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catastrophe nucleaire - Page 6

  • JO-2020 : ce sera Tokyo, malgré, ou plutôt avec Fukushima

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    Le Japon accueillera les Jeux Olympiques 2020 Photo AFP

    Après 1964, Tokyo accueillera de nouveau les Jeux Olympiques  en 2020. Au Japon, c'est une bonne nouvelle pour les antinucléaires qui espèrent que ce choix contraindra leur gouvernement  à mettre des bouchées doubles pour trouver des solutions aux problèmes insurmontables jusque là de la centrale de Fukushima.

    Un signe de solidarité avec le peuple japonais

    La flamme olympique sera de retour au Japon, 56 ans après les derniers Jeux. En 2020, Tokyo deviendra ainsi la seule ville d'Asie à organiser deux fois de suite les JO d'été. Le Comité international olympique a élu Tokyo au deuxième tour avec 60 voix pour, contre 36 en faveur d'Istanbul. Madrid l'européenne, autre candidate en lice avec Istanbul, a été écartée dès le premier tour.

    fukushima cata.jpgFukushima n'a pas fait d'ombre à la candidature japonaise

    L'accident de la centrale nucléaire de Fukushima au nord de Tokyo pouvait faire de l'ombre au dossier nippon, ou bien au contraire favoriser la candidature du pays du soleil levant. C'est ce deuxième scénario qui a eu la faveur de la communauté internationale du sport, qui trouve là l'occasion de marquer sa solidarité avec le peuple japonais victime, en mars 2011, de la plus grande catastrophe nucléaire de l'humanité après Fukushima. 

    shinzo abe.jpgLa pression internationale pour résoudre la crise nucléaire de Fukushima

    Certains interpréteront ce choix comme un soutien international indirect à l'industrie nucléaire : les Japonais ont visiblement su rassurer les membres du CIO sur les risques environnementaux et sanitaires soulevés par la pollution radioactive de Fukushima. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe (photo ci-dessus) s'est d'ailleurs déplacé en personne à Buenos Aires pour écarter les craintes du jury. Mais on peut avoir une grille de lecture différente des conséquences du choix du CIO (Comité international olympique). Le Japon s'engage implicitement, dès à présent, à tout mettre en oeuvre pour résoudre au mieux, dans la mesure du possible, les conséquences dramatiques de la catastrophe nucléaire de 2011. On pense notamment aux fuites d'eau contaminées et à la pollution radioactive qui continuent de se répandre sur le site de Fukushima et dans lle proche océan, sans que l'opérateur Tepco n'ait encore trouvé de solution. Le gouvernement japonais et Shinzo Abe sont également désormais contraints à la transparence concernant Fukushima. Enfin, le Japon pourrait ainsi s'ouvrir à l'étranger et accepter enfin l'aide de l'expertise internationale sur ce dossier, ce qu'il a toujours refusé de faire jusqu'à présent, au risque de faire la preuve de son incompétence.

    Fukushima à la loupe

    Nul ne s'attend à ce que le site de Fukushima soit nettoyé de toute pollution nucléaire dans sept ans, en 2020 : c'est tout bonnement impossible. Dans le nord-est du Japon, la radioactivité provoquée par certains composants, durera, hélas, des décennies, voire des centaines d'années, sur terre, sur mer et dans les airs.  En revanche, on peut s'attendre désormais à ce que les pays des différentes délégations sportives surveillent la situation de l'évolution de la centrale ravagée de Fukushima comme le lait sur le feu en observant à la loupe les futurs relevés de radioactivité à Tokyo et dans l'archipel tout entier. Et qu'ils  obtiennent aussi les autorisations nécessaires pour se rendre à Fukushima, s'ils le souhaitent.

    Du bien au moral des Japonais

    Pour la plupart des médias japonais, plutôt taiseux sur Fukushima, le dossier de Tokyo a séduit grâce aux nombreuses infrastructures sportives déjà en place. Certains mettent aussi en avant la densité du réseau de transports dans la capitale, la sécurité dans la rue pour les touristes et les délégations étrangères. Tout cela a certainement joué en faveur du Japon. Quoiqu'il en soit, le choix du CIO va contribuer à relancer l'économie japonaise en panne. En outre, il ne peut que faire du bien au moral de la population nipponne en lui permettant de réintégrer de fait la communauté humaine mondiale dont elle pouvait se sentir quelque peu exclue depuis 2011, tout en mettant la pression sur son gouvernement pour qu'il accepte la réalité de l'horreur des maux nucléaires de Fukushima et passe à la vitesse supérieure pour les panser.

    On peut donc crier : "Banzai, banzai !", avec les Japonais.

    Cathy Lafon

    A ECOUTER SUR FRANCE INTER, l'analyse de Frédéric Charles depuis Tokyo : "Ces Jeux vont faire oublier Fukushima"

  • Nucléaire : l'origine d'une fuite d'eau radioactive enfin localisée à Fukushima


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    Les ingénieurs de Tepco sur le site de la centrale de Fukushima le 23 août dernier. Photo archives AFP/Tepco

    Tokyo Electric Power (Tepco), la compagnie gérante de Fukushima, a annoncé, le 4 septembre, avoir localisé pour la première fois un flux d’eau souterraine qui entre dans le sous-sol d’un bâtiment et en ressort contaminée, ce qui est vraisemblablement à l'origine d'un des multiples et graves problèmes de pollution radioactive enregistrés sur le site de la centrale nucléaire ravagée.

    Une cascade

    L'opérateur japonais, sous la pression depuis le mois de juillet en raison des fuites d'eau radioactives successives et de la hausse inexpliquée de la radioactivité autour des réacteurs de la centrale nippone, a expliqué, mercredi, que de l’eau provenant de la montagne voisine s’infiltrait dans le sous-sol du bâtiment qui héberge la turbine du réacteur numéro un, via un passage de câbles et canalisation. La compagnie a présenté des photos et vidéos de ces ruissellements d'eau : le son qui accompagne les images ressemble, selon elle, à celui d’une cascade.

    Le monstrueux problème des eaux contaminées de Fukushima

    Fukushima Daiichi regorge de quelque 400.000 tonnes d’eau pleine de césium, strontium, tritium et autres substances radioactives, enfouie dans le sous-sol ou stockée dans un millier de réservoirs spéciaux montés à la hâte. Ce n'est pas rien et ce volume augmente chaque jour de 400 tonnes, en raison de l’infiltration de quantités massives d’eau sous les bâtiments et de la nécessité de continuer à refroidir les réacteurs. La localisation par Tepco de points d'entrée de cette eau naturelle est un bon point marqué par l'opérateur, qui cherchait en vain jusqu'à présent les moyens de stopper efficacement le flux de l'écoulement des eaux contaminées dans le Pacifique voisin.

    Le Japon pourrait envisager le recours à des aides extérieures

    catastrophe nucléaire, Fukushima,fuites d'eau radioactive, Tepco, océanLe gouvernement nippon a annoncé mardi 3 septembre un plan d’urgence pour venir à bout de l’hémorragie d’eau radioactive. Il prévoit de construire un « mur de glace » vertical souterrain pour isoler le sous-sol de la centrale de l’océan ainsi que des nappes souterraines et éviter l’entrée et la sortie d’eau. Les travaux envisagés devraient s'étaler sur au moins deux ans et coûter 360 millions d'euros.

    Par ailleurs, devant l'urgence et l'énormité du problème,  le Japon qui a jusqu'à présent refusé toute aide extérieure, pourrait revoir sa doctrine en la matière. Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent en ce sens. « Il est indispensable de coopérer avec des organismes et experts étrangers », a déclaré Takuya Hattori (photo ci-dessus), un ex-directeur du site nucléaire Fukushima Daiichi et actuel président du Forum des industriels japonais de l’énergie atomique. « Le problème de la contamination des eaux souterraines aux abords d’une centrale n’est pas propre à Fukushima Daiichi, il y a de nombreux exemples ailleurs, et donc une connaissance et une expérience en la matière ».

    Cathy Lafon avec l'AFP

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  • Fukushima:44 milliards d'euros, le coût exorbitant de la décontamination

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    Le coût de la décontamination à Fukushima sera cinq fois plus élevé que prévu. Photo archives AFP

    Mauvaise nouvelle pour l'Empire du soleil levant qui peine à relancer son économie : le coût de la décontamination de la région de la centrale nucléaire détruite par le tsunami de mars 2011 et du nettoyage des retombées radioactives coûtera cinq fois plus cher que prévu. Le démantèlement, lui, prendra au moins quarante ans.

    Mauvais karma

    Au moment où, pour la troisième fois en une semaine, une émanation de vapeur inexpliquée et inquiétante plane au-dessus du réacteur 3 détruit de la centrale atomique de Fukushima, un rapport officiel révise à la hausse la facture de la catastrophe concernant la décontamination: l'addition sera cinq fois plus élevée que ce que le gouvernement avait estimé et budgété, selon l'Institut national des sciences et technologies industrielles. Il pourrait bien s'élever à 5.800 milliards de yens, soit 44 milliards d'euros. Au bas mot. Ce coût ne comprend pas les conséquences économiques, sanitaires, touristiques, ni les travaux de démantèlement, etc. liés à l'accident nucléaire.


    Fukushima : un jet de vapeur s'échappe de l'un... par lemondefr

    Une addition à géométrie variable

    L'addition chiffrée par l'Institut varie selon les scénarios retenus. Le sol contaminé peut être soit entièrement retiré et stocké, soit simplement retourné. Les autorités japonaises évaluaient il y a un an à 28 millions de mètres cubes le volume de sol contaminé à stocker. Soit l'équivalent de cinquante fois la capacité du centre de stockage des déchets très faiblement radioactifs de Morvilliers dans l'Aube. Plus on attend avant d'agir, prévenait un expert français à Tokyo, plus il faudra gratter le sol profondément, jusqu'à plusieurs dizaines de centimètres, car la radioactivité se disperse. Ca tombe sous le sens.

    catastrophe nucléaire,fukushima,coût,chiffre,décontamination,fuites d'eau,radioactivité,maladie,cancerTepco reconnaît pour la première fois qu'il y a bien des fuites d'eau contaminée dans l'océan

    Le rapport tombe dans un contexte plus inquiétant que jamais : les mauvaises nouvelles en provenance de la centrale de Fukushima sont quasi quotidiennes et son opérateur fait l'objet de critiques désormais ouvertes des autorités. Lundi, après avoir affirmé à plusieurs reprises le contraire, Tokyo Electric Power (Tepco) a fini par admettre pour la première fois que l'eau contaminée par la radioactivité s'était finalement écoulée dans l'océan Pacifique, tout proche de la centrale, soit une semaine après l'alerte donnée par l'Autorité de sûreté nucléaire sur une possible fuite. Une lenteur à admettre la fuite "extrêmement déplorable", fustigeait mardi le ministre du commerce Toshimitsu Motegi, tandis que le puissant secrétaire général du gouvernement, Yoshihide Suga, estimait de son côté que ce genre d'information grave aurait dû "être révélée rapidement". On ne peut qu'agréer.

    catastrophe nucléaire,fukushima,coût,chiffre,décontamination,fuites d'eau,radioactivité,maladie,cancerIncidents à répétition et troisième émanation de vapeur

    Du coup, mercredi 23 juilllet, Tepco n'a cette fois pas perdu de temps pour annoncer qu'une nouvelle émanation de vapeur flottait au-dessus du bâtiment du réacteur no 3 de la centrale (photo archives AFP, mars 2011). La compagnie a affirmé que les mesures effectuées n'avaient révélé aucune augmentation d'émanations radioactives, ajoutant toutefois qu'elle ignorait toujours l'origine de cette vapeur, l'une des hypothèses étant l'évaporation d'eau de pluie accumulée. Selon le dernier «point de situation» publié ce mois-ci par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) sur Fukushima, «des fuites sont régulièrement constatées sur les installations mises en place à la suite de l'accident» et des rejets radioactifs, certes «très faibles», se poursuivent, tant dans l'atmosphère que dans le sol. L'une des difficultés rencontrées par Tepco est la gestion «de très importants volumes d'eau contaminée». Ce jeudi 25 juillet, c'est le dispositif de refroidissement du réacteur no 6 qui s'est temporairement arrêté vers 10 h 16, heure locale (3 h 16, heure française) lors d'un test de groupe électrogène de secours. Il a été remis en service un peu après midi, heure locale (5 heures, heure française), a précisé l'opérateur  de la centrale, Tepco.

    catastrophe nucléaire,fukushima,coût,chiffre,décontamination,fuites d'eau,radioactivité,maladie,cancerRisque de cancer pour 2.000 travailleurs. Et les habitants ?

    C'est bizarre, mais dans l'histoire de la catastrophe nucléaire de Fukushima, on a tendance à oublier les êtres humains. Les communiqués officiels et les autorités en font très peu état et minorent systématiqement le risque pour la population. Mais la situation de Fukushima ne se résume ni à des fuites d'eau et de la vapeur, contaminées ou non, ni à des milliards d'euros de nettoyage. Les répercussions sur la santé humaine sont un autre coût de la pollution radioactive. Bien plus important, si l'on estime que la vie humaine n'a pas de prix... Pour la première fois aussi, la semaine dernière, Tepco, l'opérateur de la centrale accidentée, a admis que près de 2.000 travailleurs présentaient un risque accru de cancer de la thyroïde. Ce chiffre représente près de 10 % de l'ensemble des ouvriers ayant travaillé sur le site et qui ont eu la thyroïde exposée à des doses cumulées de radiations supérieures à 100 millisieverts. Et les habitants de Fukushima qui ont le sentiment d'être abandonnés par le gouvernement japonais ? Et le reste de la population ? Sur ce point, c'est l'"omerta" dans sa version nipponne.

    Et la suite ?

    Tepco envisage de commencer en novembre prochain le retrait de combustibles, d'abord dans la piscine du réacteur n°4. Cette opération devrait durer treize mois. L'évacuation des combustibles abîmés des réacteurs 1, 2 et 3 prendra une dizaine d'années. Quant au démantèlement complet de la centrale, il s'inscrit dans «un objectif de 30 à 40 ans», rappelle l'IRSN. Un chantier, soulignent les experts français, «de grande ampleur et sans précédent».

    catastrophe nucléaire,fukushima,coût,chiffre,décontamination,fuites d'eau,radioactivité,maladie,cancerLa relance du nucléaire au Japon : un bon pari économique pour l'avenir? Ou pas?

    Avant les élections sénatoriales de dimanche dernier, l'ensemble des partis d'opposition japonais avaient fait campagne contre le nucléaire: ils ont perdu. Les mauvaises nouvelles en série de Fukushima arrivent au moment où, après sa victoire aux sénatoriales, le premier ministre conservateur et pro-nucléaire Shinzo Abe (photo AFP) a tous les leviers politiques en main pour favoriser le redémarrage de réacteurs nucléaires dans l'archipel, comme l'y poussent les milieux patronaux. Abe intègre en effet la relance du nucléaire dans son ambitieux plan de redressement du Japon, troisième économie du monde. Une relance qui pourrait coûter au Japon bien plus cher qu'elle ne lui rapporte, si l'on se base sur le coût financier actuel de Fukushima. On l'a a compris, le coût humain, lui, ne semble guère entrer en ligne de compte.

    Et en France ?

    En France, une évaluation économique d'une catastrophe similaire à celle de Fukushima a été effectuée en mars 2012 par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Dans une étude rendue publique, l'IRSN en a évalué le coût  à environ 430 milliards d'euros. Ce qui n'est pas une paille. Selon un rapport confidentiel de l'institution, cité par le Journal du Dimanche du 10 mars 2012, le coût d'un accident majeur nucléaire en France pourrait coûter au minimum 760 milliards d'euros et monter jusqu'à 5.800 milliards d'euros. Très cher nucléaire...

    Au Japon, sur les 50 réacteurs du pays, 48 sont encore actuellement à l'arrêt, notamment par mesure de précaution, depuis l'accident de Fukushima.

    Cathy Lafon

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