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Santé - Page 78

  • La carte d'Europe des grandes villes où l'on respire le mieux

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    Paris fait partie des villes européennes où l'on respire le moins bien. Photo archives AFP

    Un classement établi par l’association environnementale française Respire sur la qualité de l’air dans les 100 plus grandes agglomérations d’Europe,  place les métropoles Marseille et Paris respectivement 94e et 84e. La France fait figure de cancre de la classe Europe pour la qualité de son air.  Les meilleures élèves se trouvent au Nord du continent européen, et les moins bonnes dans le Sud et l’Est.

    Rouge, ça craint. Vert, c'est bien. Orange, peut mieux faire 

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    L'association Respire a travaillé à partir d'une base de données européenne publique (Airbase) qui regroupe les données de surveillance de la qualité de l’air provenant des réseaux des stations européennes, avec une méthodologie relativement simple et  un magazine partenaire pour l’infographie (WE Demain). Mis en ligne le 4 juin, le palmarès additionne le nombre de jours de l’année 2011 où les seuils réglementaires ont été dépassés pour trois polluants distincts: les particules PM 10, le dioxyde d’azote, ainsi que l’ozone, explique Respire sur son site internet.

    pollution-air-marseille.jpgOn respire mieux à Manchester (Royaume-Uni) qu'à Paris ou Marseille

    L’étude fait globalement apparaître que les grandes villes du sud et de l’est de l’Europe ont un air moins pur - Milan, en Italie, est 96e et Varsovie 88e - alors que l’on respire mieux dans les villes du nord : Édimbourg (Ecosse) est 2e, Manchester 5e, Rotterdam (Pays Bas) 21e. « On peut distinguer trois blocs », commente l’expert Franck Laval, président de l’association Écologie sans frontières interrogé par l’AFP. « les pays de l’Est où la pollution est liée aux vieilles industries notamment charbonnières, le sud, dont la France, où elle est surtout d’origine automobile et les pays du Nord, mieux classés, où l’on roule moins au diesel et où les transports en communs sont très développés ».

    La ville roumaine de Cluj-Napoca première au palmarès? 

    Il faut toutefois nuancer ce classement qui ne reflète pas toujours la réalité sur le terrain, car il est aussi la conséquence du nombre de stations dont les villes sont équipées ou encore de leurs conditions géographiques et météorologiques. Une ville comme Berlin, qui compte 48 stations, dépasse forcément plus souvent les seuils réglementaires.  La ville roumaine de Cluj-Napoca, si l’on se fie aux dépassements, est la première au classement alors que ses « voisines » Bucarest et Timisoara pointent aux 60e et 66e places.   « Mais Cluj-Napoca ne possède que deux capteurs pour 320.000 habitants alors qu’il en faudrait trois ou quatre fois plus », relève l'association Respire.

    Les "tricheries" politiqudiesel tue.jpges

    Selon Respire, cette carte pose aussi la question de la performance de la mesure du réseau de stations européen et donc de la volonté politique de traiter ce problème, bien différente en fonction des pays. Les données collectées font également le jeu de « tricheries » de la part de certaines villes et d’Etats membres, ajoute l'ONG.

    La part « diesel » de l’ensemble du parc automobile français est d’environ 61%

    Concernant l'Hexagone, les résultats du classement ne surprendront personne. La France est actuellement dans le collimateur de la justice européenne pour non respect des valeurs limites de particules dans une quinzaine d’agglomérations. Et ce n'est pas parce qu'elles seraient dotées d'un nombre exceptionnellement élevé de capteurs, à l'image de Berlin. Mais la circulation automobile y très dense, et surtout, le parc automobile tricolore est majoritairement équipé en véhicules Diesel, gros émetteur de particules fines.

    pollution air bordeaux velo.jpgEt Bordeaux ?

    Ne cherchez pas à savoir où se situe Bordeaux dans ce classement. La capitale de l'Aquitaine, connaît aussi des dépassements de seuils de pollution de l'air, et si elle ne figure pas dans ce classement, c'est qu'elle ne fait pas partie des 100 plus grandes villes européennes, à la différence de Paris (84e) , Marseille (98e) et Toulouse (51e).

    La France sous la menace d'une amende

    Si elle était condamnée, la France encourrait une amende d’un montant de l’ordre de plusieurs dizaines de millions d’euros par an, jusqu’à ce que les normes de qualité de l’air concernant les particules fines, soient respectées. Un autre contentieux avec l'Europe s'annonce pour les dioxydes d’azote. La pollution atmosphérique a été classée cancérigène certain fin 2013 par l’Organisation mondiale de la Santé. D’après l’Institut de veille sanitaire (InVS), la réduction de la pollution de l’air dans neuf villes françaises permettrait d’économiser 5 milliards d’euros par an et d’allonger l’espérance de vie.

    D'où la conclusion de Respire à cette enquête: "l’Europe n’a pas fait de la qualité de l’air et de la santé des citoyens un de ses objectifs premiers, il est pourtant urgent d'agir!"

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • L'intégralité de l'enquête de Respire sur la qualité de l'air dans les 100 plus grande villes d'Europe est à consulter ICI

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma Planète sur la pollution de l'air : cliquer ICI
  • OGM : l'Europe laisse-t-elle la liberté de choix aux Etats membres, ou leur impose-t-elle un marché de dupes ?

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    Pour José Bové, le règlement européen est en réalité une victoire en trompe l'oeil pour les écologistes. Photo DR 

    Les gouvernements européens ont donné leur accord politique, ce jeudi, à un compromis laissant le choix aux Etats membres d'autoriser ou d'interdire la culture des OGM sur leur territoire. Le texte doit maintenant obtenir le soutien du Parlement européen. Apparemment favorable aux anti-OGM, la subsidiarité pourrait en réalité servir la cause des multinationales qui fabriquent les semences transgéniques. Explications.

    mais transgénique opposants.jpgNeuf pays opposés aux OGM, dont la France, cinq favorables

    Sept OGM sont en attente d'une autorisation de culture dans l'UE, dont le maïs MON810 de Monsanto et le maïs TC1507 du groupe Pioneer. Tous ont obtenu le feu vert de l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA), mais le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a préféré les retenir pour éviter l'affrontement avec les gouvernements qui n'en veulent pas. Aujourd'hui, dans l'Union européenne, le Portugal, l'Espagne, la République Tchèque, la Roumanie et la Slovaquie ont dit oui aux OGM et produisent le maïs MON 810. La France, l'Italie, l'Allemagne, le Luxembourg,  l'Autriche, la Hongrie, la Bulgarie,  la Grèce et la Pologne n'en veulent pas et ont pris des clauses de sauvegarde pour des motifs environnementaux et sanitaires, des procédures juridiques très fragiles. Le compromis approuvé jeudi à Luxembourg par les ministres de l'Environnement de 26 des 28 Etats membres lèverait le blocage actuel et donnerait la possibilité juridique aux différents Etats d'autoriser ou d'interdire la culture sur "tout ou partie de leur territoire".

    ségolène royal.jpgLa liberté de choisir ?

    Pour les uns, c'est un bon texte. Ainsi, Tonio Borg, le commissaire européen à la santé, chargé du dossier, souligne que si le nouveau Parlement l'avalise, "cela fera sauter un verrou qui paralyse le processus d'autorisation des OGM depuis 4 ans". "Le nouveau système garantit aux Etats la possibilité de choix, s'ils souhaitent cultiver ou non", a expliqué la ministre française de l'Environnement Ségolène Royal, qui s'est félicitée avec le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, de cette nouvelle réglementation sur les OGM, comme la ministre néerlandaise Wilma Mansveld, qui vante un nouveau système qui  "permet du sur mesure".

    Un marché de dupes ?

    Pour les autres, c'est une très mauvaise nouvelle. Certes, chacun pourrait interdire chez soi la culture des OGM et l'autorisation d'une culture transgénique resterait décidée au niveau européen, comme c'est le cas aujourd'hui. Mais, plutôt que garantir aux Etats membres la possibilité d'interdire sur leur sols les OGM, l'Europe laisse en réalité le champ libre aux producteurs de semences OGM chez ceux qui sont disposés à les cultiver, en proposant une nouvelle législation très attendue par les multinationales américaines. Ce qui met la puce à l'oreille des écologistes et n'augure rien de bon pour la planète.

    bové.jpgJosé Bové vent debout

    Pour l'eurodéputé écologiste français, cet accord qui cherche à lever les blocages sur les OGM au niveau de l'Union européenne, est une vraie fausse bonne solution.  José Bové craint au contraire  "une accélération de l'introduction d'OGM en Europe". D'abord, parce que "le temps d'expertise sera raccourci quand les industriels voudront imposer un OGM en Europe".  Ensuite, parce que, "une fois l'expertise faite et l'OGM accepté, les industriels rencontrent les gouvernements de chaque pays, ce qui n'était jamais arrivé jusqu'à présent (...) Si le gouvernement dit oui, très bien, il y aura des OGM et personne n'en discute au Parlement. S'il dit non, le gouvernement doit ensuite envoyer un courrier à Bruxelles", poursuit-il.  José Bové souligne encore que ce sont les pays qui refusent les OGM qui vont se retrouver confrontés individuellement à des procès devant l'Organisation mondiale du Commerce, et non plus l'Europe  : "donc on ne tiendra plus collectivement contre les OGM".

    corinne lepage.jpgUn "cadeau empoisonné" selon les ONG

    Le compromis auquel sont parvenus les Etats européens, laissant à chaque pays le choix d'autoriser ou pas la culture d'OGM, est "un cadeau empoisonné", a réagi jeudi l'ONG Les Amis de la Terre qui rejoint la position du député écolo. "La nouvelle loi censée en théorie donner aux Etats membres le droit d'interdire les OGM", écrit l'ONG dans un communiqué, est en fait "ouvrira les champs européens aux plantes génétiquement modifiées". L'ancienne député européenne française Corine Lepage a pour sa part dénoncé "un accord au rabais" qui "ne comporte aucune base juridique solide pour réellement interdire les OGM et confère un pouvoir exorbitant aux compagnies dans le processus de décision".

    Les citoyens européens ne sont pas entendus

    "Depuis plus de 15 ans, les citoyens européens refusent les OGM et ont réussi à pousser leurs gouvernements à agir dans ce sens", pointe Christian Berdot, des Amis de la terre France. Mais poursuit-il, avec cette loi, "si un Etat maintient son interdiction malgré le refus d'une entreprise de biotechnologie, sa situation juridique sera très fragile".

    "Le Parlement européen peut encore voter contre le texte", veut croire José Bové, qui rappelle que les députés européens ont rejeté en janvier dernier contre la demande d'autorisation du maïs transgénique Pioneer TC1507. Oui mais ça, c'était avant les élections européennes de mai dernier.

    Cathy Lafon

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  • Brésil : des moustiques OGM contre la dengue

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    Le moustique Aedes aegypti, vecteur de la maladie de la dengue. DR

    Top départ ce jeudi 12 juin pour la 20ème Coupe du monde de football,accueillie par le Brésil. Au pays du football roi, le ciel est loin d'être serein. Outre le mécontentement social et les manifestations incessantes contre les dépenses somptuaires consenties par l'Etat pour l'organisation du Mondial, le vrombissement des moustiques inquiète les Brésiliens.

    La pandémie de la dengue

    Victime d'une grave épidémie de dengue, maladie véhiculée par le moustique Aedes aegypti - le cousin du  fameux "moustique tigre" (Aedes albopictus) qui a une fâcheuse tendance à envahir nos contrées occidentales - le Brésil a décidé d'autoriser la dissémination d’un moustique transgénique stérile, capable, selon les scientifiques, de lutter contre le fléau de la maladie et d'éviter par la même occasion qu'il ne se propage en Europe. De nombreux touristes amateurs de football risquent en effet rapporter de leur voyage au Brésil un cadeau souvenir indésirable : un moustique vecteur de la dengue.


    Aedes Aegypti, le moustique en action par Gentside

    Pour contrer la dengue, une seule solution: éliminer le moustique qui la propage

    La dengue, une maladie qui peut s'avérer mortelle, infecte plus de 50 millions de personnes chaque année dans le monde et le Brésil est concerné au premier chef, avec plus de 1,4 million de cas confirmés et 545 morts l'an dernier contre 120.000 cas en 2008, selon les chiffres de l'Organisation panaméricaine de la santé. En plein Mondial de football, une telle pandémie inquiète naturellement les autorités, car aucun traitement spécifique n'existe pour lutter contre la dengue qui n'a pas non plus de vaccin. Le seul moyen de s’en protéger est d'éliminer celui qui propage la maladie, son vecteur, le moustique Aedes aegypti. D'où les préventions environnementales, telles l'élimination des eaux stagnantes et la pulvérisation de pesticides insecticides, comme la France en expérimente désormais pour contrer l'invasion du moustique-tigre.  Avec les risques pour la santé humaine qu'ils peuvent présenter et les phénomènes de résistance que développent les moustiques. Que faire alors ?

    ogm,démoustication,lutte,maladie,virus,dengue,chikungunyaUn moustique OGM  contre la dengue, comment ça marche ?

    Dans la famille des moustiques, celui qui pique, c'est, devinez qui, la femelle. Pour la bonne cause : elle prend ainsi ses repas protéinés de sang qui lui permettent d’assurer le développement de ses oeufs avant chaque ponte, qui a lieu tous les trois à quatre jours.  C'est donc elle qui transmet les maladies. Aussi, pour limiter le risque de transmission du virus, l’entreprise britannique Oxitec a-t-elle eu l'idée d'agir sur le génome de moustiques mâles afin de modifier leur métabolisme. Les mâles OGM ont ainsi reçu un gène les rendant dépendant à un antibiotique, la tétracycline. Le nom de code de cette lignée de moustiques génétiquement modifiées est OX513A.En l'absence de cette substance, les moustiques sont incapables de survivre. Si on relâche ces insectes dans la nature pour qu'ils s'accouplent avec des femelles, ils donneront naissance à des larves qui n'atteindront pas l'âge adulte et ne pourront donc jamais piquer l'homme. On pourra ainsi réduire les populations des moustiques.

    Pas d'étude indépendante

    Si Oxitec était en attente, début mai, d'un feu vert pour commercialiser son moustique anti-dengue, des essais ont déjà eu lieu en Malaisie, dans les îles Caïman et dans plusieurs villes du Brésil depuis 2011, notamment à Juazeiro dans l’État de Bahia (nord-est du pays). 17 millions de moustiques mâles y ont été relâchés en deux ans, selon un reportage vidéo de "France 24".  Le ministère de la Santé brésilien, comme les sociétés Oxitec et Moscamed, qui produit le moustique OGM sont unanimes: les lâchers de moustiques mâles génétiquement modifiés réduisent drastiquement – de 79% à 90% – la population de moustiques sauvages au bout de six mois. Le hic, c'est qu'aucune étude indépendante n'a été effectuée, comme le rappelle l’association Inf’OGM.

    night pearl.jpgInnocuité pour l'homme ? Ou pas ?

    Lâcher dans la nature par millions les premiers êtres vivants OGM, ne peut que suscite la vive inquiétude et l'opposition des ONG écolos. Inf'OGM rappelle que d’autres animaux génétiquement modifiés ont déjà été autorisés commercialement, mais en milieu confiné : des poissons transgéniques fluo, nommés Glofish et Night Pearl (photo ci-contre) destinés à un usage décoratif en aquarium. Les insectes sont la base de la chaîne alimentaire du monde vivant. Quelles conséquences alors sur la biodiversité et à terme, la santé humaine ? Aucune, répond Oxitec. Comme ce sont les mâles transgéniques qui sont lâchés dans la nature et qu'ils ne piquent pas, la société argue que les moustiques OGM n'ont pas de contact direct avec les êtres humains. L'innocuité pour l'homme des moustiques transgéniques? C'est un point sur lequel les écologistes ne sont pas du tout d'accord. "Il n'existe aucun test de toxicité public qui prouve qu'être piqué ou avaler un moustique génétiquement modifié est sans danger pour les humains, les animaux domestiques ou sauvages", relève l'ONG anglaise GeneWatch. Pour les écolos, un autre risque serait qu'une éventuelle extinction de l'espèce d'Aedes aegypti favorise la prolifération du moustique-tigre (Aedes Albopictus) également responsable de la propagation du chikungunya. Le remède serait pire que le mal.

    ogm,démoustication,lutte,maladie,virus,dengue,chikungunyaLa Commission brésilienne en charge des OGM a autorisé le 10 avril dernier la dissémination des moustiques OGM dans l’environnement. Toutefois, Ma Planète n'a pu vérifier si l’Agence nationale de surveillance sanitaire  du Brésil qui devait encore donner début mai son accord définitif, a finalement donné le feu vert à leur commercialisation.

    Seule certitude à ce  jour : Franck Ribéry, le joueur phare des Bleus, ne risque pas d'être piqué par les moustiques brésiliens. Le  joueur français a finalement dû déclarer forfait.

    Cathy Lafon

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