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Semaine du développement durable. Où en est-on de la lutte contre le gaspillage alimentaire ?

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L'Ademe lance une campagne nationale contre le gaspillage alimentaire. Photo ministère de l'Agriculture

Le gaspillage alimentaire, en France, c'est énorme. Chaque année, ce sont 10 millions de tonnes de nourriture, d’une valeur commerciale de 16 milliards d’euros, qui sont perdues ou gaspillées dans l'Hexagone, selon les chiffres de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) qui profite de la Semaine du développement durable pour lancer une campagne nationale de sensibilisation au gaspillage.

Qui gaspille le plus, quels produits, et comment venir à bout de ce scandale écologique et humanitaire ?

3% des GES tricolores

Les chiffres du gaspillage sont insupportables sur le plan humanitaire, alors que 795 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, soit 1 personne sur 9. Mais leur poids pèse aussi lourdement sur notre facture environnementale, nos émissions de gaz à effet de serre et, au final, sur le réchauffement climatique. "Ces volumes représentent un impact carbone de 15,3 millions de tonnes équivalent CO2, soit 3% des émissions de gaz à effet de serre de la France", précise l'Ademe.

Ce n'est pas le consommateur qui gaspille le plus

"On observe des pertes et gaspillages à chaque étape de la chaîne alimentaire", constate l’agence: au moment de la consommation (33% du total des pertes et gaspillages) mais aussi de la production (32%), de la transformation (21%) et de la distribution (14%). La majeure partie du gaspillage ne se produit donc pas dans la phase de consommation des produits alimentaires, contrairement à ce que l'on pourrait croire. En revanche, plus de 40%  de leur valeur correspond bel et bien à l’étape de consommation, car la valeur d’un produit augmente tout au long de la chaîne alimentaire, du fait du coût du transport, de la transformation, de la vente ou de la publicité, relève l’étude.

La restauration collective et privée, palme d'or du gaspillage

gaspillage alimentaire,lutte,prévention,ademe,semaine du développement durableLa part des pertes et gaspillages varie pour chaque acteur de la chaîne alimentaire. Elle représente 7,3% du tonnage pour la consommation (au foyer et hors foyer), 4,5% pour la transformation, 4% pour la production et 3,3% pour la distribution. Chez lui, chaque Français gaspille ainsi 9 kg de nourriture par an, ce qui  représente « environ 34 g par repas et par convive », évalue l’Ademe. Mais ce chiffre augmente dans la restauration collective et commerciale, où les pertes et gaspillages sont "quatre fois plus importants", avec 138 g par repas et par convive. Au restaurant ou à la cantine, "le choix est imposé, il est difficile d’ajuster les portions à chacun et très rarement possible de conserver ce que l’on n’a pas fini", explique l'Ademe. La leçon à en tirer, c'est que ce sont davantage les contraintes liées au mode de consommation en restauration que le comportement non responsable des consommateurs qui sont sources de gaspillage, note l'Ademe. Une bonne nouvelle, finalement...

Les fruits et les légumes en tête

gaspillage alimentaire,lutte,prévention,ademe,semaine du développement durableEn tête du hit parade des produits alimentaires les plus gaspillées, on trouve les fruits et légumes, pour trois raisons essentielles : ils sont délaissés car abîmés, il y a surproduction ou encore ils ne correspondent pas aux envies des clients et donc aux exigences du marché. Bref, trop moches, ils restent sur le carreau. Les salades font exception : pour elles, les pertes et gaspillages sont "importants à chaque étape", de la production à la consommation en passant par la distribution, à cause de leur fragilité et des exigences des distributeurs et des consommateurs. Il y a moins de gaspillage pour les produits issus des filières animales (viande, lait, oeuf...),  mais ils pèsent lourd dans la facture écologique du gaspillage alimentaire, car  « les impacts économiques et carbone sont plus significatifs » dans ce secteur de l'agroalimentaire, indique encore l’Ademe.

Plan "anti-gaspil"

Pour venir à bout de ce fléau, la France s'est dotée depuis le mois de juin 2012 d'un plan "anti-gaspil" destiné à diviser par deux le gaspillage alimentaire d'ici à 2025. Dernière initiative en date, celle de la première marque anti-gaspi, les "Gueules cassées" qui, avec 300 points de vente partenaires, veut inciter les consommateurs à mettre dans leur assiette au moins une fois dans l'année les produits alimentaires écartés des rayons des supermarchés pour leurs défauts : taille, couleur, forme... Les fruits et légumes sont bien sûr concernés. Carottes et tomates biscornues, les pommes tavelées et tous les fruits et légumes hors calibre...,  les "gueules cassées" de l'agriculture seront proposées à moitié prix.  Mais aussi des produits alimentaires fabriqués comme les céréales "gueules cassées" du petit-déjeuner, 30% moins cher en supermarché...

Grande distribution...

Le 11 février 2016, une loi est venue renforcer la lutte contre le gaspillage alimentaire, notamment dans la grande distribution.  Parmi les nouvelles mesures qui s'appliquent aux grandes surfaces, les distributeurs devront dorénavant s'efforcer de prévenir tout gaspillage, ou à défaut d'utiliser leurs invendus, au travers de dons, ou pour l'alimentation animale ou encore à des fins de compost pour l'agriculture, valorisation énergétique... 

... et restauration

gaspillage alimentaire,lutte,prévention,ademe,semaine du développement durableLa France contraint aussi par la loi les restaurateurs à passer au vert, sinon sur le contenu des assiettes qu'ils proposent, du moins sur celui de leurs poubelles. Depuis le 1er janvier 2012, les gros producteurs de biodéchets ont une obligation de tri à la source. Depuis le début de l'année 2016, le seuil à partir duquel les biodéchets devront être valorisés tombera à 10 tonnes par an, ce qui correspond à environ 71.000 repas par an et concerne donc les restaurants qui servent entre 150 et 200 couverts par jour. Ces établissements sont aussi tenus de mettre en œuvre des procédures anti-gaspi, dont le fameux doggy bag, pratique courante dans de nombreux pays étrangers, qui irrite certains restaurateurs. Mais qui, en revanche, n'a aucune raison de déplaire aux clients. Côté boisson, depuis le 14 juin 2013, une loi, trop souvent méconnue des clients, permet aux restaurants de laisser leurs clients emporter une bouteille de vin qu'ils n'ont pas bue en entier.

Fresh me up : l'appli exemplaire pour les pros

gaspillage alimentaire,lutte,prévention,ademe,semaine du développement durableLa lutte contre le gaspillage alimentaire gagne aussi Internet. Dernière initiative 2.0 en date : l'appli Fresh me up dont l'ambition est de donner aux professionnels des outils concrets via la première plateforme numérique de mise en relation entre les distributeurs de denrées alimentaires et ceux qui les transforment, restaurateurs, ou associations et, pourquoi pas, cantines, hôpitaux et autres pôles de restauration collective. A l'origine de ce projet, deux jeunes entrepreneurs, Thibaut Merendon et Benoit Jaugey, qui ont voulu imaginer une solution viable et pérenne, adaptée aux contraintes des professionnels et créatrice de lien social entre eux. 

Comment ça marche ?

Fresh me up, c'est simple comme un clic gauche. Pour faciliter la mise en relation, une fois inscrits sur la plateforme, les commerçants définissent le type de produit qu’ils vendent, les restaurants leur profil (bistrot, restaurant, vente à emporter), et tous précisent leur rayon d’action. En quelques clics et via l’application, le commerçant saisit les produits qu’il a en surstock en indiquant un maximum d’informations et une photo du produit. Une fois la notification envoyée, le bénéficiaire pourra indiquer ce qui l’intéresse et débuter une conversation avec le commerçant. Ensuite, les modalités de règlement et de livraison incombent aux acteurs de terrain. Et hop.

Cathy Lafon

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