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enquête - Page 9

  • Coup de coeur. "Saison brune", la première enquête BD sur le réchauffement climatique

    saison brune.jpg

    bande dessinée,changement climatique,réchauffement climatique,enquête,documentaireEt si l'écologie était, avant tout, une affaire de sensibilisation, de pédagogie et d'information ? Le changement climatique et ses conséquences ne sont plus une théorie sujette à controverse, mais une réalité scientifique, comme le président de la République François Hollande l'a souligné, lors de son discours d'ouverture de la Conférence environnementale, le 14 septembre dernier.

    Et pourtant. Dès qu'un article se publie sur ce sujet, sur internet notamment, les réactions des climato-sceptiques sont encore vivaces pour nier l'évidence. D'où la nécessité de continuer à informer, encore et encore. Il y a l'info scientifique, parfois lourde à digérer, l'info médiatique, parfois un peu trop "légère", au goût des scientifiques, l'info pédagogique et militante des associations environnementalistes de terrain et puis, il y a aussi l'info artistique et culturelle. Essentielle, car elle parle à l'imaginaire des grands, comme des petits.

    Une "BD éco-documentaire"

    suquarzoni dessin.jpg"Saison Brune", la nouvelle bande dessinée de Philippe Squarzoni (auto-portrait ci-contre) consacrée au réchauffement climatique, illustre brillamment cette démarche. Avec tout le sérieux d'une véritable enquête journalistique. Le résultat est impressionnant. Avec "Saison brune", qui désigne dans l'Etat du Montana (Etats-Unis) cette saison intermédiaire qui n'est déjà plus l'hiver mais pas encore le printemps, Philippe Squarzoni a créé un nouveau genre littéraire : la "BD documentaire".

    Six ans d'enquête

    Désireux de parler d'écologie et peu connaisseur du sujet, le dessinateur a fini par se plonger six ans durant sur la question du climat en abordant aussi bien les aspects scientifiques, économiques que les dimensions politiques internationales du sujet. En se posant les questions que chacun se pose. Combien de temps reste-t-il pour enrayer le réchauffement climatique ? Est-il déjà trop tard ? 

    jean jouzel dessin.jpgPour offrir toutes les clés de compréhension d’un enjeu bien réel, il a interviewé neuf personnalités majeures dont Jean Jouzel (climatologue, directeur au CEA de l’Institut Pierre Simon Laplace et vice-président du GIEC ou Groupe d’Expert Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) (dessin ci-contre), Hervé Le Treut (climatologue) et Hervé Kempf (journaliste au "Monde", spécialiste des questions d’environnement).

    Jusqu'à la dernière goutte ?

    Six ans d'enquête et d'immersion dans les coulisses scientifiques et les réalités concrètes du changement climatique, thème anxiogène s'il en est, c'est long... Il ne faut pas craquer ! On sent le dessinateur intimement bouleversé par tout ce dont il prend conscience : la nature et la Terre, si belles et généreuses, dont les ressources "finies" sont victimes de l'appétit de consommation incommensurable et infini des hommes. Mais que faire de tout ce savoir ? Economiser l'énergie est bien sûr la solution la plus immédiate. Ca au moins, tout le monde a compris. Mais comment faire, à l'échelle mondiale, à l'échelle individuelle...  Philippe Squarzoni, appartient-il vraiment à la famille des "écolo-pessimistes " ?  Il est en tout cas sans illusion et, selon lui, l'humanité ira jusqu'au bout et essorera la planète jusqu'à ses dernières gouttes de pétrole et miettes de charbon.

    C'est le compte à rebours

    saison brune couv.jpgOn veut croire l'inverse. Et la BD documentaire de "Saison brune" est bien là, pour alerter et informer. Pour lutter conter le changement climatique et préserver des conditions acceptables pour la vie humaine sur la planète bleue, il est encore temps d'agir. Mais il est vrai que la fenêtre de tir semble se réduire singulièrement et à vitesse grand V, comme le montrent toutes les dernières études scientifiques, illustrées désormais presque quoditiennement par des catastrophes naturelles hors normes, partout dans le monde. Oui, pour la planète et pour ses habitants, le compte à rebours est déjà bien entamé. Le sablier se vide, inexorablement.

    "Saison brune" : une BD aux dessins élégants, à lire et à offrir de toute urgence aux climato-sceptiques comme aux écolos déjà convaincus des réalités du changement climatique. Et à ceux qui n'en pensent rien. Aux grands, comme aux petits. Afin que plus personne ne regarde plus jamais la pluie ou la neige tomber comme avant.

    Cathy Lafon


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  • Initiative. Gers. "Dossier spécial de Sud Ouest : le bio dans les cantines"

    cantine bio 2.jpgObjectif du Grenelle de l'environnement, établi en mars 2008 : servir en 2012 à nos chères têtes blondes, brunes et rousses 20% de repas bio à la cantine... Ce qui doit nécessairement aussi s'accompagner de la progression des conversions d'agriculteurs en bio. Les produits issus de l'agriculture biologique sont aussi locaux.

    Où en est-on 4 ans après ?

    La rédaction de "Sud Ouest" a pris dans le Gers une belle initiative : faire le tour de la question du bio dans les cantines du département. Cette descente dans les assiettes a donné lieu à une enquête en deux volets, publiés le 1er et le 2 juin derniers, avec le point de vue des agriculteurs-producteurs, puis celui des chefs de cuisine et des gestionnaires des établissements scolaires.

    Passionnant et ultra-complet. On y apprend par exemple que les cantines qui passent au bio servent aussi à dynamiser l'agriculture locale et l'économie tout court. Que l'objectif 100 % bio c'est possible, mais qu'on ne mangera jamais 100 % local : la banane bio du Gers, oui, mais il faudra attendre la fin du réchauffement climatique ! Que le Gers, où le nombre de conversion au bio a explosé à partir de 2009 est l'un des meilleurs élèves de France sur le critère du bio dans les cantines.  Mais que dans un même département, aussi excellent soit-il, il y a les bons et les mauvais élèves... Bref, que finalement, tout est aussi affaire de volonté, politique de la part des collectivités locales, mais aussi de la part des cuisiniers et des responsables d'établissements scolaires.

    Un tri des déchets plastiques à l'avant-garde, le premier distributeur de légumes bio de la région, le premier collège de France 100 % bio,  décidément, le Gers est bien l'un des départements de France les plus "éco-exemplaires"...

    Cathy Lafon

    Pour retrouver l'enquête sur le site de sudouest.fr :

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  • Agriculture bio. Après le vin, on a retrouvé la pomme d'Adam et Eve

     pommes malus.jpg

    "Malus sieversii", la pomme originelle du Kazakhstan. DR

    Aujourd'hui s'ouvre la Semaine des alternatives aux pesticides. Même si l'agriculture biologique a progressé depuis l'an dernier, il y a, hélas, peu de chance pour que le tableau des pesticides en France et dans le monde soit plus riant aujourd'hui qu'en 2011. Si l'on est en manque de littérature anxiogène, il suffit de se replonger dans deux livres-enquêtes sur le sujet publiés l'an dernier : "Le livre noir de l'agriculture", d'Isabelle Saporta, et "Notre poison quotidien", de Marie-Monique Robin. Les pratiques et les faits énoncés sont suffisamment effrayants pour qu'on cesse illico de manger quantité de produits agro-alimentaires courants et qu'on saute direct dans la première épicerie bio du coin, en s'efforçant de vider son cerveau de tous les souvenirs liés aux malbouffes passées....

    La pomme originelle comme alternative aux pesticides

    La bonne nouvelle, c'est qu'on a retrouvé, en 2010, la pomme originelle du jardin d'Eden : grand-mère de toutes nos pommes, le fruit tentateur d'Adam pousse dans les montagnes kazakhes. Résistante à toutes les maladies, elle permettrait d'épargner aux pommes de nos supermarchés les 35 pesticides qui les rendent présentables. Mais comment est-elle arrivée jusqu'à nous ? Son histoire est un beau conte de fée de la biodiversité et de la chaine alimentaire, dans lequel nos amis les ours, parfois bien mal accueillis dans nos montagnes locales, jouent le premier rôle.

    La pomme, fruit préféré des Français

    blanche neige.jpgAprès la pomme du péché originel, il y eut la pomme empoisonnée de Blanche-Neige, dans le dessin animé de Walt Disney (1937), la chanson de Maurice Chevalier, "Ma pomme, c'est moi", le "belle pomme, belles dents", né dans les années 70, puis la pomme symbole de la campagne électorale de Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1995, repris par le "Mangez des pommes" des Guignols de l'info, et il y a toujours les pommes d'amour, vendues dans les foires au plaisirs... Autant dire qu'entre les Français et la pomme, c'est une longue histoire. Ils en croquent d'ailleurs 20 kg par personne et par an. 1 580 000 tonnes ont été récoltées en 2010. Le revers de la médaille, est que la pomme détient aussi le record d'être le fruit que reçoit le plus de pesticides et fongicides chaque année, avec en moyenne 26 ou 27 traitements par an  !

    "Dans la peau, il ya les vitamines"

    Pourquoi cet acharnement chimique contre la pomme ? Il s'agit de pousser ses rendements, pour répondre à l'agriculture intensive et parvenir à 70 tonnes de rendement à l'hectare, contre 20 en bio. Les frères Grimm ne se doutaient pas que la belle pomme rouge qui empoisonnait Blanche-Neige en 1812, serait un jour truffée de résidus de pesticides... Pas plus que mon grand-père, dont chaque repas s'achevait rituellement par une pomme, qu'il ne pelait jamais : "Mais pépé, pourquoi tu la pèles pas, ta pomme "? " Parce que c'est dans la peau qu'il y a les vitamines, petite ...". Aujourd'hui, si on veut éviter les résidus des pesticides, c'est 8 mm de fruit qu'il faudrait enlever, et les pesticides pénètrent désormais au coeur du fruit... Alors, les vitamines de pépé...

    Il était une fois, il y a 65 millions d'années...

    Revenons à nos pommiers. Dans la région d'Almaty (qui signifie "riche en pommes"), dans le sud-est du Kazakhstan, aux confins de la Chine, poussent des pommiers sauvages, nés il y a des millions d'années au pied du massif du Tian Shan. En 1929, un biologiste russe avance l’idée que ces pommes seraient les ancêtres de nos pommes modernes. Une hypothèse confirmée récemment en 2010 par des analyses ADN : ces pommiers sauvages sont bien à l’origine des quelque 6000 variétés de pommes existant aujourd’hui. 

    La pomme d'Adam et Eve est le fruit de la gourmandise des ours

    docu pomme.jpgCatherine Peix, documentariste, a sillonné la région avec Aymak Djangaliev, un agronome kazakh qui a fait l'inventaire de la "Malus sieversii", le joli nom de la pomme d'Almaty. Elle a réalisé un film, "L'origine de la pomme ou le jardin d'Eden retrouvé", qui raconte les vergers somptueux de la pomme originelle : des troncs jusqu'à 2m de large, qui montent à 20 ou 30 m, des fruits de toutes les couleurs et de goûts variés. "Pas un seul arbre ne ressemble à son voisin", dit-elle. Bien supérieures aux pommes sauvages, généralement petites et amères, les pommes d'Almaty sont grosses et goûtues, grâce à la sélection des ours. En effet, les pépins de pommes, enfermés dans une enveloppe, ne peuvent devenir graines. Interviennent alors dans l'histoire les ours gourmands, habitants de ces montagnes, qui choisissent les pommes les plus grosses et les plus sucrées... L'enveloppe du pépin se déchire dans leur intestin, et les semences, revenues à la terre, germent et croissent par milliers, résistant naturellement, grâce à leur diversité génétique, aux maladies et aux attaques des insectes.

    Des pommes sauvages pour une arboriculture sans pesticides

    malus en fleur.jpgL'avenir bio de nos pommes pourrait donc passer par ces pommiers, venus directement du passé, et rendre grâce aux ours du Kazakhstan. Par croisements de nos espèces actuelles avec le matériel génétique de ces pommiers sauvages, on peut en effet imaginer créer des pommes naturellement protégées des maladies et des insectes. La "Malus sieversii" (en fleurs, photo ci-contre) détient peut-être ainsi en elle les solutions pour une arboriculture sans pesticides... Encore faut-il que ces pommiers sauvages, trésors de biodiversité, soient sauvegardés : comme le petit jardin de Jacques Dutronc, ces véritables jardins d’Eden sont en effet menacés par l’urbanisation galopante, l'indifférence des autorités locales et par la déforestation massive, qui auraient déjà dévasté 70% des pommiers. Un nouveau trésor de la biodiversité en péril ?  Incroyable, mais vrai...

    Sauver la pomme du paradis

    expo.jpgPréserver la "Malus sieversii", c’est le cheval de bataille de l’association Alma, créée il y a deux ans, dont l'exposition à Paris sur "L'origine de la pomme" s'est terminée le 5 mars. On pouvait y voir le film de Catherine Peix, "L'origine de la pomme ou le jardin d'Eden retrouvé" (Kri-Kor films). La communauté scientifique mondiale s'intéresse fortement à la "Malus sieversii" : actuellement, une université américaine (Geneva, près de New York) dispose d'une collection de semences, issues de 900 arbres différents de la région d'Almaty, et un pommier issu de la recherche sur la "Malus sieversii" a été planté à l'école du Breuil, dans le bois de Vincennes à la lisière de Paris. Enfin, l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) s'est saisie du sujet.

    Adam et Eve avaient décidément bon goût...  Croquer la pomme en buvant un bon vin bio : c'est bien le paradis sur terre ! 

     Cathy Lafon

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