Biodiversité, c'est l'alarme : il y a deux fois moins de poissons dans les océans qu'en 1970
Pêcheurs en mer dans les Îles Kai, Indonésie. Photo Juergen Freund / WWF
Les nombreuses campagnes de Greenpeace contre la surpêche avaient déjà tiré la sonnette d'alarme : les océans se vident. Concrètement, puisqu'il faut illustrer la réalité par des chiffres, les stocks de poissons dans les océans ont diminué de moitié depuis 1970. La faute à qui ? Sans surprise, c'est l'homme qui est responsable de la disparition des animaux marins, pointent le WWF, dirigé en France par la navigatrice Isabelle Autissier, et la Zoological Society of London (ZSL).
Dans un rapport publié ce mercredi, les deux grandes ONG écologistes dénoncent notamment les ravages de la surpêche et la gestion anarchique des stocks de pêche : les océans sont désormais "au bord de l'effondrement" et la sécurité alimentaire de la planète est menacée. On se doutait que c'était grave, mais peut-être pas à ce point là...
Mangerons-nous encore du thon en 2050 ?
"L'océan a des capacités à se reconstituer, mais il y a des limites". Marco Lambertini, directeur général de WWF International
Plus grave : la population de certains poissons parmi les plus consommés sur la planète, comme les thons (photo AFP), maquereaux et autre bonites, ont même régressé de près de 75% dans le même temps, a précisé Marco Lambertini, le directeur général de WWF International. "On assiste à un déclin massif pour des espèces qui sont essentielles" à la fois à l'écosystème des océans et à la sécurité alimentaire de milliards de personnes, dit-il. D'autant, que parallèlement, la population mondiale et son appétit pour le poisson ne cessent d'augmenter. A l'échelle mondiale, la consommation moyenne par habitant de la planète est passée de 9,9 kg par habitant dans les années 1960 à 19,2 kg en 2012.
"Au bord du précipice"
"Nous conduisons collectivement l'océan au bord du précipice", Marco Lambertini, WWF
La disparition des récifs coralliens d'ici à 2050 ?
Le réchauffement climatique qui provoque la hausse du niveau des océans et l'élévation de la moyenne de leur température, qui, avec la pollution, entraine à son tour l'acidification des eaux, sont d'autres facteurs qui expliquent la chute des stocks halieutiques. Aux ravages de la surpêche s'ajoutent ainsi les dégâts subis par les récifs coralliens (photo WWF), les prairies sous-marines et les mangroves, qui servent de pouponnières à nombre de poissons.
"Un legs terrible et dangereux"
Outre l'extraordinaire beauté que confèrent au monde ces écosystèmes exceptionnels de la biodiversité marine, leur possible disparition d'ici à 2050, si l'on ne fait rien pour stabiliser le réchauffement climatique en cours, constitue une perspective très inquiétante pour la survie de l'humanité. Plus de 25% de toutes les espèces marines y habitent et près de 850 millions de personnes bénéficient directement des activités économiques qu'ils génèrent. Pour Ken Norrois, directeur scientifique au ZSL, "Ce rapport donne à comprendre que l'on a perdu des milliards d'animaux dans les océans du globe durant ma seule vie. C'est un legs terrible et dangereux que nous faisons à nos petits-enfants".
L'espoir de la COP21
Rien n'est pourtant définitivement joué. Ce sombre tableau ne doit pas laisser penser que tout espoir est perdu : interdire la pêche de certaines espèces dans certaines zones en réprimant la pêche clandestine permet aux stocks de se reconstituer, comme c'est actuellement le cas au large des îles Fidji, grâce à un renforcement des mesures de protection. Aussi, comme pour le climat et, en gros, l'avenir de l'écosystème Terre, le grand rendez-vous pour la survie des océans, c'est à Paris en novembre et décembre prochain: "la COP21, la conférence mondiale pour le climat, aura un impact décisif sur l'avenir des océans", estime le WWF. A bon entendeur...
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