Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Réchauffement climatique : pour le Rhône, c'est "chaud devant" !

Rhone.jpg

Le Rhône Photo DR

Le Rhône s’est réchauffé de 2°C en 30 ans, de 3°C durant les périodes de forte chaleur, indique Le Dauphiné qui rapporte les données d'une étude de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse.

Le changement climatique, c'est maintenant

Clôture par Martin Guespereau du séminaire « Eau et changement climatique », Lyon, 19 septembre 

"Ce n’est pas un scénario catastrophe mais peu s’en faut : le changement climatique, c’est maintenant !" : telle est la conclusion que tire le quotidien régional rhône-alpin d’une étude conduite par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse, qui a réuni 300 experts et gestionnaires de l’eau. Si les rejets des centrales nucléaires entraînent un réchauffement de 1,5°C à 3,2°C selon les lieux et les années, le réchauffement du fleuve est surtout le signe de la vitesse du changement climatique. Le thermomètre d’EDF qui surveille le fleuve comme le lait sur le feu est catégorique : en 30 ans, le Rhône a gagné 2°C. Le directeur général de l’Agence de l’eau, Martin Guespereau, affirme que « la température va augmenter d’encore autant d’ici 2030 ».

Diminution des précipitations

Les débits des affluents du Rhône, déjà insuffisants pour tempérer le réchauffement des eaux, devraient effectivement baisser avec l’accélération de la fonte des neiges. Les experts qui ont conduit cette étude prévoient une diminution de la durée annuelle d’enneigement de 20 à 50% dans les Alpes du Sud et de 10 à 15% dans les Alpes du nord à l’horizon 2030. En 2050, la Saône pourrait avoir perdu 50% d’eau en été et en automne. Concernant la Durance et l’Isère, affluents méditerranéens du fleuve, les pertes en eaux sont estimées à 75% en été pour cette même échéance. Ces modifications bouleverseront la répartition des espèces ainsi que les activités humaines. Pour ces dernières, l'accent est mis sur l'application de mesures d'économie d'eau.

Le Sud-Est : première région touchée par le réchauffement climatique

eau,économie,irrigation,eau potable,réchauffement climatiquePremière région française touchée par les conséquences du réchauffement climatique, le littoral méditerranéen pourrait recevoir 60% de pluies en moins et connaître une hausse des températures de 3 à 6°C, et jusqu’à 10°C au mois d’août, d’ici 2080. « 1°C en plus, explique Martin Guespereau (ci-contre), c’est un déplacement du climat de 180km vers le nord, c’est comme si Avignon se trouvait à Lyon ».  Avec des conséquences sur la faune et la flore : selon les scientifiques, une petite quinzaine d’espèces de poissons disparaîtra en mer. Et dans les eaux du Haut-Rhône, la truite fario ou le chabot auront du mal à s’en remettre. D’autres espèces comme les chevesnes, les perches, les ablettes ou les hotus vont croître et se multiplier alors que d’autres poissons vont migrer vers le nord.

Economiser l'eau, c'est l'urgence

Pour Martin Guespereau, "la conséquence de ce chamboulement est qu’il va falloir apprendre à vraiment partager l’eau". Ce qui n'est pas simple, tant les intérêts peuvent être contradictoires, “voire conflictuels” souligne le directeur de l’Agence, entre l’agriculture, l’alimentation des populations, l’industrie et le tourisme. Le réchauffement climatique n'est plus un sujet de débat, selon Martin Guespereau, qui objecte aux climato-septiques et à ceux qui douteraient de l'urgence qu'il y a à économiser l'eau, que la preuve de l’acuité du problème est donnée par les arrêtés sécheresse des préfets  : "ils devraient être l’exception or ils sont devenus la règle". Revoir l'état des canalisations souterraines dans les villes en réduisant les fuites d'au, et  à la campagne progéger les nappes phréatiques, en réduisant l'irrigation, sont des prorités identifiées.  “Pour 2 euros de travaux, on peut économiser 1m3 d’eau", conlut Martin Guespereau dans le Dauphiné.

Et dans la région ?

eau,économie,irrigation,eau potable,réchauffement climatiqueDans le grand Sud-Ouest, Marc Abadie, directeur général de l'agence de l'eau Adour-Garonne, présentait de son côté le 5 novembre,à Bordeaux, son programme pour les six années à venir, baptisé « plan de sauvegarde pour l'eau ». L'agence de l'eau Adour-Bayonne semble plus discrète sur le thème du "réchauffement climatique" et sur la nécessité d'économiser et de partager l'eau, mais elle constate aussi la raréfaction de la ressource et prévoit un volet financier de 105 millions d'euros pour financer des actions en faveur de la gestion quantitative de la ressource et des économies d'eau. La nécessité de faire la chasse aux fuites d'eau, y compris dans les réseaux d'irrigation, est évoquée par Adour-Garonne, mais sans qu'il soit question de réduire l'irrigation, comme c'est le cas chez sa petite soeur rhône-alpine, méditerranéenne et corse. 

Comme dans bon nombre de pays du monde (et pas seulement du tiers-monde), l'accès à l'eau pourrait devenir problématique en France, tout au moins dans certaines régions. Economiser et éviter le gaspillage de l'eau deviennent des impératifs urgents, pour protéger la ressource. Et préserver notre qualité de vie.

Cathy Lafon

EN SAVOIR PLUS

Les commentaires sont fermés.