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Daesh, climat : pour Nicolas Vanier, "Il faut arrêter de bricoler"

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Nicolas Vanier à "Sud Ouest", le mercredi 18 décembre. Photo Guillaume Bonnaud

Ce mercredi, Nicolas Vanier, était à Bordeaux dans les locaux de "Sud Ouest" pour répondre aux questions de nos lecteurs, à l'occasion de la sortie de son livre "La Grande Course, dans l'enfer de la Yukon Quest", paru chez XO Editions, le 29 octobre 2015. Soit 26 participants à l'une des plus grandes courses de chiens de traîneau au monde, 12 jours, 1 600 kilomètres avec ses chiens par - 50°C (en théorie).

Auparavant, durant l'assaut donné par les forces de l'ordre à Saint-Denis, 'explorateur du Grand Nord a partagé à chaud avec la Rédaction de "Sud Ouest" son analyse des attaques de Daesh à Paris, largement liées, selon lui, à l'incroyable montée des inégalités dans le monde, mais aussi aux conséquences du bouleversement climatique. Extraits.

Sur les attentats du vendredi 13 novembre à Paris

"Je ne suis pas étonné. Les gens n'en ont pas toujours conscience, mais moi qui sillonne en tous sens la planète, je constate qu'il y a une montée effarante des inégalités dans le monde, entre pays riches et pauvres, les pays du nord et du sud, l'Occident et le reste du monde. Quant on regardera dans un demi-siècle ou un siècle ce qui se passe en ce moment, c'est ce qu'on retiendra.  Des terroristes comme ceux de Daesh font leur lit de ces inégalités. On oublie aussi que la crise climatique avec ses conséquences sur l'agriculture, l'élevage et la sécurité alimentaire des population, est l'une des origines de la guerre en Syrie et dans la zone où Daesh s'est implanté."

Sur la guerre en Syrie et en Irak, et les frappes aériennes

"Il faut arrêter de bricoler". Nicolas Vanier

vanier 3.jpg"Là, on ne peut pas faire autrement. il faut riposter et par tous les moyens pour éradiquer les monstres de Daesh. Mais la solution militaire, si elle est nécessaire aujourd'hui, ne sera pas LA solution. Nous devrions rompre avec notre incroyable arrogance d'Occidentaux et ouvrir les yeux sur les réalités. On reporte sans cesse les débats de fonds et les décisions sur les vrais enjeux : la réduction des inégalités dans le monde est un enjeu majeur. C'est comme pour le climat et la COP21: il faut arrêter de bricoler. Il faut s'attaquer aux racines du mal et changer notre logiciel. Il faut conjuguer davantage le verbe "être" et un peu moins le verbe "avoir", dont on mesure aujourd’hui les limites. C'est comme une automobile trop vieille, il arrive un moment où il faut arrêter d'essayer de la réparer, il faut en changer".

Sur les migrants et les réfugiés

"Il y a une chose qu'il faut absolument réaliser. L'Europe ne pourra pas barricader ses frontières avec des barbelés pour empêcher les centaines de milliers de réfugiés politiques et avant tout climatiques qui existent déjà. Demain, ils seront 1 ou 1,5  millions à vouloir quitter notamment le Sahel à cause des conséquences du réchauffement climatique, tout simplement en quête de nourriture et d'eau. On ne pourra pas tous les laisser se noyer dans la Méditerranée pour les empêcher d'entrer chez nous, à la recherche de leur survie. Il faut anticiper sur ces futurs déplacements de population." 

Sur le Grand Nord et le changement climatique

"L'hiver dernier, il a fait jusqu'à 15°C de plus que la moyenne des températures habituelles. Il a fait si chaud, qu'au lieu de neiger, il a plu, et cela a provoqué des inondations. L'embâcle (la prise des fleuves par les glaces) a désormais trois semaines de retard. C'est catastrophique pour les populations locales qui se servent traditionnellement depuis des centaines d'années de ces axes  comme de routes naturelles, pour se déplacer. D'autant qu'on ne peut pas construire de routes en dur à côté, car le permafrost dégèle. Alors, si on peut, on prend l'avion."

Cathy Lafon

#COP21

  • Retrouver la vidéo de la rencontre de Nicolas Vanier avec les lecteurs de Sud Ouest :

►QUI EST NICOLAS VANIER ?

  • Ecrivain, photographe et réalisateur, Nicolas Vanier voyage depuis plus de 30 ans dans le Grand Nord, et partage sa passion des grands espaces gelés à travers ses ouvrages et ses films : «L'Odyssée blanche», «L'Or sous la Neige», «Le Dernier trappeur», «Avec mes chiens». Ses multiples expéditions en font un témoin privilégié des bouleversements climatiques à l'oeuvre sur la planète, sur lesquels il veut aujourd'hui alerter les citoyens du monde.

►REPERES

  • Sécheresse, désertification, montée des eaux, dégel du permafrost dans le Nord : selon l'ONU, 150 millions de personnes seront déplacées dans le monde en raison du changement climatique d'ici à 2050. A ce jour, les réfugiés climatiques n'ont toujours pas de statut juridique international qui les protège.

►LIRE AUSSI

  • Les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique: cliquer ICI

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