Planète vidéo. "Super Trash" : l'enfer d'une décharge française au cinéma
"Super Trash", un film de Martin Esposito Photo DR
L'histoire de "Super trash", le documentaire de Martin Esposito, c'est un peu celle du réalisateur. Quand Martin revient sur les lieux de son enfance, dans les Alpes-Maritimes, près de Grasse, au beau milieu de la baie des Anges, il découvre que ces lieux sont désormais ensevelis par une gigantesque décharge à ciel ouvert. Depuis des années, tous les rebuts de la vie quotidienne, de l’industrie et du prestigieux festival de Cannes, se sont entassés à Villeneuve-Loubet...
Un film
Seule sa cabane est toujours là, un ancien abri pour les ouvriers agricoles de l'époque, maintenant à la lisière de la décharge.Il décide de s'y installer et de vivre dans ce monde fait d'ordures et rythmé par le ballet, le va-et-vient incessant des camions et bulldozers qui déchargent et nivellent les déchets. Petit à petit les employés de la décharge se familiarisent avec sa présence et lui révèlent les secrets de cette “zone“ : l'endroit de l'enfouissement des fûts d'arsenic, le trajet du lixiviat, ce jus de décharge, ce poison
mortel qui s'écoule à travers une rivière sauvage et foisonnante jusqu'à la mer. Durant deux ans, jusqu'aux limites de la folie, Martin fait son trou dans ce monde invivable et va jusqu'à se nourrir d'ordures. Le jeune homme ne veut pas se résigner : il essaye de rendre cet univers ludique, humain, jusqu'au jour de la fermeture définitive de la décharge, où il sauvera une dernière mouette de l'empoisonnement. La décharge fermée, Martin erre dans ce no man's land, avec sa caméra... Super "trash", donc.
"Une vérité qui dérange"
Pour Martin Esposito, 35 ans, le déclic écolo a eu lieu en voyant le film d'Al Gore, "Une vérité qui dérange", en 2006. "Il me fallait faire un tour du monde des décharges à ciel ouvert, un constat mondial sur la pollution liée à la surconsommation, à la surproduction et aux problèmes de recyclage…", confie le réalisateur. A l'époque, pour lui, "les pollueurs étaient les gros pays comme la Chine et les Etats-Unis…" et la France était "un pays sans gros problèmes écologiques". C'est en commençant à filmer une décharge sur la Côte d'Azur, la décharge de Villeneuve-Loubet près de Cannes, qu'il découvre que les désastres de la pollution, ce n'est pas qu'ailleurs, à l'étranger, chez les autres. Mais que cela peut exister aussi en France, à côté de chez soi. Y compris dans une région aux paysages paradisiaques, royaume de l'industrie du rêve.
Un grand choc
"Super Trash", ce n'est pas "une bonne petite claque aux mauvaises odeurs", comme dit la pub, mais au contraire, le récit d'un grand choc nauséabond. Celui d'une plongée dans la décharge à ciel ouvert de tous les déchets produits par nos modes de vie et notre société de consommation. Acclamé lors de sa présentation à la Global Conference 2012 à Évian par un aréopage d'experts en développement durable, le film dérange. Et s'il fait mentir l'adage selon lequel "toute vérité n'est pas bonne à dire", c'est pour la bonne cause.
Un débat
"Super Trash" sort en salle le 9 octobre. Ce soir, le 26 septembre, l'association Greenpride présente ce film en avant première à Bordeaux, au cinéma Mégarama, avec le concours du Collectif Déchets Girondin (CDG), qui lutte depuis plus de trente ans pour la diminution des déchets, et un traitement le moins polluant possible? Un débat sur la question de la gestion des déchets suivra la projection du documentaire, en présence du réalisateur, Martin Esposito.
- C'est où, c'est quand ? "Super Trash" est projeté le jeudi 26 septembre à 20h, au Mégarama de Bordeaux (rive droite à gauche du pont de pierre, ancienne gare d’Orléans). Le débat a lieu après la projection.