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Aéroport de Notre-Dame-des-Landes: l'expertise officielle de la discorde

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Manifestation contre le projet de Notre-Dame-des-Landes, le 27 février 2016. Archives AFP

Il n'y a pas que les écolos et les collectifs d'associations d'élus et de citoyens (ACIPA et CéDEPA) qui bataillent contre le projet du futur aéroport contesté de Notre-Dame-des-Landes, au nord de Nantes, confié au groupe de BTP Vinci, le propriétaire majoritaire de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique. Les charges se multiplient et viennent de tous les côtés.

Fin mars, les syndicalistes CGT de Vinci ont attaqué le montage financier de la construction du nouvel équipement aéroportuaire. Ils reprochent notamment au partenariat-public-privé d'alimenter des profits privés par de l'argent public et mettent, en outre, sérieusement en doute la rentabilité future d'un tel ouvrage.

L'alternative privilégiée par les syndicalistes, la rénovation de la plate-forme existante, rejoint l'une des deux options préconisées par un nouveau rapport officiel d'experts rendu ce mardi à la ministre de l'Ecologie, qui juge que le projet est "surdimensionné", sur "un site qui présente des qualités et des difficultés".

Résultat : un nouveau bras de fer entre Ségolène Royal et le premier ministre qui, tels deux critiques littéraires enflammés, ne font pas du tout la même lecture de l'étude... Manuel Valls estime que le rapport "valide" en l'état le transfert de l'aéroport nantais et la ministre de l'Ecologie qu'il faut arrêter les frais, cesser immédiatement les expulsions et recalibrer le projet. Quitte à prendre de nouveaux retards dans les travaux.

Le PPP et l'argent public

Le 21 mars dernierle syndicat CGT du groupe Vinci, concessionnaire du futur Aéroport du grand ouest, est monté au front, en réclamant l'abandon du projet Notre-Dame-des-Landes et en se livrant à une charge virulente contre son montage financier qui, "comme tout partenariat public-privé relève de la politique de privatisation des services publics (et) revient à alimenter des profits privés par de l’argent public". Les collectivités doivent en effet mettre la main à la poche pour abonder une bonne partie du projet (115,5 millions d’euros sur 561, soit 20,5% du total), "sans autre espoir de rentrer dans leur frais qu’une clause de "retour à meilleure fortune" parfaitement illusoire ", estime le syndicat.

Chiffrage "sous-estimé"

aeroport,notre-dame-des-landes,polémique,rapport,cgtLa CGT souligne en outre que le chiffrage "ne tient pas compte du coût énorme des infrastructures et aménagements de desserte" et assure que "les travaux de construction eux-mêmes ont été sous-estimés, sans qu’aucune provision n’ait été prévue pour les dépassements de coût éventuels". Le syndicat préfèrerait que l'on rénove l’aéroport de Nantes-Atlantique et souhaite que  le gouvernement renonce à la construction d'une nouvelle infrastructure aéroportuaire à Notre-Dame-des-Landes.

"Surdimensionné" et "fruit d'une conception ancienne"

Un nouveau rapport d'experts, commandé par Ségolène Royal et mis en ligne ce mardi, en rajoute une couche. L'"Etude sur les alternatives pour le développement aéroportuaire du Grand Ouest", juge que le projet d'une future plate-forme, "surdimensionné" par rapport aux besoins, est le "fruit d'une conception ancienne". Pour ses auteurs, Pierre Caussade, Nicolas Forray et Michel Massoni, trois ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, ce ne sont pas les problématiques environnementales qui coincent. Si la biodiversité de la campagne de Notre-Dame-des-Landes est riche et variée, elle ne justifie pas selon eux  un "zonage réglementaire de protection".

"Utilité publique" remise en question

aeroport,notre-dame-des-landes,polémique,rapport,cgtEn revanche, c'est l'"utilité publique" elle-même du projet en l'état que semblent contester les rédacteurs, qui suggèrent, s'il est maintenu sur le site de Notre-Dame-des-Landes, de le revoir à la baisse, avec une seule piste au lieu de deux, réduisant ainsi de 200 hectares l'impact environnemental. Voire plutôt de conserver et de moderniser l'infrastructure existante, l'aéroport de Nantes-Atlantique, en prenant en compte la question des nuisances sonores, réelle pour les habitants de l'agglomération. La facture s'allègerait alors à 300 millions d'euros, au lieu des 561 millions prévus pour faire sortir de terre un nouvel équipement capable d'accueillir 7 millions de passagers par an, contre 4,4 millions en 2015.

Valls et Royal :"the battle"

Basé notamment sur plusieurs études déjà réalisées, dont celle de la "commission du dialogue" qui avait déjà émis des réserves en 2013, le rapport n'ébranle pas pour autant les certitudes du premier ministre. Manuel Valls a jugé ce mardi que l'avis des experts validait "la pertinence" du transfert de l'aéroport, qui devient une source d'embrouille au sein du gouvernement. A l'issue du conseil des ministres, la ministre de l'Ecologie, elle, a tapé du poing sur la table mercredi, en sommant Aéroports du Grand Ouest (AGO), la filiale de Vinci qui a obtenu la concession du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, de cesser les expulsions sur le site, le projet initial étant selon elle "surdimensionné" et devant être revu.

La piste d'une seule piste ?

"Ce n'est pas la peine de faire croire aux gens que ce sera autrement. 200 hectares seront rendus aux agriculteurs". Ségolène Royal, 6 avril 2016

aeroport,notre-dame-des-landes,polémique,rapport,cgtMais la ministre qui espère avoir trouvé la solution pour désamorcer la crise en ménageant la chèvre et le chou, n'est pas non plus pour autant contre le transfert... "Mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire, je le dis aussi à ceux qui se sont opposés systématiquement à tout", a-t-elle ajouté. L'agrandissement de l'aéroport de Nantes étant, selon Ségolène Royal, exclu en raison de la densité de l'habitat, elle privilégie le transfert à Notre-Dame-des-Landes mais avec une seule piste, suffisante selon elle."Une seule piste permet 11 millions de voyageurs alors qu'on a présenté un aéroport à deux pistes avec un impact environnemental très lourd". La surface gelée non utilisée sera rétrocédée aux agriculteurs pour l'exploiter.

 Le référendum en juin "n'a plus de sens"

Pour les opposants au futur aéroport, c'est beaucoup plus simple : le rapport montre que "le projet de Notre Dame des Landes est surdimensionné et que la rénovation de Nantes Atlantique est une alternative crédible et moins coûteuse".  CQFD, concluent les associations qui estiment dans un communiqué que "la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) doit être abrogée, que les procédures d’expulsion en cours doivent être définitivement arrêtées et qu’une consultation en juin n’a plus de sens."

Cathy Lafon

#NDDL #MaPlanète

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