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Sciences - Page 185

  • Nucléaire. Robot "technicien de surface" : un métier d'avenir à Fukushima

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    Le robot créé par Toshiba pour Fukushima Photo AFP

    Fukushima n'est plus un endroit très recommandable pour les êtres humains, depuis la catastrophe nucléaire du 11 mars 2011 : la firme Toshiba a dû créer un nouveau robot pour nettoyer les débris de la centrale.

    Monté sur quatre pattes et destiné à intervenir dans un environnement radioactif, ce robot a été présenté mercredi 21 novembre près de Tokyo. Missions : effectuer des missions de reconnaissance dans des lieux où l'homme ne peut aller en raison de la radioactivité. L'engin électronique peut monter des escaliers, franchir des obstacles, changer d'orientation et se relever en cas de chute, ainsi que porter un objet grâce à son bras manipulateur. Pesant 65 kg pour un mètre de haut, il est piloté à distance via une liaison sans fil. 

    Voilà une nouvelle qui tombe à pic pour Tepco, la compagnie d'électricité exploitante de la centrale, qui va faire débuter en novembre 2013 les opérations de retrait du combustible de la piscine du réacteur 4 de Fukushima pour tenter de l'achever fin 2014, un an avant l'échéance initialement prévue, afin de réduire la dangerosité du site.

    Une piscine pas vraiment HQE

    invention,catastrophe nucléaire,fukushima,tsunami,radioactivité,robotReprenons le fil de la Fukushima-story. Le toit de la piscine de désactivation du réacteur 4, située en étage, a été détruit par des explosions d'hydrogène qui ont saccagé les bâtiments de la centrale après le passage du tsunami du 11 mars 2011. Partiellement à découvert, cette piscine est pleine de 1.331 barres de combustible usé (et environ 200 neuves) qui baignent dans l'eau, mais demeurent un danger potentiel en cas de séisme ou autre catastrophe naturelle entraînant la perte de ce liquide de refroidissement. Tepco a déjà effectué un retrait de test de deux barres en juillet dernier, afin d'évaluer la situation et de préparer l'extraction intégrale.

    Cette opération très délicate devait être terminée fin 2015 mais, en accord avec l'Etat, Tepco estime être en mesure de l'effectuer plus rapidement. Les barres seront transférées vers deux réservoirs. Une couverture spéciale est en outre en train d'être installée sur la structure endommagée, une tâche qui devrait être achevée mi-2013, afin de limiter les émanations radioactives. Le retrait du combustible de la piscine 4 est le plus urgent, compte tenu du nombre de barres, mais Tepco va devoir procéder ensuite à l'extraction de celles contenues dans les piscines numéro 1 (292 barres), numéro 2 (587) et numéro 3 (514).

    40 annnées de travaux de démantèlement en vue

    Quant au combustible qui se trouvait dans les coeurs des réacteurs 1 à 3, sur les six que compte la centrale Fukushima Daiichi, il a fondu en raison de la perte de l'alimentation électrique et des fonctions de refroidissement. Ces réacteurs, de même que le n°4, doivent être démantelés, une tâche ultra-complexe qui devrait nécessiter 40 ans de travaux et le développement de nouvelles techniques spéciales : du boulot pour longtemps...

    Le robot créé par Toshiba nécessite cependant encore des améliorations avant de pouvoir être envoyé sur le site de Fukushima : même pour un robot, le nucléaire, c'est pas si simple... Fukushima comme créateur d'emplois ? Peut-êtrre, mais plus pour les robots que pour les hommes... Bienvenue dans le monde de "Matrix" !

    Cathy Lafon

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  • Conférence internationale de Doha : le climat dans l'impasse ?

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    Le réchauffement climatique pourrait nuire aussi au développement de la Chine, plus grande émettrice de gaz à effet de serre avec les Etats-Unis Photo DR

    Encore un coup pour rien à Doha à la table du grand jeu international et pas vraiment virtuel du réchauffement climatique ? On peut le craindre. Les divergences sur les moyens à mettre en oeuvre pour aider les pays en développement à faire face aux conséquences du changement climatique compromettent sérieusement l'issue de la 28ème Conférence des Nations Unis sur les changements climatiques (CCNUCC). Ouvertes il y a quinze jours, les discussions devaient s'achever vendredi : elles ont été prolongées cette nuit,  pour tenter d'éviter le pire pour l'avenir de la planète que constituerait l'échec de Doha.

    Sur quoi butent les discussions ?

    Sur tout. Outre l'aide aux pays en développement, elles butent également sur le renouvellement du protocole de Kyoto. Faute d'accord, le traité qui contraint les pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, expirera le 31 décembre 2012. Interrogé par la presse sur les perspectives d'accord concernant l'accroissement de l'aide aux pays en développement, Todd Stern, représentant spécial des Etats-Unis pour le climat, s'est contenté, selon l'agence Reuters, d'un haussement d'épaules désabusé. "Nous avons rédigé de nouveaux projets et on ne sait pas si nous allons négocier ou les présenter en disant : 'C'est à prendre ou à laisser'. Mais tout ce déficit de sommeil fait partie de la tactique", a pour sa part expliqué Sofoclis Aletraris, ministre chypriote de l'Environnement, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne.

    "Les ambitions ne seront jamais suffisantes"
     
    Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la CCNUCC, a elle même semblé exclure une issue positive. "Les ambitions ne seront jamais suffisantes. Le fait est que la réponse politique internationale est bien en-deçà de ce que dit la science. Il y aura toujours un décalage", a-t-elle regretté. Malgré le ralentissement économique mondial, la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère a aussi atteint un niveau record en 2011, d'après l'Organisation météorologique mondiale. Même si tous les pays respectaient leurs engagements actuels, la température mondiale augmenterait de plus de 3° Celsius d'ici 2100. Or, pour le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), un réchauffement de plus de 2°C entraînera une hausse du niveau des mers et des phénomènes extrêmes plus fréquents, tels qu'inondations, sécheresses ou tempêtes.
     
    Faites vos jeux, rien ne va plus ! "Ecologie" : impasse et perd. On mise tout sur la case "économie"

    Le protocole de Kyoto est l'unique dispositif juridique contraignant en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La Russie, le Japon et le Canada, signataires du traité adopté en 1997, ont d'ores et déjà exclu de prendre de nouveaux engagements. Les Etats-Unis n'ont pour leur part jamais ratifié le texte au motif qu'il serait néfaste pour leur économie et le président américain Barack Obama, qui se dit néanmoins "convaincu" de la réalité du changement climatique, a fait de la relance la priorité de son second mandat. A Doha, Washington et l'Union européenne se sont opposés à l'adoption d'un calendrier concernant l'augmentation de l'aide aux pays pauvres, qui doit être multipliée par dix pour atteindre 100 milliards de dollars annuels d'ici 2020.

    Quid de l'avenir de la planète, sans prolongement du protocole de Kyoto ?

    réchauffement climatique,prévention,lutte,émission de gaz à effet de serre,sommet,conférence internationale de doha,onu,banque mondialeEn 1997, dans le cadre du protocole de Kyoto, une quarantaine de pays se sont engagés à réduire d'ici 2008-2012 leurs émissions de gaz à effet de serre d'au moins 5,2% en moyenne par rapport à leurs niveaux de 1990. Ce traité, qui reste le seul instrument international contraignant les Etats à tenter de réduire leurs GES, a aussi mis en place un marché des droits d'émission. Quinze ans plus tard, la concentration de GES dans l'atmosphère  n'a jamais été aussi élevée. La calotte glaciaire arctique a atteint en septembre sa superficie la plus faible jamais mesurée tandis que les Etats-Unis et la Russie sont en proie à des vagues de chaleur et de sécheresse d'une intensité inédite et d'une fréquence inhabituelle, selon la Banque mondiale.

    Une augmentation de 3°C d'ici la fin du siècle perturbera les économies mondiales

    Selon les scientifiques, même si tous les pays respectaient leurs engagements actuels, la température mondiale augmenterait de plus de 3° Celsius d'ici 2100. Or, pour le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), un réchauffement de plus de 2°C entraînera une hausse du niveau des mers et des phénomènes extrêmes plus fréquents, tels qu'inondations, sécheresses ou tempêtes. De tels bouleversements perturberont les économies des pays riches comme celles des pays pauvres ou en développement, les pratiques agricoles et l'accès à l'eau potable alors que la population mondiale est en pleine expansion. Ca c'est déjà avec le protocole de Kyoto. Alors, quel avenir pour l'humanité et la planète sans engagements des Etats pour réduire les GES, sans prolongement du protocole de Kyoto ?

    Un accord à minima sur l'acte II de Kyoto, à défaut d'ouvrir "la boîte de pandore" ?

    Qelon l'AFP, les délégations de plus de 190 pays sont rassemblées ce samedi après-midi (heure française) en séance plénière à Doha, à la demande de la présidence qatarie de la conférence de l'ONU sur le climat, décidée à conclure un accord portant notamment sur l'acte II de Kyoto. "Même si personne n'est entièrement satisfait avec le texte, il semble y avoir un accord global pour le présenter en plénière" afin de conclure un accord, a déclaré le vice-Premier ministre du Qatar Abdallah al-Attiya. "La date finale est arrivée. Je n'ai pas la possibilité d'ouvrir la boite de pandore, sinon on n'en finira jamais", a-t-il dit.

    Le paradigme du pot de Nutella

    A l'apogée de son évolution, l'humanité se comporte pourtant comme une enfant gâtée pourrie. Après avoir longtemps refusé de "croire" au réchauffement climatique, puis à sa propre responsabilité dans les causes du phénomène, la voilà contrainte d'admettre aujourd'hui la réalité des faits. Surprise les doigts des deux mains plongés dans le dernier pot  de Nutella du garde-manger qu'elle dérobe gloutonnement. Mais au lieu de faire amende honorable en modifiant son comportement, elle choisit de finir le contenu du pot en le curant hâtivement, quitte à s'en rendre malade, à faire tomber le pot et à le casser, en sachant pertinemment en outre qu'elle ne laissera rien à manger à ses frères et soeurs pour le goûter. Dans n'importe quelle famille, un tel comportement serait perçu comme le produit immoral et  irresponsable d'un manque d'éducation et de "socialisation". N'importe quel frère et soeur le qualifierait d'injuste et de profondément égoïste.

    Vive le 8 décembre, Journée internationale du climat !

    A Doha, les "grands" de ce monde censés nous représenter et faire au mieux pour préserver notre avenir et celui de la planète, vont-ils finir d'organiser la curée de notre pot de Nutella commun, en renonçant à toutes règles futures pour réduire la pollution produite par les activités humaines ? Tout en continuant à clamer à corps et à cri  la nécessité vitale qu'il y a aujourd'hui pour l'avenir de l'humanité, à tout tenter pour stabliser le climat ? Ou vont-ils comprendre, comme le démontrent les scientifiques, repris par les discours des organisations internationales ou d'économistes comme Nicholas Stern, qu'il y a désormais une interdépendance totale entre les conditions de tout développement économique et celles dun développement durable écologique, respecteux des ressources de la planète ?

    La réponse va nécessairement tomber "incessamment sous peu". Aujuourd'hui, 8 décembre, journée que l'Onu a dédiée symboliquement à la protection du climat. Ou demain ?

    Cathy Lafon

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  • Débat national sur la transition énergétique : chronique d'un échec annoncé ?

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    Transition énergétique : débat or not débat ?

    Conformément aux engagements pris par François Hollande et Jean-Marc Ayrault lors de la  Conférence de l'environnement (14 et 15 septembre), le gouvernement lance aujourd'hui le débat sur la transition énergétique en France.

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionAvec comme double objectif la définition de la trajectoire permettant de réduire les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique et de l'augmentation des maladies respiratoires, tout en diminuant, comme promis par le président François Hollande, la part du nucléaire dans la production électrique. Au menu :  efficacité énergétique, diminution du nucléaire au profit des renouvelables, gaz de schiste... Et pour les Français: factures de chauffage, d'éclairage, de carburants, mobilité, transports...

    Un débat à l'allumage bien chaotique

    Très attendu par les consommateurs, les industriels, les économistes et, bien sûr, les écologistes le débat, qui doit se poursuivre jusqu'au printemps prochain en vue d'une loi de programmation attendue pour juin 2013, débute enfin, mais sous de bien mauvais auspices : prévu pour le 20 novembre, il a été reporté au dernier moment suite aux polémiques qui ont aussitôt entouré l'annonce de la compositon de son Comité de pilotage, le 10 novembre dernier. Raison officielle : François Hollande devait être au même moment au Congrès des maires... C'est ballot ! Manque de transparence, flou, défections en série : le moins qu'on puisse dire est que ce fameux "débat" patine sérieusement...

    A l'origine, il était une fois un Comité des "sages" très critiqué

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionCinq personnalités avaient été choisies initialement, le 10 septembre par la ministre de l'Ecologie Delphine Batho, pour animer à ses côtés le débat national sur l'énergie que Greenpeace France et les Amis de la Terre ont finalement décidé de boycotter, jugeant que la compositition de ce Comité de "sages" ne respectait pas la neutralité. Les ONG pointaient la présence en son sein de trop de pro-nucléaires déclarés. L'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon (photo ci-contre) et le président du conseil d'administration de Valeo, ancien administrateur du CEA, Pascal Colombani, figuraient en effet parmi les cinq "sages", aux côtés d'un ancien de Greenpeace, Bruno Rebelle, qui a navigué des Verts au Parti socialiste, du climatologue Jean Jouzel, qui a fait carrière au CEA et préside l'IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales), dont la directrice n'est autre que Laurence Tubiana, cinquième personnalité choisie par Delphine Batho.

    Une "bonne alchimie", selon le gouvernement...

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réduction"Ce Comité est une bonne alchimie", répondait aux ONG le 10 novembre Delphine Batho, qui présidera l'instance. "Anne Lauvergeon est un grand serviteur de l'Etat. Pascal Colombani, homme doté d'une grande expérience industrielle, a tout à fait le droit de ne pas partager les idées du gouvernement sur la transition énergétique, c'est cela le respect de la diversité, justement", avait-elle ajouté.

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réduction... Un Comité "inacceptable" pour Greenpeace

    Suite au déferlement des critiques du monde environnemental sur sa présence, Pascal Colombani (photo ci-contre) a pourtant fini par jeter le gant, le 20 novembre dernier et s'est retiré du comité. Depuis, deux nouvelles personnalités choisies par Delphine Batho ont rejoint  "les sages" : Michel Rollier, patron du groupe Michelin jusqu'en mai 2011, qui préside la Plate-forme de la filière de l'automobile et George Mercadal, issu des Ponts et chaussées et ancien vice-président de la Commision nationale du débat public (CNDP), une instance qui veille au respect de la participation du public dans les projets d'aménagements ou d'équipements d'intérêt national.

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionLe départ de Colombani a-t-il suffi à convaincre les ONG de participer à nouveau au débat ? Non, pour Greenpeace et les Amis de la Terre ce Comité reste "inacceptable". "Nous sommes scandalisés par la présence de personnalités connues pour être des ardents défenseurs du nucléaire", déclarait dès le 12 novembre le directeur général de Greenpeace, Jean-François Julliard (photo ci-contre), qui a ensuite annoncé, après s'être entretenu avec la ministre de l'écologie que son organisation refuserait de participer au débat national sur l'énergie:  "Nous ne participerons pas au débat, car nous n'avons plus confiance dans ce débat et dans la réelle volonté du gouvernement de réussir la transition énergétique".

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionMêmes motifs, même punition : le 15 novembre, Martine Laplante, présidente des Amis de la Terre (photo ci-contre) déclarait à son tour que son organisaiton renonçait à participer au débat. Bras de fer ou décision définitive ?

    "La goutte d'eau qui a fait déborder le vase" pour Greenpeace

     

    "La composition du comité de pilotage a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", expliquait Jean-François Julliard. "Il y avait déjà le projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et ce qui s'y passe en ce moment, les incertitudes sur la fermeture de la centrale de Fessenheim, la déception de la conférence environnementale, le flou qui entoure l'organisation de ce débat et maintenant un comité de pilotage déséquilibré avec deux personnes ouvertement pronucléaires", détaillait encore le directeur de Greenpeace. 

    Des réactions mitigées dans les autres associations environnementales

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionUn comité "plutôt neutron que neutre!", ironisait sur Twitter Thierry Salomon, président de l'ONG d'énergéticiens négaWatt, alors que Sortir du nucléaire s'interrogeait dans un communiqué : "Comment espérer que soit sérieusement discutée la possibilité de fermer d'autres centrales que Fessenheim?". De son côté,  France Nature Environnement (FNE, fédération de 3.000 associations) ne contestait pas  la composition du comité "tant que tous les scénarios (énergétiques) sont étudiés, y compris la sortie du nucléaire".

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionEnfin la Fondation Nicolas Hulot et le Rassemblement pour la planète ont distribué des "cartons rouges" en citant le manque d'ambition sur la fiscalité écologique, la crise du solaire et de l'éolien, le "passage en force" sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ainsi que "l'organisation chaotique" du débat national sur la transition énergétique."Transparence, pluralisme, représentativité et indépendance" ne sont pas au rendez-vous, a assené la Fondation Nicolas Hulot, qui a estimé dans un communiqué qu'"un profond malaise entache le débat, avant même son commencement". Avant de conclure : "Déterminer la composition du Comité de pilotage avant même d'avoir statué sur ses missions laisse planer le doute sur sa capacité à assurer une représentation juste, impartiale et transparente des différents points de vue."

    "Parvenir à une solution" pour le changement climatique


    Réchauffement climatique - Jean Jouzel par CEA-tv

    "Le rôle d'un tel Comité de pilotage, c'est de parvenir à une solution, les gens ne sont pas forcément là uniquement pour défendre leurs idées", a déclaré de son côté à l'AFP le climatologue  Jean Jouzel, qui a accepté de siéger pour apporter son expertise climatique.  "La priorité de la transition énergétique, cela doit être de tenir nos engagements d'aller vers le facteur 4 d'ici 2050", c'est-à-dire la division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 1990, estime le glaciologue, rappelant que le secteur énergétique est "un levier majeur" dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Jean Jouzel est connu et respecté pour son importante contribution au sujet du réchauffement climatique, et notamment pour son rôle au sein du GIEC de l'ONU, dont il est expert depuis 1994 et vice-président depuis 2002.

    Un "Comité des sages" qui ne respire pas vraiment la "rupture" écologique

    Nobel de la paix 2007 avec  Al Gore et les autres scientifiques membres du GIEC, Jean Jouzel a été aussi responsable du groupe climat du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) qui dépend du Commissariat à l'énergie atomique. Si le climatologue n'est pas un pro-nucléaire déclaré, cette proximité avec l'atome titille-t-elle aussi  les environnementalistes ? En tout cas, il y a fort à parier que la présence de Michel Rollier,  "Monsieur Auto" en France, ne les rassurera pas vraiment sur la réalité des ambitions gouvernementales en faveur de la transition écologique de la société, qui intégère la transition énergétique et le débat censé la préparer. L'image donnée par les CV des membres de ce Comité est plutôt celle d'un "entre-soi" à la moyenne d'âge vieillissante : celui des représentant des grandes filières industrielles françaises classiques, construites depuis des décennies par les grands corps de l'Etat franais sur l'idée que la croissance économique repose, entre autres, sur une consommation illimitée de l'énergie. Et pas vraiment sur un développement durable, économe des ressources et respectueux du biotope humain : la planète.

    Alors, qui participe en finalité au débat ?

    Selon la feuille de route du gouvernement, l’instance qui va débattre, appelée commission nationale du débat ou Parlement, devrait s’appuyer sur un comité d’experts scientifiques et un comité citoyen dont les membres ne sont pas connus aujourd’hui. Cette commission doit représenter équitablement six collèges participants : les Etats, les ONG, les entreprises, les syndicats, les élus locaux et les parlementaires : sans Les Amis de la Terre et Greenpeace, on l'aura compris.

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionEt de quoi va-t-on y parler ?

    Autre motif de reproche de la part des ONG : pour Greenpeace, "Rien n’est prévu, rien n’est calé". A la FNE, on reconnaît avoir peu d’indications sur le déroulé du débat mais on espère qu’il permettra d’" engager un tournant vers la sobriété". L’épineuse question du gaz de schiste a en tout cas d’ores et déjà été traitée en amont. Idem pour le projet de tarification progressive de l’énergie, la fermeture de la centrale de Fessenheim ou encore les tarifs de rachat des énergies renouvelables, comme le dénonce Arnaud Gossement, avocat spécialiste en droit de l’environnement et chroniqueur pour Terra eco.

    Le nucléaire, encore et toujours ?

    L'un des arguments-massue des pro-nucléaires en faveur du développement de l'atome est qu'il permet de lutter contre le réchauffement climatique, en produisant une énergie peu émettrice en gaz à effet de serre et écologiquement propre. Ce que contestent radicalement les écologistes anti-nucléaires, aux arguments renforcés par la catastrophe de Fukushima et partisans avant tout de l'efficacité énergétique et du développement des énergies renouvelables. Alors, nucléaire encore et toujours ? Ou pas ? La question sera bien sûr au coeur du débat sur la transition énergétique. De même que celle de la mobilité et des transports. Si réel "débat" il finit par y avoir.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le Comité de pilotage : il aura pour tâche d'animer les débats entre les différents collèges: patronat, syndicats, associations, Etat, collectivités locales et parlementaires. Selon la "feuille de route" établie en septembre après la conférence environnementale, il s'appuiera sur un comité d'experts scientifiques (chargés de donner un avis sur les documents débattus) et un "comité citoyen".
    • Le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CEA-CNRS-université de Versailles Saint-Quentin) : cliquer ICI