#COP21. Changement climatique : pour réduire les gaz à effet de serre, les comptes ne sont pas bons
Pour stabiliser le climat en dessous de 2°C d'ici à 2100, il faudra mettre fin à l'exploitation des énergies fossiles. Photo AFP
Sur le papier, l'objectif de la COP21, le sommet international sur le climat qui s'ouvrira dans un mois à Paris et durera jusqu'au 11 décembre, est simple : limiter à 2° C l’augmentation moyenne de la température sur Terre, d’ici à 2100. A défaut, il faudra se préparer à des catastrophes naturelles de grande ampleur et à un afflux sans précédent de réfugiés climatiques, et mutations économiques violentes. C'est clair : il ne faut pas se rater.
2,7° C
D'ici là, c'est comme pour la Danette : tout le monde se lève - plus ou moins - pour la planète. Dans ce grand charivaris écologique, planétaire et local, où chacun rivalise de bonnes intentions pour réduire les gaz à effet de serre, on ne compte plus les initiatives durables, macro et micro-locales, destinées à "sauver le climat".
Léger bémol: les 150 pays qui doivent s'entendre à Paris pour réduire leurs émissions de CO2 afin de stabiliser le changement climatique, manquent encore un poil d'enthousiasme. Pour l'heure, selon l'ONU, pour peu que leurs engagements soient respectés à la lettre, ce qui est encore une autre paire de manche, on n'arriverait qu'à 2,7°C.
Il y a de l'espoir, mais il faut faire davantage
De conférences intermédiaires en réunions de négociations, à un mois de la COP21, l'heure des comptes a sonné. Les 140 plans nationaux, ces fameuses "contributions des Etats prévues déterminées au niveau national" pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, en discussion depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, "alimentent l'espoir de limiter la hausse des températures à deux degrés Celsius". Mais il faut faire davantage, pointent les onusiens dans un rapport complet, rendu ce vendredi. Une conclusion pas du tout anecdotique. C'est en effet la somme des engagements des Etats qui doit servir de base aux discussions de la COP21 préalables à la signature d'un accord international pour stabiliser le réchauffement climatique.
86% des émissions mondiales de gaz à effet de serre
Concrètement, les stratégies nationales élaborées à ce jour permettraient de limiter la hausse des émissions mondiales à 56,7 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an d'ici 2030, soit quatre milliards de tonnes de moins qu'estimé sans nouvelles mesures, contre 49,0 milliards en 2010, précise l'Onu dans un rapport. En clair, l'impact global des "plans d'actions climat" nationaux couvre 86% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et leur mise en application intégrale permettraient de faire baisser la moyenne mondiale des émissions par personnes jusqu'à 8% d'ici 2025 et jusqu'à 9% d'ici 2030, par rapport au niveau de 1990.
"Une brèche significative" est ouverte...
"Ces plans commencent ensemble à ouvrir une brèche significative dans la croissance des émissions de gaz à effet de serre: ils font office de plancher et fournissent la fondation sur laquelle une plus grande ambition pourra être construite", a déclaré Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
... mais elle reste insuffisante
Mais au total, les plans nationaux actuellement énoncés ne peuvent limiter l'élévation de la température prévue qu'à environ 2,7°C d'ici 2100. Ce n'est en "aucun cas suffisant", précise Christiana Figueres qui, optimiste de nature et excellente diplomate et pédagogue, voit toutefois le verre à moitié plein et relève que "cela se situe beaucoup plus bas que les quatre, cinq degrés voire plus de réchauffement" projetés par les scientifiques, avant les efforts annoncés des Etats. il s'agit clairement d'encourager les bons élèves, sans dégoûter définitivement les mauvais.
Eviter le pire
Un optimisme sur lequel rebondit Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, qui présidera la COP21. Pour lui, ce rapport montre que "les contributions nationales permettent de changer la donne et nous éloignent du pire, c'est à dire d'un réchauffement à 4°C-5°C ou plus". Faire mieux et "obtenir une trajectoire permettant de limiter le réchauffement en dessous de 1,5-2°C d'ici la fin du siècle, c'est possible, mais cela implique des efforts supplémentaires dans le temps", a-t-il indiqué ce vendredi. Pour les écologistes, comme Yannick Jadot, eurodéputé EELV, si la situation est meilleure que si les Etats ne faisaient rien, on risque de vivre à Paris une déception annoncée.
La mort des énergies fossiles et le développement des renouvables
Pour les scientifiques, pour sauver le climat et donc rester en dessous de la barre fatidique des 2°C, c'est 100% des émissions de gaz à effet de serre produites par les énergies fossiles qu'il faut parvenir à annuler. Visiblement, beaucoup de dirigeants politique et vraisemblablement de citoyens, en doutent encore. Mais désormais, pour la première fois, la communauté internationale dispose d'une base d'engagements solide et il reste un mois pour progresser. Après, il faudra aussi causer financements, pour aider les pays du Sud à s'adapter au changement climatique...
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