grandes villes du bassin méditerranéen, comme Le Caire, d'Asie du Sud-Est, comme Bangkok, et du Pacifique occidental, comme Manille, aux Philippines. Mais aussi les mégalopoles chinoises, comme Pékin, ou encore New Delhi (photo AFP ci-contre). La capitale de l'Inde est aussi la ville qui détient le triste record d'être l'agglomération urbaine la plus polluée au monde.

Ces régions combinent en effet tous les facteurs de pollution qui provoquent chez leurs habitants allergies et maladies chroniques comme l'asthme, mais aussi des pathologies mortelles, comme certains cancers, tel celui du poumon. Dans le monde, la mauvaise qualité de l'air provoque chaque année, selon l'OMS, la mort de 3 millions de personnes. Un chiffre qui pourrait être multiplié par trois, d'ici à 2060, en raison de l'urbanisation galopante mais qui reste en dessous des résultats d'une autre étude du Health Effects Institutes à Boston, publiée en février 2016. Selon l'institut américain, le coût humain de la pollution sur la planète s'élèverait à quelque 5,5 millions de décès prématurés dans le monde chaque année, dont la moitié en Chine et en Inde, deux des pays qui connaissent la plus forte croissance économique.

Quatre grands polluants

Qu'y a-t-il donc dans notre bol d'air quotidien ? A y regarder de plus près, le contenu n'est pas très reluisant... Les particules fines, le dioxyde d'azote, l'ammoniac et l'ozone sont les polluants les plus répandus dans l'atmosphère. Ennemi numéro 1, les particules fines proviennent de la combustion du bois, et des carburants. Elles génèrent des maladies respiratoires et cardio-vasculaires, et affectent 90% des citadins, exposés au-delà des seuils recommandés par l'OMS. Le dioxyde d'azote, également présent principalement dans les villes, provient principalement des moteurs diesel des voitures et des camions, mais aussi des centrales électriques. On trouve l'ammoniac, émis par les fumiers et présent dans certains engrais agricoles chimiques, surtout dans les régions agricoles. Gaz polluant, l'ozone, naît de la rencontre de plusieurs polluants utilisés dans l'agriculture et l'industrie. Rien d'étonnant à ce que l'on tousse !

Quelles réponses apporter ?

Pour purifier l'air, les solutions sont bien connues. Il faut réduire la circulation automobile, favoriser les transports communs et toute la palette des modes de déplacement alternatifs à la voiture (vélo, marche à pied...),  réduire les émissions de CO2 dues au trafic aérien et donc développer le rail, réduire le nombre de poids lourds sur les routes au profit du ferroutage et du transport maritime et fluvial, réduire l'usage du charbon, réduire la combustion des énergies fossiles en général et développer les énergies renouvelables. Bref, dire définitivement adieu aux 30 Glorieuses, au tout voiture et au tout pétrole. Plus facile à dire et à écrire qu'à faire. Si les initiatives se multiplient, notamment dans les mégalopoles, premières victimes de la pollution de l'air, force est de reconnaître que les stratégies mises en place par les politiques publiques, souvent longues à se mettre en place, sont aussi parfois contradictoires et, au final, inefficaces.

La France, lanterne rouge

En Europe, selon l'OMS, la pollution a causé la mort prématurée de 600 000 personnes en 2012, dont 40 000 en France, et son impact sanitaire est évalué à 1,4 milliards d'euros par an.

pollution de l'air,chiffres,rapport,omsEn France, notamment, en 2009, le Grenelle de l'environnement estimait la réduction du transport routier"prioritaire" et fixait comme objectif de faire évoluer la part modale du non routier et non aérien de 14% à 25% à l’échéance 2022. Sept ans plus tard, après l'enterrement en grande pompe de l'écotaxe au début du quinquennat de François Hollande, l'outil financier qui devait permettre de financer ce plan, l’évolution a été inverse. La politique des transports (baisse de la taxe à l’essieu en 2008, passage à 44 tonnes en 2011) continue de favorise la productivité des camions et ne cesse de retarder ses investissements dans le fret ferroviaire. Voire réhabilite les autocars au détriment du train... Cherchez l'erreur.

Des Zapa aux pastilles de couleurs

pollution de l'air,chiffres,rapport,omsDans la lutte pour la réduction de la pollution en ville, l'Hexagone, régulièrement pointée par l'Europe pour la mauvaise qualité de son air, accuse aussi un gros retard. Certes, Paris qui inaugure cette année des journées sans voiture et a voté en 2012 la mise en place d'un plan anti-pollution, vient d'annoncer la piétonnisation d'une nouvelle portion de ses berges. Un sujet éminemment polémique dans une capitale pourtant régulièrement victime de pics de pollution, contraignant les pouvoirs publics à prendre des mesures de circulation alternée. Au-delà de ces mesures ponctuellement importantes, mais cosmétiques au regard des enjeux, il convient de se rappeler que la France, après avoir fini d'enterrer en 2012 le projet des Zapa (ces Zones d'actions prioritaires pour l'air également prévues par le Grenelle de l'environnement), a ensuite mis quatre ans pour adopter, en 2015 un système de pastilles de couleur, visant à interdire l'accès des centres villes aux véhicules les plus polluants. Mais sans pour autant imposer par la loi l'éco-pastille à toutes les agglomérations...

Et ailleurs ?

pollution de l'air,chiffres,rapport,omsPourtant, depuis plus de dix ans, la plupart des grandes villes  d'Europe ont mis en place des zones de circulation basses émissions dans leurs rues (LEZ), ou des péages urbains, à l'instar de Londres (photo ci-contre), qui dissuade depuis 2003 les citadins d'utiliser leur voiture en ville. Parallèlement, la capitale du Royaume-Uni a également renforcé son offre de transport en commun et de taxis. Multiplication des zones piétonnes et des pistes, bandes ou autoroutes cyclables sécurisées pour les deux-roues, des métropoles comme Copenhague (Danemark) ou encore Berlin (Allemagne), proposent depuis longtemps à leurs habitants des modes de déplacement doux non polluants, d'une grande qualité.

Outre-Atlantique, le Canada, qui ne brillait pas jusque là par son engagement en faveur de l'écologie, se retrousse  les manches et inaugurera, en 2017, la plus longue piste cyclable au monde : elle s'étendra sur 24 000 km. La Chine, championne de la pollution toutes catégories confondue, a décidé de prendre le problème à bras le corps. A la chinoise, l'Empire du milieu vient d'adopter un plan national pour réduire le charbon, fait surgir de terre des métropoles vertes clés en main et se lance à fond dans les énergies renouvelables.

Toutes ces initiatives permettront-elles de respirer, un jour, un air plus pur sur la planète bleue ? Les optimistes diront que oui. Les pessimistes en douteront. Ce qui ne vaut pas dire qu'il faille baisser les bras et laisser faire, trancheront les réalistes.

Cathy Lafon

►REPERES

  • En France, la pollution de l'air cause 40.000 morts prématurées par an et fait perdre aux Parisiens 6 mois de leur espérance de vie. En 2013, l'OMS a classé la pollution de l'atmosphère parmi les causes directes du cancer.

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