Portables, tablettes, WiFi et santé : mieux protéger les enfants des ondes électromagnétiques est une nécessité
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C'est une première dans le long feuilleton de la reconnaissance de l'impact potentiel des ondes électromagnétiques de la téléphonie mobile et des outils numériques sans fil sur la santé humaine, dont la dangerosité est dénoncée depuis longtemps par les associations comme Priartem.
"Usage modéré des portables"
Pour la première fois, à l’issue d’un long travail d’expertise, un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a conclu clairement ce vendredi à la nécessité de mieux protéger les enfants de la WiFi et des rayonnements des téléphones portables, tablettes tactiles ou jouets connectés. Selon les experts, les radiofréquences émises par ces appareils peuvent avoir des effets négatifs sur les fonction cognitives -mémoire, attention, coordination - des plus jeunes. Plus largement, l'Anses renouvelle pour tous les utilisateurs, grands ou petits, sa recommandation émise en 2013, de s'en tenir à un "usage modéré des portables" et d'utiliser le plus souvent possible le kit main libre.
Effets négatifs sur le bien-être et la santé mentale
L'Anses pointe d'autres incidences sanitaires des technologies numériques sans fil, qui impactent négativement sur le bien-être et la santé mentale des jeunes utilisateurs, en raison non pas des ondes mais d'une utilisation intensive du téléphone portable, qui joue sur le stress, l'anxiété et le sommeil et peut générer fatigue, comportement à risque, voire dépression et idées suicidaires. Rien de concluant en revanche selon les experts sur le risque de cancer ou l'impact sur le système reproducteur, car, a expliqué à l'AFP Olivier Merckel, chef de l'évaluation du risque lié aux nouvelles technologies à l'Agence sanitaire, "il n'y a pratiquement pas d'études disponibles pour les enfants". Ce qui n'évacue donc pas scientifiquement l'éventualité du risque.
Les enfants sont plus sensibles, notamment leur cerveau
La position de l'Anses est sans ambiguïté : il faut "limiter l’exposition des enfants aux champs électromagnétiques et dissuader l’usage par les enfants de l’ensemble des dispositifs de communication mobile." Ces derniers sont plus exposés que les adultes car plus sensibles aux ondes électromagnétiques, pour des raisons physiologiques. Leur cerveau, notamment, est plus sensible aux ondes. Sans compter soulignent les experts, que les enfants sont exposés de plus en plus tôt, avant 6 ans, voire in utero, à de plus en plus d'ondes.
Réviser les obligations réglementaires et les conditions des mesures pour améliorer les marges de sécurité
Autre nouveauté, l'Agence sanitaire voudrait que les "mêmes obligations réglementaires" que celles des téléphones portables s'appliquent à tous les dispositifs émetteurs d'ondes, que les conditions de ces mesures soient révisées pour être plus proches des conditions d'utilisation et que le niveau d'exposition générale aux ondes soit "reconsidéré" pour assurer des marges de sécurité plus importantes, en particulier pour les enfants.
L’Anses insiste ainsi sur l’inadéquation des normes réglementaires actuelles pour satisfaire à cette nécessaire protection et elle propose de reconsidérer les valeurs limites d’exposition réglementaires et les indicateurs d’exposition dont le DAS (débit d’absorption spécifique) qui correspond à la quantité d'énergie absorbée par le corps. Avec une grosse interrogation de la part de ses experts sur les tablettes, notamment celles qui fonctionnent non pas en WiFi mais en 3G ou 4G. Mais pas question toutefois pour l'Agence sanitaire d'interdire l'utilisation des téléphones portables aux moins de six ans, une interdiction votée en 2010, dont le décret n'est jamais paru... "Il n'y a pas de données sanitaires pour justifier une telle mesure", affirme Olivier Merkel.
Des recommandations à "mettre en oeuvre le plus vite possible"
Les associations qui bataillent depuis des années pour obtenir de l'Anses qu'elle prenne ses responsabilités d’Agence sanitaire en formulant de telles recommandations, applaudissent des deux mains, même si elles avertissent qu’il appartient désormais aux autorités politiques de les mettre en œuvre le plus rapidement possible. Priartem, l'association des Electrosensibles de France, notamment, dit aussi vouloir s’appuyer sur ces conclusions pour demander une réévaluation du processus normatif et surtout des mesures concrètes de protection des enfants. L’association a annoncé dès vendredi qu'elle saisirait à nouveau le ministère de l’Education Nationale pour un arrêt du plan numérique à l’école. Tel qu’il est aujourd’hui lancé, ce plan se traduit en effet par un déploiement massif de tablettes en WiFi dans les classes y compris dans les maternelles.
Priartem profite enfin de l'occasion pour redemander "le grand débat public sur le développement numérique dont nous avons besoin au lieu de nous laisser imposer de plus en plus de gadgets connectés", selon elle. Un débat d'autant plus crucial que la jeune génération est celle qui aura été la plus exposée et ce, dès le plus jeune âge. "Si on ne fait rien, dans 20 ans, il sera peut-être trop tard", conclut l'association.
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- Pour consulter le rapport de l'Anses : cliquer ICI
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