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gironde - Page 27

  • Biodiversité : quand la démoustication fait polémique en Gironde

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    Un beau spécimen d'Aedes albopictus en plein travail. Photo DR

    Les moustiques, bêtes noires des peaux sensibles, inquiètent aussi car ils peuvent être vecteurs de maladies virales graves, telles que la dengue, le chikungunya, la fièvre jaune...  L’arrivée en France du moustique tigre (Aedes albopictus), originaire d’Afrique de l’Est, en a rajouté une couche, et préoccupe les organismes de santé publique.

    La démoustication sanitaire

    Dans ce contexte, sous l’impulsion de l’OMS, la démoustication sanitaire peut être suggérée, voire fortement conseillée. Mais une telle opération n'est pas toujours anodine : elle peut avoir des impacts sur la biodiversité locale qui font parfois polémique. Tel pourrait être le cas en Gironde, selon l'association de protection de l'environnement aquitaine, la Sepanso, qui vient de porter plainte auprès de la Commission européenne pour démoustication. Pourquoi un tel émoi écologique, qui pourrait faire sourire à première vue ? Explications avec Bernard Velasquez, membre de la Sepanso.

    Une plainte auprès de l'Europe

    "Sur la demande de quatre communes de la Presqu’île, Ambès, Ambarès et Lagrave, Saint Louis de Montferrand et Saint Vincent de Paul, la démoustication a obtenu la validation préfectorale, afin de réduire la prolifération des moustiques", rappelle Bernard Velasquez. Selon lui, "la Sepanso reconnaît qu'il est évident et légitime que la seule pensée de ces pathologies suscite des réactions d’inquiétudes des populations. Donc, dans le cadre de la protection sanitaire des populations l’action semble cohérente". Il confirme  que l'association a pourtant déposé une plainte auprès de la Commission européenne en réponse à l'arrêté du préfet. Publié dans la presse, ce dernier autorise des opérations de démoustication par pulvérisation de BTi (Bacilius Thuringiensis, var. Israelensis) sur douze sites Natura 2000 du département de la Gironde, dans le marais de Montferrand.

    démoustication,sepanso,conflit,plainte,commission européenne,europe,gironde,marais monferrandLa biodiversité locale menacée

    Une plainte justifiée, pour le militant de la Sepanso.  Selon lui, la démoustication de la zone marécageuse de la Presqu’île d’Ambès pose en effet un certain nombre de problèmes pour la biodiversité locale. L’ensemble de l’hydrosystème de la Presqu’île, classé Natura 2000, ZNIEFF, ZICO, est protégé par la Loi sur l’Eau et la Loi sur les Zones Humides. A juste titre, compte tenu de le haute importance écologique du site. "Or, souligne-t-il, les démoustications portent atteinte à la chaîne trophique (NDLR : le lien qui unit le prédateur et sa proie dans un écosystème) car elles éliminent la biomasse que constituent les moustiques (culicidés), mais aussi les chironomes (chironomidés)". Autant d'insectes qui constituent une source alimentaire pour les larves d’odonates, les batraciens, les alevins, les oiseaux, les chauves-souris, les araignées et le micro-zooplancton. Bref, les moustiques, c'est la nourriture de pas mal de monde dans la nature. A Ambès, leur disparition a, par conséquent, un effet direct sur la biodiversité d'un site que le classement en zone Natura 2000 a, justement, pour objet de protéger.

    Une bactérie exogène qui pourrait perturber l'écosystème local

    Outre ce premier inconvénient, Bernard Velasquez ajoute que "les actions phytosanitaires ont montré, depuis fort longtemps, un dysfonctionnement caractérisé des mécanismes biochimiques entraînant un déséquilibre notoire dans les processus organiques cellulaires". Selon lui, la démoustication n’échappe pas à cette règle. L'écologiste concède que la technique utilisée par l’EID (Etablissement Public Interdépartemental pour la Démoustication du littoral Atlantique), s’appuie sur un élément actif biologique, le Bti, ce qui, a priori, exclut une molécule de synthèse. On pourrait s’en réjouir avec lui. "Mais à y regarder de plus près, poursuit-il - et on peut faire confiance aux écolos sur ce point - on s’aperçoit que la bactérie Bti, est issue d’une contrée ou les écosystèmes ne correspondent pas aux nôtres". En clair, pour la Sepanso, il s'agit là d'une espèce exogène qui rallonge la liste des invasives, facteurs de perturbations phytosociologiques de la nature.

    Quelles solutions préconise alors la Sepanso, pour démoustiquer ?

    Tout cela est bel et bien, mais alors, comment démoustiquer ? Pour la Sepanso, les traitements contre les moustiques doivent d'abord être limités aux secteurs habités, là où le public se plaint de nuisances.  Concernant le cas de la Presqu'île d'Ambès, Bernard Velasquez regrette que le protocole expérimental n’ait pas tenu compte du facteur temps. Et assure que, même si le produit s'avérait inoffensif, un traitement mécanique (sans produit chimique) aurait été plus judicieux, les zones non traitées restant alors du domaine de l’action biologique naturelle, en particulier de l’ensemble de la faune insectivore.

    Chercher la petite bête

    Avoir épandu le Bti par voie aérienne sur les Marais de Montferrand, pourrait, donc, selon l'écologiste, risquer provoquer une contamination généralisée. Ou pas. Mais en l'absence d'informations plus précises, il estime qu'il aurait mieux valu s'abstenir. La Sepanso cherche-t-elle la petite bête dans le marais de Montferrand ? L'association assure qu'elle n'a déposé sa plainte auprès de l'Europe qu'après avoir adressé plusieurs courriers au Préfet et fait un recours gracieux, resté sans réponse. La balle est dans le camp de la la Commission européenne, qui ne manquera pas de la renvoyer, un jour ou l'autre. A suivre.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Bernard Velasquez est membre de l’association « Les Amis de Marais de Montferrand » de la Société Linnéenne de Bordeaux et de la SEPANSO. Ce retraité, ancien technicien d'un labo de Recherche en Biologie Végétale à l’Université de P. et M. Curie (Paris VI), ne prétend pas être spécialiste des insectes, mais assure que son passé professionnel lui permet de porter "un regard interrogatif de l’action des chimies de synthèse sur la cellule vivante, animale et végétale". Il revendique un niveau de compétence écologique de terrain.
    • Pour déposer une plainte auprès de la Commission Européenne :  http://ec.europa.eu/eu_law/your_rights/your_rights_fr.htm

  • Municipales 2014 : et l'écologie? En Gironde, les Amis de la Terre ont interpellé les candidats

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    L'épisode de pollution de l'air, subi par la plupart des grandes agglomérations de l'Hexagone ces derniers jours, a réveillé la campagne des municipales sur l'enjeu de l'écologie. Photo archives Sud Ouest

    "Au fait, et l'écologie ?" Coup de tonnerre dans un ciel pas vraiment bleu, la réflexion a fusé des quatre coins de l'Hexagone lors de l'épisode de la pollution de l'air qui a frappé plusieurs jours durant de nombreuses régions dont le Sud-Ouest, jusqu'en ce début de semaine.

    élections municipales,questionnaire,enquête,amis de la terre,candidats,girondeL'écologie, la grande absente

    Incroyable mais vrai : très en vogue en 2008, Grenelle de l'environnement oblige, l'écologie était jusque là la grande absente de la campagne des municipales. Changement climatique, inondations,  qualité de l'air, pollution, bio dans les cantines, transition énergétique, espaces verts, questions de mobilité, embouteillages... A de rares exceptions près, tous ces sujets qui font aujourd'hui, à longueur d'année, le quotidien des électeurs et divisent bien souvent les élus, sont restés soigneusement dans les cartons ou à peine effleurés, entre gens de bonne compagnie, sans réelle polémique. A Paris, il aura fallu une semaine d'alerte aux pics de pollution à Paris, pour que les deux principales candidates rivales, Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), ancienne ministre de l'Ecologie de Nicolas Sarkozy, et Anne Hidalgo (PS) se crêpent le chignon sur le sujet, par médias interposés.

    L'initiative des Amis de la Terre

    En Gironde, les Amis de la Terre confirment : la plupart des candidats aux élections municipales restent insensibles aux questions écologiques. Le 12 février dernier, l'ONG adressait un questionnaire sur les mesures écolos que comptaient prendre les candidats des 22 communes de plus de 10.000 habitants de la Gironde. Afin de pouvoir imaginer ce que serait le département de demain, neuf thématiques étaient abordées : transports/mobilités, pollution de l'air, déchets, agriculture, exemplarité financière... Un mois plus tard, le 12 mars, les Amis de la Terre dévoilaient les résultats. Pour le moins mitigés, selon l'association.

    Le "développement durable", une façade ?

    Première déception : seulement 38% des candidats ont pris le temps de répondre au questionnaire, pourtant simple. Il suffisait de répondre "oui" ou "non" aux questions posées.  L'ONG en déduit que, en dépit d'un affichage de façade "développement durable", "l'écologie ne constitue pas une vraie priorité" pour la grande majorité d'entre eux. En revanche, c'est la bonne nouvelle, ceux qui ont pris la peine de répondre l'ont plutôt bien fait. Sur les 42 questions posées, 78% des réponses sont jugées positives par l'association. Logique : on peut supposer que ceux qui ont répondu sont aussi ceux qui s'intéressent le plus aux enjeux de l'écologie.

    élections municipales,questionnaire,enquête,amis de la terre,candidats,girondeDe nombreuses mesures consensuelles

    De nombreuses mesures consensuelles émergent, relèvent aussi les Amis de la Terre, comme les transports, l’eau, les déchets, etc. Certaines, comme l’optimisation de l’éclairage public, le soutien aux recycleries ainsi qu’aux services dédiés aux vélos (ateliers vélo participatifs, vélo école, …) ou encore la promotion des filières courtes confirment des pratiques déjà enclenchées. D’autres s’avèrent "plus étonnantes car en opposition avec la tendance observée sur le terrain", pointe l'ONG.  C'est le cas de l'arrêt de la consommation d’espaces agricoles et naturels et l’extension des grandes surfaces commerciales, l’opposition aux pulvérisations aériennes de pesticides, la limitation de la quantité de supports publicitaires au profit de supports d’informations municipale ou l'exemplarité financière, autant de pratiques pas vraiment en vogue dans la grande majorité des communes par les temps qui courent. Même le controversé passage de la commune en zone 30 recueille plus de 80 % de oui.

    élections municipales,questionnaire,enquête,amis de la terre,candidats,girondeCa coince sur l'énergie, l'eau et les déchets

    En revanche, d’autres mesures font débat ou sont réfutées, notamment celles qui concernent les questions d’énergie, de tarification (eau, déchets) et d’agriculture-alimentation. Ce qui prouve au moins que les candidats ne répondent pas "oui" à tout pour "faire écolo", mais sont sincères. "De manière assez surprenante, note l'association, le soutien aux initiatives citoyennes de projets collectifs de production d’énergies renouvelables ne convainc pas tout le monde, tout comme l’inscription de la commune dans une démarche de territoire à énergie positive". Quant à l’abonnement de la commune à un fournisseur d’électricité d’origine 100 % renouvelable, une majorité de candidats s’y oppose carrément. Les avis sont également extrêmement partagés sur l’instauration d’une tarification progressive de l’eau proposant une gratuité pour les besoins élémentaires et les usages vitaux et un coût progressif sur les mésusages. C’est le cas aussi pour les déchets et la mise en œuvre d’une tarification incitative.

    élections municipales,questionnaire,enquête,amis de la terre,candidats,girondeL'agriculture et le bio ne convainquent pas

    Dans un département très agricole, paradoxalement, la reconquête de l’agriculture en ville n’est pas gagnée non plus, puisque que seulement 50 % des candidats s’engageraient sur des objectifs d’installation et/ou de maintien d’exploitations agricoles/viticoles biologiques ou pratiquant l’agro-écologie. Les avis sont également partagés sur le passage à au moins 70 % de repas bio favorisant les produits locaux et de qualité (labels) dans la restauration collective gérée par la commune. Enfin, l’introduction d’un repas végétarien par semaine dans les menus de la restauration collective de la commune génère une majorité de refus. C’est même la seule mesure qui recueille plus de non (45%) que de oui (32%).

    Pas de voeux pieux

    Les engagements des candidats ne resteront pas des voeux pieux. Les Amis de la Terre prennent eux-mêmes l'engagement de vérifier qu'ils seront suivis d'effet, avec des changements initiés rapidement. Pour l'ONG, c'est dans l'intérêt des territoires. La transition énergétique, souligne-t-elle, est un bon exemple, car elle "permet de créer des emplois durables et non localisables".

    Alors, quel candidat n'a pas répondu ? Qui l'a fait ? En approuvant quelles mesures  ? En rejetant lesquelles ? Ne comptez pas sur Ma Planète pour cafter. Pour le savoir, il vous faudra consulter le détail des réponses détaillées de chaque candidat en cliquant ICI.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Principes et méthodes du questionnaire des Amis de la Terre Gironde : cliquer ICI
    • L'analyse  détaillée des résultats : cliquer ICI
    • Le détail des réponses de chaque candidat: cliquer ICI

    CONTACTS

    • Les Amis de la Terre Gironde Maison de la Nature et de l'Environnement,3 rue de Tauzia 33 800 Bordeaux. Courriel : gironde@amisdelaterre.org / tél : 06.62.64.64.26. Site Internet / Facebook@atgironde
  • Gironde : la tortue cistude, une espèce animale en danger

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    Des tortues cistudes dans une zone humide. Photo Parc régional des Landes de Gascogne

    Il n'y a pas que les ours polaires, les loups, les ours ou les poissons des grands fonds qui soient menacés d'extinction sur la planète. Certaines espèces, particulièrement (trop) paisibles sont aussi en déclin, et elles vivent même parfois tout près de chez nous, comme la tortue cistude, en Gironde.

    cistude_nid predate.JPGLes faits

    En octobre dernier, un site de ponte majeur des tortues cistudes d’Europe, à la limite de la réserve naturelle des Marais de Bruges en Gironde, a été détruit par des bulldozers (ci-contre, un nid de ponte prédaté). Le terrain en question qui appartenait à la CUB (communauté urbaine de Bordeaux) a été vendu à l’entreprise de transports Ducros située à proximité et qui souhaitait s’étendre. L'entreprise qui réalisait les travaux a envoyé ses bulldozers, alors que c'était justement la période de ponte des tortues. La faute à qui ? A tout le monde et à personne. Ce qu'il y a de sûr, c'est que, vu la proximité avec la réserve naturelle, la CUB aurait dû indiquer à l'acheteur de façon plus claire la présence d’une espèce protégée et imposer un cahier des charges plus sévère, établi conjointement avec la Sepanso.

    catherine greze.jpgLes écolos sur le pont

    Une tortue, ça ne fait pas de bruit, ça ne peut pas s'enfuir en vitesse pour éviter le danger et ça n'est pas non plus vraiment agressif : trois raisons pour avoir l'ardente obligation de les défendre, lorsqu'elles sont menacées. Les écologistes, c'est leur boulot, se sont donc émus de la situation et Catherine Grèze, députée européenne du Sud-Ouest, a décidé de saisir la Commission européenne.

    cistude femelle marquee.JPGPourquoi tant de bruit pour des tortues ?

    La tortue cistude, une petite tortue d'eau douce des marais, discrète et farouche, dite aussi tortue de Brenne, est une espèce aux populations peu abondantes. On la chance d'en trouver en Aquitaine, sur le territoire du Parc régional des Landes de Gascogne. Et donc dans le marais de Bruges.  "La cistude est la seule tortue aquatique continentale et la seule espèce autochtone en France métropolitaine. Sa population connaît aujourd’hui un déclin très rapide, c’est pourquoi l’Europe a décidé de la protéger en la classant parmi les espèces communautaires.", argumente l'eurodéputée. La France a donc "comme responsabilité d’éviter toute détérioration de cette espèce et de ses habitats", ajoute-t-elle.

    "On marche sur la tête"

    Le paradoxe, c'est quand même que le site de ponte détruit, se situe près d'une réserve naturelle, celle des Marais de Bruges, où le plan de renforcement de l’espèce vient juste de s’achever... Des sommes considérables ont d'ailleurs été investies pour sauver la tortue cistude.  Ce qui fait dire à Catherine Grèze: "Aujourd’hui, tous ces efforts sont anéantis par quelques coups de bulldozers. On marche sur la tête !"

    Sur ce point, on ne saurait lui donner tort. 

    Cathy Lafon

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