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Initiative. Le premier cimetière "écolo et pas cher" de France a été conçu dans la région, à Niort (Deux-Sèvres)

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Le "cimetière naturel" de Souché, conçu par la Ville de Niort (Deux-Sèvres), le 9 octobre 2015. Photo AFP / Nicolas Tucat

Pas de marbre, mais du calcaire local. Pas de fleur artificielle, mais des plantes naturelles : le "cimetière naturel " de Souché, conçu par la ville de Niort (Deux-Sèvres), dans la future grande région Sud-Ouest, est un modèle de repos éternel écologique et peu coûteux. Une première en France.

Un environnement différent

A l’entrée de cette nécropole inhabituelle, sanctuaire de biodiversité, une citation du botaniste Gilles Clément donne le la : "Pour faire un jardin, il faut un morceau de terre et l’éternité". Pour le Conservateur des douze cimetières de Niort, Dominique Bodin, qui a inauguré, en 2014, le premier "cimetière naturel" de la ville et de France, il s’agissait de créer "un environnement différent, où les défunts seraient rendus à la terre, naturellement".

En 30 ans, les usages du cimetière ont changé. Avec une cellule familiale éclatée, "les proches ne sont plus nécessairement implantés sur le territoire communal et le besoin de perpétuer l’espace de repos et de recueillement s’est amenuisé", justifie Dominique Bodin. Les communes l’ont bien compris en supprimant pour la plupart les concessions perpétuelles pour en faire des concessions à durée déterminée: de 50, voire 30 ans.

Développement durable

toussaint,mort,cimetière,niortLa question du développement durable a également fait son entrée dans les cimetières. Selon le Conservateur, on peut s’interroger sur ce que deviendront "ces stèles ou caveaux de granit importé de Chine à grands frais et difficilement recyclables, si les concessions ne sont pas renouvelées".  "L’utilisation déraisonnée d’herbicides dans les cimetières traditionnels, observe-t-il, a rendu le sol tellement stérile qu’il ne peut plus absorber la matière organique des corps". En 2020,  la France interdira les pesticides dans les lieux publics. Une échéance qui doit, selon lui, inciter à "faire la transition dès aujourd’hui du cimetière minéral au cimetière végétal".

Vivre en écolo, jusque dans l'au-delà

La crémation, plébiscitée par la moitié des Français, est la première source de pollution au mercure dans l'Hexagone,  une "catastrophe écologique", d'après la revue "Les 4 Saisons du jardin bio", parue le 31 octobre 2014.L'écologie a aussi son mot à dire dans la gestion de la mort. Dans ce domaine, comme dans bien d'autres, les pays d'Europe du Nord (Royaume-Uni, Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Scandinavie) sont plus avancés que la France. Fort de ce constat, le Conservateur et Eve-Marie Ferrer, paysagiste à la direction des espaces publics de la mairie de Niort, ont imaginé ensemble cette "nécropole plus verte et moins chère en s’appuyant sur le recyclage", avec un budget de 50.000 euros, alloué par la Ville. A  Souché, tout a été pensé pour minimiser l’empreinte écologique et faire le lien entre défunts, visiteurs et la nature.

Pour tous

Un mur de pierre sèche et une haie vive séparent le lieu semi-sauvage et boisé, de 4.000 m2, où reposent déjà une douzaine de défunts, et le cimetière voisin où sont alignées des centaines de stèles uniformes dans un espace bétonné. Classique. Autre particularité, le cimetière écolo niortais est un espace conçu pour tous: athées, croyants de toutes confessions, adeptes de l’inhumation ou de la crémation.

Recyclage vertueux

Ici, les arbustes sont issus des friches communales et une meule de récupération fait office de banc au centre du paisible "Jardin de dispersion des cendres", où l’on a planté l' "Arbre des printemps", une sculpture en métal, également recyclée. Linceuls et habits des défunts sont en fibres naturelles et les soins chimiques de thanatopraxie (conservation du corps) strictement interdits. Le cercueil est en bois non-traité ou en matériaux recyclés et les vernis certifiés sans solvants. Et les fleurs, cela va de soi, sont naturelles.

Combien ça coûte ?

Dans la nécropole "verte" niortaise, les obsèques et la concession (de 15 à 30 ans) coûtent entre 1.500 et 2.500 euros, pour des devis qui, dans le privé peuvent atteindre jusqu’à 5.000 euros, ou même plus. Mais il faut adhérer à la "Charte" du cimetière naturel, et à l’idée qu’il n’y a pas de cuve bétonnée, mais une inhumation en pleine terre, sans caveau. Pas non plus de pierre tombale, mais un pupitre de 30 centimètres en calcaire local.

Cathy Lafon, avec l'AFP

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