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Biodiversité : en mai prochain, un mâle slovène viendra à la rescousse des 29 ours pyrénéens

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Pyros, le beau mâle, lors de son lâcher dans les Pyrénées en 1997. Photo archives Sud Ouest / Jean-Jacques Saubi

29. C'est le chiffre total de la population minimale des ours repérés dans le massif pyrénéen en 2015, après la naissance de 3 portées (6 ours), selon le rapport annuel de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.

Un effectif stable par rapport à 2014, recensé grâce aux relevés des 400 bénévoles et professionnels du réseau Ours brun et aux stations de photos automatiques qui ont capté la présence de 2 ours mâles dans les Pyrénées occidentales et 27 dans les Pyrénées centrales (14 femelles, 9 mâles et 4 spécimens au sexe indéterminé). Ce qui n'interdit pas d'espérer avec l'association Pays de l'Ours-Adet, qu'il y ait 5 autres plantigrades en vie dans le massif, ce qui porterait à 34 la population des plantigrades pyrénéens.

Et les heureux papas de l'année sont...

Exit Pyros. A 28 ans (un âge canonique chez les ours), l'ours lâché en 1997, grand-père ou papa de grande majorité des oursons du massif pyrénéen, n'est plus au top de ses capacités de reproduction. Age ou lassitude, l'analyse des poils et crottes d'oursons retrouvés en 2015 qui permet de tracer les filiations, montre que les ardeurs de géniteur de celui que l'on surnommait le "casanova" des Pyrénées ne sont plus celles qu'elles étaient. Nul ne peut savoir si Pyros regrette ou non ses vertes années. Ce qu'il y a de sûr, c'est que ce n'est pas plus mal pour la pérennité de la population ursine pyrénéenne, menacée par le risque de consanguinité.

Balou, Moonboots et Pépite

Avant de mourir en juin 2014, Balou, lâché en 2006, a eu le temps de convoler avec la jeune oursonne Plume. De leur union est né en 2015 un ourson mâle. Cet arrière-petit fils de Pyros "pourrait contribuer à accroître quelque peu la diversité génétique de cette sous-population", soulignent les spécialistes de l'Equipe Ours.

Les deux autres papas 2015 sont Moonboots, descendant de Balou, déjà père d'une portée, et le jeune et sémillant Pépite, 3 ans et demi, le dernier venu sur le marché des amours ursines pyrénéennes dont les charmes ont ravi le coeur de l'ourse Caramellita. Les deux mâles ont engendré 5 oursons.

"Où sont les femmes ?"

Si les ours des Pyrénées centrales n'ont pas besoin de recourir aux sites de rencontre pour trouver l'amour, côté Ouest, en Béarn et en Haute-Pyrénées, la vie est plus dure pour les deux seuls mâles de l'espèce : toujours pas de femelle en vue pour Néré (19 ans) et Canellitto (12 ans)... Ce qui explique aussi pourquoi, malgré la naissance d'au moins six oursons en 2015, on ne recense toujours pas plus d'ours dans les Pyrénées en 2015 qu'en 2014.

29 ou 34 ours ?

ours,pyrénées,réintroduction,bilan,chiffre,statistiques,naissance,populationIl est toutefois possible que le nombre réel des plantigrades soit plus élevé que celui que les techniciens ont comptabilisé grâce à leurs films, photographies et autres analyses d'ADN. On sait que le massif pyrénéen abritait en effet 5 autres ours dont la trace n'a pas été repérée l'an dernier. Ce qui ne veut pas pour autant dire qu'ils soient morts, comme l'explique Alain Reynes, le directeur de l'association Pays de l'Ours-Adet : "On peut raisonnablement penser qu'il y en a davantage que 29. Les jeunes et femelles avec oursons ont tendance à se cacher pour éviter les mâles adultes". L'infanticide étant un risque réel chez les ursidés, les jeunes ont pour habitude de se faire discrets.

A la fin des années 1980, le dernier ours disparaît des Pyrénées centrales

Il restait environ 70 ours en 1954. "La population se fragmente ensuite en deux noyaux : l’un à l’ouest et l’autre au centre de la chaîne pyrénéenne. À la fin des années 1980, le dernier ours disparaît du noyau central... A cette période, il apparaît inéluctable que la population d’ours est condamnée à disparaître des Pyrénées", rappelle le Plan de Restauration et de conservation de l’ours brun 2006-2009. Grâce aux réintroductions de spécimens, on n'en est plus là. Il n'en reste pas moins que les défenseurs de l'ours soulignent que la population des Pyrénées  "reste fragile" appellent les autorités françaises à procéder au plus vite à de nouveaux lâchers. En vain, jusqu'à présent.

Un nouvel ours sera relâché en mai 2016, côté espagnol...

Le programme européen "Piroslife" prévoit bien en effet de relâcher en mai prochain un ours mâle slovène en Espagne, dans les Pyrénées centrales, où 6 à 9 femelles sont susceptibles d'avoir eu une portée cet hiver.  Un beau cadeau d'anniversaire aux ourses catalanes pour fêter le 20ème anniversaire du premier lâcher d'ours, le 19 mai prochain.

... mais pas en France

Mais hélas, pas question pour la France d'offrir le même, en version fille, à Néré et Cannellito qui cherchent pourtant désespérément une compagne pour se reproduire et empêcher la branche ursine occidentale de s'éteindre. La réintroduction de nouvelles femelles est une décision que les ministères de l'Ecologie successifs en France se sont refusé à prendre depuis deux quinquennats, par crainte de l'opposition des anti-ours qui dénoncent régulièrement et avec virulence les dégâts commis par les plantigrades sur l'élevage de montagne.

Selon les données du rapport du réseau Ours Brun, "en 2015, sur l'ensemble du versant français, le nombre de prédations sur les animaux domestiques "confirmées"» (où la responsabilité de l'ours ne peut être écartée), est de 88 attaques pour 148 animaux tués ou blessés (1,7 animaux en moyenne par attaque) et 5 attaques sur les ruchers pour11 ruches détruites."

Cathy Lafon

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