Reconstitution de l'accident de la centrale de Fukushima par la NHK. L'équipe des techniciens durant la panne d'électricité. Photo ARTE
Après "Le monde après Fukushima" diffusé mardi 5 mars, autopsie ce soir d'un accident nucléaire majeur avec un documentaire réalisé par la télévision publique japonaise, la NHK : "Fukushima, chronique d'un désastre". Deuxième documentaire coup de poing diffusé par la chaine ARTE, pour mieux comprendre la catastrophe, le déroulé des événements et ses conséquences, deux ans après.
Un accident, des questions et des explications
En s'appuyant sur des simulations scientifiques et sur les témoignages d’ingénieurs présents dans la salle de contrôle au moment du drame, le documentaire de la NHK retrace l’enchaînement des événements qui ont mené à l’explosion du réacteur de la centrale de Fukushima le 11 mars 2011. Le film soulève d’importantes questions techniques et pour la première fois, donne des explications de l'accident.
Les failles du système de sécurité
Comment et pourquoi, après le tsunami, une panne complète de courant a-t-elle pu se produire au sein du réacteur de Fukushima ? Dans quelle mesure les travailleurs de la centrale ont-ils été informés des dommages causés aux installations ? Étaient-ils vraiment préparés à faire face à une telle situation ? Pour répondre à ces questions, NHK a recueilli les témoignages des ingénieurs de la centrale qui étaient présents dans la salle de contrôle au moment de l'accident. Interviews et scènes reconstituées révèlent un système de sécurité défaillant, le manque de préparation des équipes et, surtout, la vulnérabilité des réacteurs nucléaires.
Relancer manuellement le condenseur
Dans les centrales nucléaires, pour refroidir le réacteur nucléaire, il faut condenser la vapeur en évacuant la chaleur. C’est le but d’un troisième circuit indépendant des deux autres, le circuit de refroidissement. Sa fonction est de condenser la vapeur qui de la turbine. Pour cela est aménagé un condenseur, appareil formé de milliers de tubes dans lesquels circule de l’eau froide prélevée à une source extérieure : rivière ou mer. A Fukushima, comme dans d'autres centrales nucléaires si le condenseur s'arrête suite à une panne d'électricité, ce qui a été le cas lors du tsunami, il faut le relancer manuellement. Ce que ne savaient pas les techniciens de Tepco, qui continuaient à recevoir des informations erronées et pensaient que le condeseur fonctionnait. Ces hommes ont pourtant agi avec courage et fait le sacrifice de leur vie. Selon le documentaire, ce dysfonctionnement s'était déjà produit lors de l'accident de la centrale nucléaire de Three mile island, aux Etats-Unis, le 28 mars 1979. Un enseignement en avait été tiré. Mais la procédure n'était semble-t-il, pas connue au Japon.
"L"improbable est possible" : Fukushima est "en fait, devant nous"
Système défaillant et erreur humaine se sont bien ajoutés à la catastrophe naturelle pour produire un accident nucléaire majeur. La sécurité absolue n'existe pas, aucun réacteur nucléaire n'est invulnérable. Telle était la conclusion de André-Claude Lacoste, l'ancien patron de l'Autorité de sûreté nucléaire française, en juin 2012 : en matière de nucléaire, la seule certitude que nous ayons est la suivante : " Nous savons aujourd'hui que l'improbable est possible."
Cathy Lafon
►Fukushima, chronique d'un désastre
Documentaire de Akio Suzuki, Akihiko Nakai
Production : NHK International inc. (Japon, 2012, 47 mn)
Diffusion : jeudi 7 Mars à 22h50. Rediffusion : dimanche 9 mars à 11 h 20
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