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mortalité - Page 2

  • Le changement climatique anéantit la reproduction d'une colonie de manchots

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    Une colonie de manchots Adélie. DR

    Les perturbations environnementales peuvent être lourdes de conséquences pour les espèces animale. Des travaux publiés le 17 octobre 2014 dans la revue "Ecography" sur le suivi d’une colonie de manchots Adélie, dans l'Antarctique, l’illustrent de manière saisissante.

    A météo sans précédent, mortalité sans précédent

    Menée en 2013 par une équipe de l’Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien de Strasbourg (IPHC) et du Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC) de La Rochelle, pendant la dernière saison de reproduction de l’espèce, l’étude révèle qu’aucun poussin élevé par les 34.000 couples d’oiseaux de la colonie n’a survécu. A l’origine de cette catastrophe sans précédent pour la biodiversité, des conditions météorologiques très inhabituelles.

    Des glaces encore jamais observées

    manchots,antarctique,adélie,mortalité,réchauffement,changement climatiqueLe manchot Adélie, espèce endémique de l’Antarctique, est parfaitement adapté aux rudes conditions climatiques qui règnent sur ce continent. Il suffit toutefois que ce climat prenne un caractère inattendu pour que la vie de ces oiseaux marins s’en trouve totalement bouleversée. C’est la situation à laquelle ont dû faire face les manchots Adélie de l’île des Pétrels en pleine saison de reproduction. Fin 2013, alors que les poussins de la colonie viennent d’éclore, l’île qui abrite également la base scientifique française Dumont d’Urville est entourée d’une superficie de glace de mer encore jamais observée à cette époque de l’année. « Celle-ci était si étendue que d'une année sur l'autre nous avons constaté, via les suivis par GPS des déplacements en mer de ces oiseaux, que le temps qu’ils consacraient à rechercher de la nourriture pour leur progéniture avait doublé », précise Yan Ropert-Coudert, biologiste au CNRS à l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien de Strasbourg. Insuffisamment nourris, les poussins vont alors s’affaiblir très rapidement.

    Des pluies inédites et mortelles

    Mais ce qui n’aurait pu être qu’une année noire en termes de reproduction prend un tournant catastrophique lorsque des pluies intenses s’abattent sur ce territoire qui jouit habituellement d'un climat sec lui valant le surnom de "désert froid". Adaptés aux grands froids, les manchots Adélie ne le sont pas à la pluie. Aux alentours du jour de l'an, trois jours de pluies consécutives provoquent la mort de 30% des poussins de la colonie, le plumage de ces oisillons ne les protégeant pas du fort taux d'humidité ambiant. Affamés, les rares poussins survivants n’ont pas résisté longtemps à l’absence prolongée des parents et à l'assaut des prédateurs. Début février 2014, les scientifiques ne peuvent que constater l’ampleur du phénomène : aucun des poussins élevés par les 34.000 couples de manchots de la colonie n’a survécu.

    Les manchots Adélie sauront-ils s'adapter à l'évolution rapide de leur environnement ?

    Un échec total de reproduction qui n'avait encore jamais eu lieu depuis que le recensement des populations a débuté dans cette région, il y plus de cinquante ans. Les chercheurs veulent maintenant savoir comment les manchots Adélie réagiront à la dégradation de ces conditions environnementales si, comme ils le redoutent, elles devaient se répéter. « En couplant le suivi de cette population à des études mécanistiques visant par exemple à vérifier si les manchots deviennent de plus en plus stressés avec l'accumulation des mauvaises saisons, nous parviendrons à identifier les réponses comportementales ou physiologiques de ces oiseaux à la transformation rapide de leur milieu», conclut Yan Ropert-Coudert.

    La question devrait aussi se poser pour l'ensemble des espèces animales, confrontées à un changement climatique d'une rapidité sans précédent.

    PLUS D'INFO

    • L'étude "A complete breeding failure in an Adélie penguin colony correlates with unusual and extreme environmental events" , par Yan Ropert-Coudert, Akiko Kato, Xavier Meyer, Marie Pellé, Andrew J. J. MacIntosh, Frédéric Angelier, Olivier Chastel, Michel Widmann, Ben Arthur, Ben Raymond and Thierry Raclot publié dans "Ecography" le 17 octobre 2014 : cliquer ICI

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    • Les articles de Ma planète sur les manchots Adélie: cliquer ICI
    • Les articles de Ma planète sur la biodiversité : cliquer ICI
    • Les articles de Ma planète sur le changement climatique : cliquer ICI
  • Mortalité estivale des abeilles : la France est le pays le plus touché en Europe

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    Abeille butinant des fleurs. Photo archives Sud Ouest / Xavier Léoty

    Le déclin des abeilles, pollinisatrices indispensables à la biodiversité et à l'agriculture, est un phénomène mondialement connu depuis le milieu des années 1990 et qui porte préjudice à la survie des végétaux. Pour la première fois, une étude européenne évalue plus précisément la disparition des petites ouvrières de la pollinisation et produit une cartographie inédite : le nord de l'Europe est plus touché que le sud, et la France se distingue comme le pays où la mortalité est, de loin, la plus élevée au cours de la saison apicole.

    pesticides,abeilles,apiculture,étude,mortalité,europe,france"Epilobee"

    L'étude "Epilobee", présentée à Bruxelles le 7 avril, est une première scientifique. Menée dans dix-sept pays membres de l'Union européenne, elle y compare l'état de santé des ruchers grâce à l'utilisation de "critères harmonisés" pour mesurer le taux de mortalité des abeilles domestiques. L'enquête est d'envergure. Coordonnée par le laboratoire de l'Anses à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), laboratoire européen de référence pour la santé des abeilles, elle se base sur les observations de 1.350 inspecteurs, qui ont visité à trois reprises (automne 2012, printemps 2013, été 2013) quelque 31.800 colonies d'abeilles dans 3.300 ruchers.

    Mortalité en hiver : le nord est le plus touché

    Pour la mortalité en hiver, période où les abeilles meurent le plus, le nord apparaît le plus touché, avec des taux qui dépassent régulièrement les 20% : 33,6% en Belgique, 28,8% au Royaume Uni, 28,7% en Suède et plus de 23% en Estonie et en Finlande. Au sud de l'Europe, la situation semble moins grave, avec un  taux de mortalité qui reste "normal", soit en-deçà de 10%, dans plusieurs pays comme en Italie (5,3%), la Grèce (6,6%) ou encore l'Espagne (9,5%). La France (14,1%), comme l'Allemagne (13,6%) ou la Pologne (14,8%) se situent à un niveau intermédiaire. Un clivage nord-sud qui s'explique en partie par le climat, mais pas seulement, selon l'Anses.

    pesticides,abeilles,apiculture,étude,mortalité,europe,franceSurmortalité des abeilles françaises en saison apicole

    Lors de la saison de production de miel, entre le printemps et l'été, l'étude met en évidence une mortalité des abeilles globalement moins importante qu'en hiver. Avec l'exception notoire de la France, où le taux atteint 13,6%, ce qui en fait le seul des 27 pays étudiés avec une mortalité supérieure à 10% à cette période-clé. Par ailleurs, les apiculteurs sont les premiers à le déplorer, la production de miel a diminué en France de moitié entre 1995 et 2013 malgré un nombre de ruches similaire.

    Et les pesticides ?

    Pour cerner les causes de mortalité, l'étude s'est intéressée à la présence ou non d'agents pathogènes (bactéries, virus, acariens), en notant sans surprise la présence des deux plus importants que sont Varroa, un acarien, et le Nosema, un champignon. Mais, très étrangement, elle ne porte pas sur les pesticides, soupçonnés pourtant de contribuer grandement aux déclins des pollinisateurs. Pas une seule fois le mot n'apparaît dans les 30 pages du rapport et aucune mesure de pesticide na été effectuée dans les ruches analysées. Pourquoi cette absence ? Les pesticides n'ont pas été écartés du champ de l'étude pour des raisons "politiques", mais "techniques", plusieurs laboratoires européens associés aux travaux n'ayant pas forcément les capacités de mener ces analyses, justifie l'Anses. Une limite de taille aux résultats de l'enquête, qui ne manque pas de susciter des commentaires critiques de la part d'une partie de la communauté scientifique.

    La France est le premier pays européen pour sa consommation de phytosanitaires

    L'étude, financée à hauteur de plus de 3 millions d'euros par la Commission européenne, doit être reconduite cette année. L'Anses indique travailler à une "harmonisation" des techniques de dosage des pesticides pour mieux prendre en compte ce sujet. Il faudra bien en passer par là : en France, où la mortalité estivale est plus élevée qu'ailleurs en Europe, les résultats semblent exclure la responsabilité unique des pathogènes naturels. Or, l'Hexagone est le troisième pays plus gros consommateur de pesticides au monde, derrière les Etats-Unis et l'Inde, et le premier en Europe. On se rappelle que la consommation de produits phytosanitaires y a augmenté de 2,6 % entre 2008 et 2010.  Et ce, alors que le plan dit "Ecophyto" de réduction des pesticides prévoyait une réduction de 50 % de l'usage des produits phytosanitaires d'ici à 2018... A contrario, d'autres pays interdisent l'usage des pesticides, comme l'Italie ou l'Allemagne pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles et la Slovénie pour toutes les plantes.

    On se rappelle aussi qu'au moment où les apiculteurs accusaient une chute de production de miel en 2013et  bataillaient pour obtenir le durcissement des restrictions des pesticides afin de stopper la mortalité des abeilles, le 15 janvier dernier,le Parlement européen rejetait, une résolution rendant obligatoire l’étiquetage du pollen OGM contenu dans le miel. Finalement, l'absence du critère des pesticides dans l'enquête européenne n'est peut-être pas si étrange que cela.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • L'étude Epilobee sur le site du Parlement européen (en anglais) : cliquer ICI
    • La présentation des résultats d'Epilobee sur le site de l'Anses : cliquer ICI

    LES ABEILLES EN CHIFFRES

    • 13 millions de colonies manquantes au sein de l'Union européenne pour polliniser les cultures selon une étude publiée en janvier. Le continent ne disposerait que des deux tiers de colonies d'abeilles nécessaires à une pollinisation optimale.
    • 70% C'est la proportion des plantes sauvages ou cultivées en France qui dépendent de la pollinisation assurée par les abeilles et les pollinisateurs sauvages (bourdons, abeilles sauvages...)

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  • Abeilles et pesticides : l'Europe veut un vote sur son moratoire

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    La surmortalité des abeilles inquiète l'Europe, qui veut interdire certains pesticides incriminés dans les causes de leur disparition. Photo extraite du film "Des abeilles et des hommes"

    La Commission veut soumettre au vote ce vendredi sa proposition d'interdire pendant deux ans certains pesticides mortels pour les abeilles afin de mettre les Etats de l'UE "face à leurs responsabilités".

    Un vote à l'issue incertaine

    Les représentants des Etats se sont réunis jeudi matin au sein d'un comité d'experts à Bruxelles et le tour de table va permettre de connaitre les positions des uns et des autres. L'issue de ce vote est très incertaine, comme en témoignent les  tweets inquiets échangés hier sur la toile et les multiples communiqués de presse des écologistes, comme celui de l'eurodéputée Sandrine Bélier, pour qui "Les Etats membres doivent impérativement adopter le moratoire proposé. Mais, selon l'AFP, la Commission veut aller au vote vendredi, même si le résultat est négatif, pour "mettre les Etats face à leurs responsabilités". 

    L'Allemagne contre...

    Une demi-douzaine de pays - Royaume Uni, Espagne, Hongrie, Autriche, République Tchèque, Lituanie - s'opposent ouvertement aux propositions de la Commission. L'incertitude demeure sur la position de l'Allemagne, qui pèse 29 voix en cas de vote et sera déterminante pour constituer une minorité de blocage. Selon les dernières informations obtenues par l'AFP jeudi, son représentant devrait voter contre la proposition actuelle de la Commission. 

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    La France en revanche soutient une interdiction ciblée, a assuré le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. La France est à l'origine des mesures proposées par Bruxelles. Elle compte elle aussi pour 29 voix. Le Danemark et la Slovénie sont sur la même ligne, mais la balance penchait jeudi en faveur des adversaires de la proposition et la Commission va devoir "chercher une solution qui convienne à une majorité d'Etats", ont expliqué à l'AFP plusieurs sources proche du dossier. 

    Suspendre trois néonicotinoïdes présents dans des pesticides

    La Commission européenne propose de suspendre pendant deux ans l'utilisation de trois néonicotinoïdes présents dans des pesticides pour quatre types de cultures: le maïs, le colza, le tournesol et le coton. La Commission s'est fondée sur un avis très négatif rendu par l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA). Les trois néonicotinoïdes incriminés - clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame - sont présents dans des pesticides produits par les groupes allemand Bayer et suisse Syngenta, notamment le Cruiser OSR. 

    L'avis de l'EFSA

    Le Cruiser OSR déjà interdit en France

    La France a retiré l'autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser OSR utilisé en traitement de semence pour le colza. Reste son utilisation pour le maïs qui, bien que contestée, n'a pas été à ce stade définitivement bannie. L'Italie et l'Allemagne interdisent l'usage des pesticides incriminés seulement pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles et la Slovénie pour toutes les plantes. 

    L'Europe doit choisir

    Le moratoire proposé par la Commission vise à instituer une position européenne. Les apiculteurs le soutiennent. Plusieurs d'entre eux sont venus jeudi participer à un rassemblement organisé par l'ONG Avaaz devant les locaux du Parlement européen. Réunis sous une abeille géante, ils ont déployé une banderole pour dire "halte aux intoxications massives de nos abeilles". En revanche, les industriels, dont Bayer et Syngenta contestent les conclusions de l'EFSA et dénoncent une "évaluation hâtive et insuffisante" prise "sous pression politique".  L'Europe doit choisir.

    Cathy Lafon avec l'AFP

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