Le maire de Londres, Boris Johnson, en avril dernier, sur un quadricycle à pédales... garanti sans diesel. Photo AFP
Empoisonnée par le dioxyde d'azote, la capitale de l'Angleterre veut créer
une zone à "ultra-basses émissions" au centre-ville, sous la forme d'une
nouvelle taxe pour les véhicules diesels des particuliers qui s'ajoutera à la
mesure du péage urbain londonien en vigueur depuis 2003. Objectif : limiter les émissions de particules fines pour se conformer aux normes européennes.
Une super LEZ
Comme
Paris et d'autres métropoles françaises et européennes,
Londres a été épinglée par la Commission européenne pour ses taux élevés de particules fines et de dioxyde d'azote (NO2) qui dépassent régulièrement les seuils autorisés. Mais, à la différence de Paris, le maire conservateur de Londres est beaucoup plus réactif. Pour améliorer la qualité de l'air de la capitale néfaste pour la santé de ses habitants, Boris Johnson, a annoncé fin juillet vouloir créer une
"ultra low emission zone" (LEZ), dans l'hyper-centre londonien, d'ici à 2020.
Déjà, un péage urbain
Londres a déjà opté en 2003 pour un péage dans ce secteur de la ville et, pour y circuler, les conducteurs doivent acquitter 11,50 livres (14,50 €) par jour. Actif sauf le week-end, du lundi au vendredi, le péage urbain, mis en place par le prédécesseur de Boris Johnson, le travailliste Ken Livingstone, fonctionne de 7 à 18h. Un système de caméras repère les plaques de toutes les voitures entrant dans la zone et vérifie si les véhicules polluants ont ou non payé le péage. Naturellement, les véhicules propres (électriques et hybrides) en sont exemptés, de même que les deux-roues, les taxis et les véhicules d'urgence.
Les diesels des véhicules des particuliers désormais visés
Si le
bilan du péage urbain est plutôt positif pour
la fluidité du trafic - les embouteillages ont beaucoup diminué -
l'impact environnemental, lui, est à relativiser. D'abord parce que l'ensemble du Grand-Londres autour de la petite zone à péage échappe au dispositif et que
l'air pollué n'a pas de frontières... Ensuite parce que si Londres a déjà mis en place des taxes pour limiter les
diesels en ville, jusqu'à présent, elles ne visaient que
les camions et les bus. Les
diesels des voitures de particuliers continuent de circuler en rejetant des particules fines pointées comme
cancérogènes par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2013. D'où la nouvelle mesure qui veut taxer aussi ces véhicules et inciter leurs propriétaires à en changer pour des voitures propres, sans interdire toutefois les vieux diesels, comme l'ont fait Milan ou Berlin.
Et la France ?
A Paris comme dans les grandes villes françaises, on l'a notamment vu cet hiver,
les pics de pollution aux particules fines sont fréquents et la France, en contentieux avec l'Europe sur ce sujet, est désormais
menacée d'amendes. On évoque les sommes de
100 millions d'euros d'amende et de
240.000 euros de pénalité par jour de retard... Les
Grenelles de l'environnement de Nicolas Sarkozy avaient bien prévu de
créer des Zapa (photo ci-dessus), l'équivalent des
zones basses émissions européennes créées par Londres, mais aussi Berlin, Milan... Mais l'affaire des Zapa a lanterné jusqu'à l'élection de François Hollande, en 2012, comme d'ailleurs l'écotaxe, avant de connaître
un enterrement de première classe en 2013. Depuis, à part l'abaissement de la vitesse sur le périphérique parisien ou des mesures de circulation alternée en période de pic de pollution,
aucune réelle mesure alternative de fond n'a été proposée par les pouvoirs publics dans l'Hexagone pour s'attaquer au problème de la pollution de l'air en zone urbaine. En la matière, le mot d'ordre à la française c'est plutôt : courage fuyons !
►AILLEURS
- Singapour a été la première ville au monde à mettre en place un péage urbain en 1975. La Norvège a suivi l'exemple singapourien dans les années 1990. puis Londres en 2003 et Stockholm en 2007. En Italie, Milan est la seule ville au sud de l'Europe a avoir instauré un péage urbain en 2008.
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