Gironde : "Manon Cormier", le collège aux oiseaux
"Les oiseaux de chez nous", c'est le nom du projet pédagogique innovant monté en Gironde pour l'année scolaire 2015-2016, par deux professeurs de technologie du collège Manon Cormier (Bassens), Chrystelle Bouydron et Olivier Cazaux.
Cet atelier APAC (Atelier Pédagogique Artistique et Culturel) a pour objectif de sensibiliser concrètement les élèves à la préservation de la biodiversité, par la conception et la fabrication et l'installation de nichoirs à oiseaux, dans un nouveau refuge de la Ligue de la protection des oiseaux (LPO), situé au château viticole bio Les Dauphins, propriété d'Alain Noël, photographe ornithologue amateur, à Saint-Loubès, commune voisine de Bassens. Mais, au-delà des nichoirs, les deux enseignants ont bien d'autres idées derrière la tête, comme faire découvrir aux enfants les interactions entre la gestion globale de la forêt et de la nature, les habitats des oiseaux familiers et la préservation de leurs espèces.
Les oiseaux ont la côte. Les candidatures se sont bousculées pour participer à ce projet, conçu en partenariat avec la LPO et fondé sur la base du volontariat. Il n'y a pas eu de place pour tout le monde et au final, huit élèves de quatrième, âgés de 13 ans, ont été retenus à la rentrée de septembre. En novembre dernier, Loane, Isabel, Aurélia, Baptiste, Esteban, Aimric, Arthur et Elio, super motivés, ont effectué leur première visite sur le terrain, à Saint-Loubès, avec leurs professeurs et Magali Contrasty, ornithologue et animatrice à la LPO. Grâce a l'expertise de la spécialiste, ils ont pu observer les différentes espèces d’oiseaux présentes sur le domaine, afin de construire les nichoirs appropriés et de déterminer leur emplacement futur. Et ils ont aussi obtenu des réponses à leurs questions.
Pourquoi construire des nichoirs ?
Des nichoirs, c'est bien joli, mais pourquoi faudrait-il en construire ? Les oiseaux ne sont-ils pas suffisamment dégourdis pour se débrouiller tout seuls ? Les ados ont les bonnes questions. Et Magali Contrasty, les bonnes réponses. "De nombreux oiseaux, comme les mésanges, raconte la spécialiste, édifient leur nid dans une cavité : un arbre creux, un trou dans un édifice ou sous un toit..." Malheureusement, en raison des activités humaines, ces cavités naturelles se raréfient de façon alarmante car les arbres creux sont arrachés et les bâtiments impeccablement rénovés... "Même si le milieu offre des ressources alimentaires suffisantes, il ne présente plus de sites favorables à la nidification, ce qui nuit à la survie des oiseaux qui peuplent notre quotidien", poursuit-elle.
La disparition alarmante de nombreux oiseaux familiers
En France, en seulement 20 ans, rappelle la scientifique, les effectifs de nombreuses espèces d’oiseaux ont considérablement chuté : -42% pour l’Hirondelle de fenêtre, -57% pour le Gobemouche gris, -14% pour le Moineau domestique. "Voilà pourquoi les oiseaux de nos jardins ont donc besoin de notre aide et l’installation de nichoirs sur nos propriétés n’a rien d’anecdotique !", sourit la spécialiste. Les nichoirs constituent en effet des gîtes de substitution où chaque oiseau peut construire et aménager son nid à sa convenance, avec les matériaux de son choix, selon la technique qui lui est propre. "En fabriquant et en installant des nichoirs, vous pourrez attirer nombreux oiseaux, très utiles, par leur consommation d’insectes, dans un verger, un jardin ou un parc !" conclut-elle.
Quatre types de nichoirs
Mais si l'on veut que les oiseaux adoptent les nichoirs pour y vivre, ce n'est pas gagné ! Avec Magali Contrasty, les élèves découvrent aussi que les bêtes à plumes, ça marche un peu comme les humains. L'architecture de leur future maison doit avant tout s'adapter aux particularités de chacun de ses futurs petits locataires. Au vu des caractéristiques des oiseaux qui nichent dans le domaine du refuge de la LPO, à Saint-Loubès, il faudra ainsi dessiner et construire pas moins de quatre types de nichoirs, munis d'ouvertures différentes. Le premier pour les oiseaux cavernicoles comme les mésanges et les sittelles torchepot ; le second, collectif, pour les moineaux qui ont la particularité de vivre en colonie ; le troisième, plus gros, pour les huppes fasciées ; et enfin le quatrième et dernier modèle, lui, sera ouvert pour héberger rouges gorges, rouges queues et autres fauvettes.
Au total, ce sont 20 nichoirs qui seront fabriqués en 2016 par les élèves, dans une essence de bois locale et non traitée, pour le confort des futurs locataires. Pour la plupart d'entre eux, installés dans le collège lui-même, où une exposition est prévue au mois de juin, afin de présenter l'ensemble du projet pédagogique. Pas de temps à perdre : il faut être prêt à la fin de l'hiver, juste à temps pour la période de nidification qui débute en mars. D'ici à février, six d'entre eux devront être terminés pour une installation clés en main à Saint-Loubès. Alors, au boulot !
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