Normalement, sous nos latitudes, janvier est le mois le plus froid de l'année. La norme était respectée en 2013 où l'hiver était bien là, avec son cortège de neige et de gel. En revanche, selon Météo France, janvier 2014 est le second mois de janvier le plus chaud après 1988 et 1936 (ex-aequo) depuis 1900. Un record qui intervient après une année 2013 la plus chaude en moyenne sur la planète depuis 1880, qui correspond au début des relevés météorologiques.
Depuis la mi-décembre, les dépressions s'enchaînent et la France connaît des flux d'ouest à sud-ouest perturbés, apportant pluies et douceur maritimes, mais aussi des vents parfois violents, des inondations et des vagues géantes qui frappent durement le littoral atlantique et l'érodent massivement. La région Sud-Ouest, en première ligne, a subi la houle monstre provoquée par la tempête polaire Hercules début janvier qui a cisaillé le littoral atlantique. Puis avec les grandes marées, accompagnées de précipitations très supérieures à la moyenne, rebelote fin janvier début février, où la côte a de nouveau souffert sous l'assaut de vagues géantes, de la Charente-Maritime aux Pyrénées-Atlantiques, tandis que les inondations envahissaient les zones basses des estuaires de la région, notamment la Gironde et l'Adour.
Records de douceur
Les avez-vous vues? Sur les pelouses de nos jardins, les pâquerettes sont en fleur depuis le début janvier. Plutôt insolite, non ? Record de pluie, donc, mais aussi de températures très clémentes pour la saison malgré un ensoleillement déficitaire, notamment dans le Sud-Ouest. Douceur ne rime pas forcément avec soleil... Les températures ont été supérieures à la normale pendant tout le mois sur l'ensemble du pays, avec une moyenne nationale de +2,7°C. Le nombre de jours de gel a été très faible. Dans la région, la hausse des températures par rapport à la normale s'établit entre +2°C à +4°C. La Gironde et le nord des Landes sont les zones où il a fait le plus chaud. Et selon les prévisionnistes, cette situation atypique devrait durer encore quelques temps selon les prévisionnistes de MétéoNews ou de la Chaine Météo.
Records de pluie
En moyenne sur la France, les précipitations ont été supérieures à la normale de plus de 40 % (moyenne de référence 1981-2010). Si le déficit pluviométrique dépasse 50% dans le Roussillon, les pluies ont été très excédentaires dans le sud-est du pays, ainsi que du Sud-Ouest à la Bretagne et au Cotentin. En Aquitaine, les Landes et le Pays basque ont été particulièrement arrosés.
Pluies soutenues et inondations dans le Sud-Ouest
Du 22 janvier jusqu'à la fin du mois, dans un régime oscillant entre ouest et nord-ouest, les perturbations se sont faites plus actives et se sont enchaînées rapidement. L'intensité des précipitations a atteint son paroxysme le 24 janvier avec des cumuls très abondants sur le Sud-Ouest, et tout particulièrement sur le relief des Pyrénées. Du 23 au 26 janvier, les cumuls de pluie représentent souvent l'équivalent d'un mois de précipitations et localement plus. On a relevé notamment 105 mm à Tarbes (Hautes-Pyrénées), 131 mm à Ger (Pyrénées-Atlantiques) ou encore 305,6 mm à Dax (Landes). Ces fortes pluies ont eu pour conséquence le débordement de nombreux cours d'eau dès le 25 janvier. En Lot-et-Garonne, la Garonne est sortie de son lit à Marmande et la Baïse a envahi Nérac, mais aussi Condom, dans le Gers. Dans ce département, l'Arros à débordé à Plaisance-du-Gers, la Gimone à Gimont et la Save à l'Isle-Jourdain. Enfin, dans les Landes, ce sont les Gaves réunis qui ont inondé les quais de la ville de Peyrehorade, pour la deuxième fois en six mois.
Les grandes marées
A la fin du mois, les grandes marées conjuguées aux fortes pluies ont accentué les crues et les inondations qui ont affecté ensuite plus particulièrement le sud de l'Aquitaine et les Landes, l'ouest du Gers et les Pyrénées-Atlantiques. Ainsi, l'Adour (comme à Aire-sur-l'Adour, photo ci-contre) et ses affluents ont conservé un niveau anormalement élevé jusqu'au 31, avec la conjonction défavorable d'un phénomène de submersion marine. Les inondations ont concerné également le nord de l'Aquitaine. En Gironde, la Garonne et la Dordogne ont débordé à partir du 30.
La faute au réchauffement climatique?
A chaque phénomène météorologique hors norme, c'est l'éternelle question. Selon les écologistes, oui. Dans un communiqué daté du 4 février, les élus Europe Ecologie Aquitaine préviennent : "les intempéries des jours derniers sur la façade atlantiques démontrent que les phénomènes climatiques extrêmes vont en s'amplifiant". Tout en s'inquiétant d'un rapport du Sénat qui veut assouplir la loi littoral, sans prendre en compte la "nouvelle donne climatique". Les météorologues sont partagés. Certains estiment que la succession de dépressions que nous subissons n'est peut-être pas un "hasard", à l'instar de Guillaume Séchet, de Météo Paris. Mais pour d'autres, on n'a pas assez de recul dans le temps pour tirer scientifiquement ce genre de conclusion.
Force est toutefois de reconnaître que le changement climatique et le réchauffement climatique sont bel et bien en cours, cela, toute la communauté scientifique s'accorde désormais pour le dire. Par ailleurs, si l'on en croit les simulations à long terme des climatologues du Giec, les scénarios envisagés correspondent assez bien à ce que nous vivons: des précipitations plus élevées que la normale sur la moitié nord de l'Europe et des hivers plus perturbés et plus pluvieux.
Quoiqu'il en soit, Météo France a lancé, du mardi 4 au mercredi 5 février, une nouvelle alerte orange au risque de fortes vagues et de submersion marine sur la côte Atlantique, accompagnées de vents violents, notamment dans la Manche et en Bretagne. Dans le Sud-Ouest, la Charente-Maritime, la Gironde, où l'immeuble le Signal de Soulac-sur-Mer est plus que jamais menacé (photo ci-dessus), les Landes et les Pyrénées-Altantiques sont concernés.
Alors, si ce n'est pas le réchauffement climatique, ça y ressemble tant que ça pourrait être lui...
Cathy Lafon