La plage du Grand Crohot, dimanche 10 février 2014 Photo Alain Noël
La balade sur la plage, par les temps qui courent, ce n'est pas vraiment le bon plan pour fêter la Saint-Valentin en amoureux. Des monceaux de déchets encombrent le sable jonché de cadavres d'oiseaux, tandis que des bouts de plastique volètent partout dans les dunes.
En témoignent les photos adressées à Mad Planète par Alain Noël, photographe-amateur girondin, le dimanche 10 février dernier : à la plage du Grand Crohot (Gironde), ce n'est pas la joie... On se croirait dans une décharge publique à ciel ouvert.
Ces images faites sous le soleil, entre les averses, sont affligeantes."Les informations se focalisent sur les dégâts spectaculaires dans les villes balnéaires mais les plages nous montrent un autre spectacle", dit Alain Noël. "Les vents d'ouest font échouer sur les plages des montagnes de détritus d'origine humaine. Du jamais vu dans ces proportions pour moi."
Des cadavres d'animaux marins
Certes. Et ce triste spectacle est le même sur toute la façade atlantique du Finistère à la côte basque.
Selon Alain Noël, "les mousses nombreuses tentent de cacher une autre vérité: les échouages massifs d'oiseaux pélagiques (alcidés essentiellement). Sur quelques 3 ou 4 km, nous avons trouvé 10 macareux moines, un fulmar boréal et un guillemot de Troil. La découverte de tant de macareux est problématique pour l'espèce en hivernage au large." Alain a même découvert un dauphin commun à bec court mort, depuis peu, sans trace suspecte.
Au Porge, même scénario
De son côté, le même jour, Ma Planète a pu vérifier que la situation était quasiment la même, en moins grave toutefois, sur la plage du Porge, située au nord de celle du Grand Crohot. Avec, en prime, une falaise à la place de la plage habituelle. Selon l'estimation d'un promeneur habitué du coin, par endroit, la plage aurait reculé de 50 mètres... Et toujours ces cadavres d'oiseaux, par dizaines.
Initiatives Océanes
Fort opportunément, Surfrider Foundation Europe a lancé, le 4 février, la 19ème édition des Initiatives Océanes, qui aura lieu du 20 au 23 mars 2014. Après le succès en 2013 de la campagne contre les sacs plastique à usage unique, Surfrider veut porter cette année au niveau national et européen les revendications des citoyens qui, chaque année, sont plus nombreux à se mobiliser pour lutter contre les déchets aquatiques. Et faire comprendre qu'un geste anodin comme un déchet jeté par terre, même en ville, peut avoir des conséquences sur le milieu marin des dizaines d'années plus tard.
Les tempêtes ne sont pas responsables des déchets
Si les vagues des tempêtes hivernales rapportent les détritus sur les plages, ce ne sont pas elles qui les génèrent. Les déchets aquatiques sont bien sûr d'origine humaine et pour 80% d'entre eux, d'origine continentale. Et nous déversons près de 6,5 milliards de kilos de déchets plastiques dans les océans chaque année, à cause de nos modes de consommation et de production... C'est donc à nous d'agir, en participant aux collectes de déchets, sur les plages, près de chez nous.
Comme les dépressions hivernales ne sont, hélas, pas finies et que l'on attend aussi des grandes marées fin février, début mars et fin mars, cette année, sur les plages, il y aura du boulot...
Cathy Lafon
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