Initiative. En 2016, l'agglomération de Grenoble passera en zone 30
Signalisation horizontale de limitation de vitesse à 30 km/h. Photo AFP
Lancée fort à propos en pleine Semaine européenne de la mobilité durable et des alternatives à la voiture, l'info n'a pas fini de faire causer. C'est une première en France. Au lieu de couper les cheveux en quatre et de multiplier les panneaux en ville pour signaler les différentes rues et zones où l'on doit rouler à 30 ou à 50 km/heure, le maire écolo de Grenoble (Isère), Eric Piolle (EELV) a tranché dans le vif: à la mi-2016, dans l'agglomération grenobloise, la vitesse des véhicules sera réduite à 30 km/heure. Une limitation qui deviendra donc la règle, et 50 km/heure l'exception réservée aux grands axes qui desservent la périphérie et aux grands boulevards.
Pour le coup, l'édile vert qui s'est saisi de la loi de transition énergétique qui permet aux maires de fixer une vitesse maximale inférieure à la vitesse officielle, a obtenu le soutien des 42 maires de touts bords (PC, PS, LR) des communes de Grenoble-Alpes-Métropole. "La Métro" cultive ainsi son image de ville-laboratoire en matière d'écologie urbaine, y compris sur le plan politique.
Quels sont les 5 grands effets positifs de la mesure ?
La diminution de la pollution de l'air est le premier bienfait pour la santé des 440.000 habitants concernés par la mesure. Il est vrai que Grenoble, située dans une cuvette, n'est pas gâtée pour la qualité de l'air. Situation paradoxale dans une ville qui privilégie depuis longtemps les transports en commun, à pied, à vélo, et les déplacements doux, l'air y est l'un des plus irrespirables de France lors des pics de pollution estivaux qui la frappent régulièrement. A plus grande échelle, en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre, les Grenoblois contribuent aussi activement à la lutte contre le réchauffement climatique. Et ce, sans perdre de temps dans leurs déplacements, bien au contraire. En réalité, soulignent les promoteurs de l'idée, Eric Piolle et Yann Mongaburu, vice-président de "La Métro" en charge des déplacements, élu grenoblois EELV, on ne circulera pas moins vite en voiture : la moyenne de la vitesse des déplacements en ville est déjà de 18 km/heure.
Une ville "apaisée" et économe
Troisième intérêt pour la ville et ses habitants, la diminution du taux de la mortalité routière pour les piétons et les cyclistes. Le taux de mortalité des piétons heurtés par les véhicules motorisés qui roulent à 50 km/heure est de 45%. Il tombe à 5%, lorsque la vitesse est réduite à 30 km/heure. "La Métro" entend ainsi mieux protéger les enfants et les personnes fragiles, en situation de handicap ou âgées, en leur procurant une meilleure sécurité lors de leurs déplacements à pied ou à vélo. Outre créer les conditions d'une ville à la circulation "apaisée", la limitation de la vitesse à 30 km/heure devrait ainsi avoir pour conséquence de développer les déplacements doux. Et comme la santé, outre manger cinq fruits et légumes (bios) par jour, c'est aussi bouger et faire de l'exercice régulièrement, c'est tout bénef' ! Sans compter, cinquième et dernier avantage, des économies pour le portefeuille des consommateurs et les ressources de la planète en énergie fossile : les Grenoblois devraient dépenser moins en carburant.
Comment faire respecter la nouvelle limitation ?
Là, on est dans le dur et l'écolo est au pied du mur. "Tout ça c'est bien joli, direz-vous, mais les amendes vont encore pleuvoir et c'est une façon déguisée de regarnir les caisses de la collectivité locale ou de l'Etat sur le dos du contribuable !" Vous avez tout faux. Les caméras de vidéo surveillance, les sanctions, tout ça, ce n'est pas vraiment l'esprit écolo qui privilégie la pédagogie, l'information et la participation citoyenne. Alors, dans cette affaire, si elle n'exclut pas le recours aux amendes, la collectivité locale grenobloise veut jouer à fond la carte du développement durable et mise aussi sur une signalisation performante, la piétonnisation de certaines rues commerciales et la création de "zones rencontres" limitées à 20 km/heure. Devinez-quoi ? Ce sont les commerçants qui sont contents... Et les habitants aussi. Via "Ma rue apaisée", une "boite à idées" accessible en ligne sur internet, tous sont invités à proposer dans leur quartier l'élargissement des trottoirs et leur végétalisation. Une manière de leur faire toucher du doigt concrètement l'impact de la mesure sur l'amélioration de leur cadre de vie.
Bien-être au quotidien
Limiter la vitesse à 30km/heure à l'échelle d'une agglomération de la taille de Grenoble, n'est pas une mince affaire. En 2011, 35 kilomètres de l'agglo roulait à 30. En 2016, ce seront 207 kilomètres qui seront concernés, soit 89% de la voirie. Première en France à ce niveau, la pratique est toutefois largement répandue dans d'autres pays, comme l'Allemagne et les Pays-Bas. Mais la véritable originalité de la démarche grenobloise est peut-être qu'elle vise finalement, au premier chef, l'amélioration du bien-être quotidien des habitants, et non pas celle des transports.
Il faudra bien sûr un retour d'expérience de l'initiative grenobloise, afin d'évaluer son efficacité. Mais elle essaime dores et déjà. Anne Hidalgo (PS) pédale dans la roue d'Eric Piolle (photo AFP ci-dessus) : la maire de Paris s'est engagée à instaurer la limitation généralisée à 30 km/h sur l'ensemble du territoire de la capitale avant 2020. Suivra-t-elle jusqu'au bout l'exemple du maire de Grenoble, en ne circulant plus qu'à vélo dans les rues de Paris ? A suivre...
#COP21 #maplanète
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